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Critique de Fortuna


Consuelo Ramos, dite Connie, est une Américaine d'origine mexicaine vivant à New York dans les années 70. Rien n'est simple pour une femme, latino de plus, issue d'un milieu défavorisé, et malgré son ambition d'aller à l'université, elle quitte vite les études, enceinte, victime de la violence masculine, se réfugiant dans l'alcool et la drogue. Elle élève difficilement sa fille Angelina, perd le seul homme qu'elle a aimé, Charlie, un pickpocket noir, qui a accepté de servir de cobaye médical pour sortir de prison. Seule elle retourne sa violence contre sa fille dont la garde lui est enlevée et est internée une première fois. A sa sortie de l'hôpital, elle prend la défense de sa nièce malmenée par son mac, et se trouve accusée de violences volontaires contre le couple. Elle est à nouveau hospitalisée de force en psychiatrie et diagnostiquée schizophrène. le parcours de la jeune femme laisse à penser qu'elle est plus victime de ses conditions de vie, marquées par la pauvreté, le sexisme, le racisme dans une société profondément inégalitaire, que par de réelles pathologies.

Nous allons suivre Connie durant son séjour dans ce qui s'apparente plus à un camp de redressement où les patients sont assommés de drogues – légales celles-ci – et d'électrochocs dans le but de les réinsérer dans une société où ils n'ont pas leur place…Les corps sont en souffrance autant que les esprits, et l'enfermement, le manque d'hygiène, d'activités, la mauvaise nourriture, le peu de visites, ne font qu'accentuer cette existence presque animale. Mais Connie est entrée en contact avec Luciente, un individu du futur vivant en 2137, dans une société apaisée. Il s'agit d'une communauté plutôt agricole, attentive au respect de l'environnement. Les différences entre sexes, entre races, entres classes sociales sont abolies. Tout individu tient plusieurs rôles, chacun a son espace à lui mais tous vivent ensemble. Les enfants ne sont plus conçus naturellement mais en couveuses puis confiés à des mères durant quelques années, mères qui sont hommes ou femmes. Connie se ressource dans ce monde de demain et retrouve l'espoir de s'enfuir loin de l'enfer qu'est sa vie.

Elle a été choisie pour tester un nouveau traitement qui consiste à implanter des électrodes à l'intérieur du cerveau. Profondément révoltée par cette atteinte à son intégrité, elle va alors tout tenter pour y échapper et trouver un réel soutient auprès de ses nouveaux amis, Luciente, Lièvre, Abeille…Elle se sent revivre et acceptée dans cet avenir qui permet à chacun de s'épanouir sans étiquettes et où même le langage a évolué pour s'adapter à une réalité plus souple. Que cette société non pas idéale mais habitée par une dynamique de dialogue et de perfectionnement soit issue d'hallucinations dues aux psychotropes ou non, n'a que peu d'importance dans la mesure où elle répond à un questionnement réel : sommes-nous condamnés à subir éternellement un monde aussi injuste qui détruit les plus faibles et la nature inexorablement ? Un autre monde est-il possible ?
Une lecture intéressante bien qu'on puisse lui reprocher quelques longueurs et quelques invraisemblances. Les problématiques très ancrées dans les années 70 restent totalement actuelles, la description des méthodes utilisées en psychiatrie effroyable et on comprend parfaitement que tout ça ne peut que très mal finir…Mais que chacun a la force de résister car il porte en lui un poème.
Merci à Babelio et aux éditions Goater pour la découverte de ce livre qui était resté inédit en français.
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