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Marie Koullen (Traducteur)
EAN : 9791097465810
520 pages
Goater (15/04/2022)
3.62/5   8 notes
Résumé :
Dans Une femme au bord du temps, Consuelo Ramos, faussement accusée d'avoir abusé de sa fille et internée dans un établissement psychiatrique, rentre en contact avec (ou hallucine l'existence) d'un émissaire d'une future utopie appelée Mattapoisett, qui a surgi au lendemain d'une « révolution féministe complète », une vision d'une Amérique dans laquelle les femmes et les hommes sont véritablement égaux et entiers.

Ce livre de 1976, inédit en français,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Consuelo Ramos, dite Connie, est une Américaine d'origine mexicaine vivant à New York dans les années 70. Rien n'est simple pour une femme, latino de plus, issue d'un milieu défavorisé, et malgré son ambition d'aller à l'université, elle quitte vite les études, enceinte, victime de la violence masculine, se réfugiant dans l'alcool et la drogue. Elle élève difficilement sa fille Angelina, perd le seul homme qu'elle a aimé, Charlie, un pickpocket noir, qui a accepté de servir de cobaye médical pour sortir de prison. Seule elle retourne sa violence contre sa fille dont la garde lui est enlevée et est internée une première fois. A sa sortie de l'hôpital, elle prend la défense de sa nièce malmenée par son mac, et se trouve accusée de violences volontaires contre le couple. Elle est à nouveau hospitalisée de force en psychiatrie et diagnostiquée schizophrène. le parcours de la jeune femme laisse à penser qu'elle est plus victime de ses conditions de vie, marquées par la pauvreté, le sexisme, le racisme dans une société profondément inégalitaire, que par de réelles pathologies.

Nous allons suivre Connie durant son séjour dans ce qui s'apparente plus à un camp de redressement où les patients sont assommés de drogues – légales celles-ci – et d'électrochocs dans le but de les réinsérer dans une société où ils n'ont pas leur place…Les corps sont en souffrance autant que les esprits, et l'enfermement, le manque d'hygiène, d'activités, la mauvaise nourriture, le peu de visites, ne font qu'accentuer cette existence presque animale. Mais Connie est entrée en contact avec Luciente, un individu du futur vivant en 2137, dans une société apaisée. Il s'agit d'une communauté plutôt agricole, attentive au respect de l'environnement. Les différences entre sexes, entre races, entres classes sociales sont abolies. Tout individu tient plusieurs rôles, chacun a son espace à lui mais tous vivent ensemble. Les enfants ne sont plus conçus naturellement mais en couveuses puis confiés à des mères durant quelques années, mères qui sont hommes ou femmes. Connie se ressource dans ce monde de demain et retrouve l'espoir de s'enfuir loin de l'enfer qu'est sa vie.

Elle a été choisie pour tester un nouveau traitement qui consiste à implanter des électrodes à l'intérieur du cerveau. Profondément révoltée par cette atteinte à son intégrité, elle va alors tout tenter pour y échapper et trouver un réel soutient auprès de ses nouveaux amis, Luciente, Lièvre, Abeille…Elle se sent revivre et acceptée dans cet avenir qui permet à chacun de s'épanouir sans étiquettes et où même le langage a évolué pour s'adapter à une réalité plus souple. Que cette société non pas idéale mais habitée par une dynamique de dialogue et de perfectionnement soit issue d'hallucinations dues aux psychotropes ou non, n'a que peu d'importance dans la mesure où elle répond à un questionnement réel : sommes-nous condamnés à subir éternellement un monde aussi injuste qui détruit les plus faibles et la nature inexorablement ? Un autre monde est-il possible ?
Une lecture intéressante bien qu'on puisse lui reprocher quelques longueurs et quelques invraisemblances. Les problématiques très ancrées dans les années 70 restent totalement actuelles, la description des méthodes utilisées en psychiatrie effroyable et on comprend parfaitement que tout ça ne peut que très mal finir…Mais que chacun a la force de résister car il porte en lui un poème.
Merci à Babelio et aux éditions Goater pour la découverte de ce livre qui était resté inédit en français.
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Années 70, Connie, une Mexico Américaine, connaît bien l'hôpital psychiatrique, elle y a déjà séjourné quelques temps par le passé.. le fardeau de la vie qu'elle portait sur ses épaules était bien trop lourd.. elle préféra donc se réfugier dans la drogue, l'alcool, les substances jusqu'à commettre l'irréparable et perdre la garde de sa fille.. elle avait compris ses erreurs et les payaient chaque jour qui passaient, alors retourner a l'hôpital était hors de question !
Mais, après une rixe avec le proxénète de sa soeur, sous la pression du patriarcat et un faux témoignage de celle-ci, la voilà de retour entre ces murs.. dirigée par le rythme des médicaments, des blouses blanches, des médecins .. il faut qu'elle s'échappe !!

