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Critique de Andromeda06


« La tristesse des éléphants » avait été un énorme coup de coeur et il en sera de même pour « Mille petits riens », roman intense qui traite du racisme aux États-Unis.

Sous forme de roman choral, Jodi Picoult prête sa voix à trois protagonistes que l'on suivra tour à tour au fil des chapitres. L'action se déroule courant 2014, à New Haven dans le Connecticut, et tourne autour du décès d'un nouveau-né. C'est avec Ruth, infirmière et sage-femme depuis vingt ans, que l'histoire démarre, au moment où sa supérieure lui interdit de s'occuper d'un bébé né la nuit précédente, parce qu'elle est... noire. Les parents sont en effet des suprémacistes blancs et ne tolèrent pas qu'une "négresse" puisse toucher leur fils. C'est là qu'entre en jeu Turk, le père du nouveau-né et deuxième voix du roman, jeune homme qui "casse du négro et du pédé" sans scrupule aucun. Kennedy, quant à elle, avocate de la défense publique, sera la troisième voix, elle fera son apparition au moment où elle sera commise d'office dans l'affaire qui concerne Ruth, accusée du meurtre d'un bébé...

Narration à la première personne, nous sommes propulsés dans la tête de trois personnalités différentes et vivont leur quotidien tel qu'elles le vivent elles-mêmes. Ainsi, l'on peut se rendre compte de comment un seul et même évènement peut être vécu et/ou perçu de manière différente selon notre niveau social, nos modes de vie, notre éducation, ... notre couleur de peau. J'ai aimé la manière dont l'autrice aborde les sujets de différents points de vue, on sent là un véritable travail de documentation. D'un chapitre à un autre, on suit le déroulé de l'histoire d'un regard à chaque fois différent, selon celui d'une personne de couleur, d'un skinhead, d'une personne "lambda", ou encore de la justice.

Quels que soient les thèmes évoqués, ils sont toujours minutieusement traités. Ils peuvent paraître nombreux mais se rejoignent tous autour d'un seul : le racisme, abordé selon différentes perspectives. Ainsi, il est question de discrimination et préjugés raciaux, de suprémacisme blanc et de haine raciale, de relations interraciales, mais aussi du système judiciaire et de justice sociale, de maternité, de deuil et de famille. Jodi Picoult a fait un travail de recherche remarquable, tout y est subtilement décortiqué : le contexte, les points de vue de chacun, leurs ressentis, le déroulement des événements. Les personnages, qu'on ne peut évidemment pas tous aimer, sont tous parfaitement fouillés.

Deux nuits, c'est le temps qu'il m'a fallu pour engloutir ces presque 700 pages intenses, prenantes, saisissantes, captivantes. Tantôt horrifiée ou mal à l'aise, tantôt pleine de compassion, tout m'a touché d'une manière ou d'une autre.
La plume est superbe, toute en sensibilité et délicatesse.
C'est un roman puissant, profond, marquant, sombre et lumineux tout à la fois.

C'est le genre de lecture qui ouvre les yeux et fait réfléchir. le racisme existera sans aucun doute toujours (et pas uniquement aux États-Unis), qu'il soit actif ou passif, d'où l'importance de ce genre d'ouvrages, aussi fictifs soient-ils (et pourtant bien ancrés dans notre réalité).

Même si j'aurais préféré un happy end un peu moins happy, pour le rendre un peu plus crédible, ce fut une lecture fabuleuse.
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