Heureusement que Luciente est là et l'aide à tenir en ces lieux. Rencontré peu avant son internement, iel est un voyageur du futur.. il vient d'un monde où la pollution, le patriarcat, le machisme, l'homophobie, le racisme, le sexisme, le consumérisme, et j'en passe, ont totalement disparu. Une société utopique, mais quelque peu communiste et sectaire à mon goût, où chaque individu jouit d'une grande liberté individuelle.

Malgré un lourd traitement imposé à Connie, la connexion entre eux ne se rompt pas. Un voyage intra temporel commence. Un voyage où les temporalités sont poussées à leur paroxysme. D'un côté 1970 : l'hôpital psychiatrique et tous ses clichés, la violence, le patriarcat, les stéréotypes, le sexisme…. de l'autre, 2137 : les pouponnières, la liberté, les vaporeuses, le langage non genré, un anarchisme ordonné, adoucît, utopiste.
Ce roman vous raconte ce voyage .. le voyage d'une femme au bord du temps.

Je tiens à préciser que Marge Piercy, poétesse, est née en 1936. Cet ouvrage est paru pour la 1ere fois en 1976. Et pourtant, cette réédition est parfaitement dans l'air du temps! Même si les hôpitaux psychiatriques ont bien évolués depuis (et heureusement!), les thèmes abordés sont fortement d'actualité: sexisme, classes sociales, expériences médicales, identité, non binarité, psychologie.. ils sont tous traités.

Je vous invite donc à partir en voyage avec Connie à la croisée des temps, un voyage que j'ai beaucoup apprécié et qui, Poursu, ne vous laissera pas indifférent!!

Et puis.. qui sait ?, peut être que tous ça n'est que dans sa tête .. 🤷🤷 Zo!
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Je remercie Babélio et les éditions Goater pour avoir reçu cet ouvrage dans le cadre de la Masse Critique et m'excuse de publier cette critique avec du retard.
Mais difficile de chroniquer un roman aussi dense et particulier que celui-ci. Dès la note au lecteur, l'ouvrage nous plonge dans un univers totalement inconnu et différent du nôtre, jusque dans son langage.
Deux mondes s'opposent donc : Les États-Unis des années 70 où vit Connie et le village de Mattapoisett, communauté utopique en 2137, où évoluent Luciente et ses amis.
Connie, femme marginalisée, latino, considérée comme folle croit avoir des visions. Elle voit puis entend un individu, Luciente, qui, grâce à des capacités psychiques, peut transporter Connie dans son monde. Elle y découvre des villes utopiques organisées en petites communautés autonomes, proches de la nature, loin des moeurs des USA de l'époque.
Elle s'étonne de tout, tombe des nues lorsqu'elle découvre l'égalité entre les hommes et les femmes, la tolérance, la liberté sexuelle, où l'être n'a nul besoin d'être genré. Mais cette communauté idyllique est en danger et Connie est en mesure de les aider...

Ce roman de plus de 500 pages est atypique. Si le propos semble intéressant, il est noyé dans une multitude d'anecdotes qui désorientent. On ne ressent pas véritablement l'enjeu du roman. On saute d'un monde à l'autre de façon exagérément abrupte.
Il me semble que l'auteure cherche à dénoncer sexisme, maltraitance, patriarcat, pauvreté via le personnage de Connie, que vient contrebalancer l'idée de cette utopie inventée par Marge Piercy. En ce sens, il me rappelle le roman Herland, de Charlotte Perkins Gilman, qui lui aussi, confronte les hommes et les femmes de façon intense.

Je ne saurais dire si ce roman m'a plu. Il me tombe des mains chaque soir et comporte beaucoup de longueurs. Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages dont j'avais l'impression de suivre l'évolution de loin.
Pourtant, les thématiques font écho à notre actualité.

Un avis plutôt mitigé donc. Un bel exemple d'utopie, cependant, qui n'a rien à envier à Ursula K. le Guin.
Un roman laborieux, mais nécessaire.
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Ce livre m'a vraiment fait quelque chose. En termes d'imaginaires à explorer.

J'ai aimé douter et me demander ce qui pouvait être vrai et ce qui ne pouvait pas.

J'ai cru et voulu que le personnage principal s'en sorte. A sa manière et pour ses propres buts.


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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
«Ils ont eu tort de prendre ma fille !» Elle vit Mlle Fergusson froncer les sourcils. «Imaginez... votre fille. Je lui ai fait du mal une fois. C'était horrible de faire ça, je le sais. Mais de là à me punir jusqu'à la fin de ma vie !»
L'assistante sociale l'observait avec ce regard que les humains réservent aux cafards. La plupart des gens frappaient leurs enfants. Mais si vous touchiez des allocations et que vous étiez en liberté surveillée et que la totalité de l'établissement social qui vous mettait dans une case avait le droit de faire régulièrement incursion dans votre cuisine et de regarder dans vos placards et sous votre lit, de compter les punaises et vos chaussures, vous aviez intérêt à ne pas battre votre enfant une seule fois. Ils avaient officiellement appelé Angelina "l'enfant maltraitée et négligée". Elle avait été méchante avec Angie, elle avait passé ces mois après qu'on lui avait annoncé la mort de Claud à avaler des sédatifs, à boire du mauvais vin rouge. Elle s'était injecté du speed deux ou trois fois. Elle avait cru que rien ne pourrait plus lui faire mal - jusqu'à ce qu'elle perde Angélina. Peut-être qu'on avait toujours plus à perdre jusqu'à ce que, comme à Claud, on nous prenne aussi la vie.
«La connaissance est décédée... il s'agit de... du pick-pocket noir handicapé dont vous étiez l'assistante.»
Son visage se ferma un instant. Ils vous piégeaient pour que vous disiez quelque chose, puis ils sortaient leurs interprétations qui détruisait votre vie. Pour transformer votre vie en un schéma maladif.
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"Des aiguilles dans le cerveau..." Cela sonnait comme un fantasme fou - comme les fours à micro-ondes qui brûlaient la magie de Sybil. Glenda affirmait que les électrochocs étaient une fraise de dentiste. Peut-être qu'ils avaient injecté quelque chose dans la tête d'Alice, une nouvelle drogue administrée directement dans le cerveau ? Ça aussi c'était fou. Ces nouvelles drogues qu'ils essayaient transformaient vos reins en pierre ou faisaient gonfler et noircir votre langue dans votre bouche ou faisaient apparaître des croûtes sur votre peau ou faisaient tomber vos cheveux par poignées, comme de la bourre de vieux canapé. Peut-être qu'une drogue injectée en plein dans le cerveau pouvait vous transformer en zombie aussi rapidement que trop de chocs électriques.
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Pourtant, au lieu de se regarder avec plaisir et penser "comme l’univers est plus riche, car tout le monde n’est pas comme moi", chacyn juge l’autre.. Comme c’est idiot.
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A Conversation with Marge Piercy on Art & Politics Join Shelter & Solidarity and independent socialist magazine Monthly Review for a live conversation with path-breaking radical thinker, activist, and best-selling, world-famous author Marge Piercy.
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