Maya me tire sous les draps. Elle me renifle et dit :
"J'aime ton odeur de piscine. Viens, mon tout propre, que je te refile mon odeur de nuit. Tu sens comme je sens la nuit?"
Et nous faisons l'amour.
En fuyant la pluie, on rencontre la grêle.
Maya est accoucheuse de nuit. On dit aussi sage-femme.
Moi, qu'elle soit femme me suffit.
C'était vraiment bien. J'étais avec Maya et tout coulait de source. Notre histoire d'amour était comme une évidence, faite d'une succession de moments que je goûtais intensément, sans me poser de questions.
L'angoisse monte avec le niveau de l'eau. Certains parlent d'une punition divine et taguent les poissons sur les murs de la ville. D'autres disent que Dieu est un enfant frustré qui casse son jouet. Ceux qui n'ont pas la foi disent que l'homme est l'animal le plus bête et le plus destructeur de la création. Les plus sages se taisent.
Tous les matins quand Maya ne travaille pas, je me lève très tôt. Je la laisse dormir, je me glisse hors du lit et je vais à la piscine. Une heure de longueurs, puis je reviens avec les croissants. Parfois les croissants attendent, Maya me tire sous les draps. Elle me renifle et dit : "J'aime ton odeur de piscine. Viens mon tout propre, que je te refile mon odeur de nuit. Tu sens comme je sens la nuit ?" Et nous faisons l'amour.
Aujourd'hui, tout se passe comme d'habitude. La seule chose qui cloche, c'est ce sentiment d'inquiétude qui persiste. Pourtant elle est rentrée, elle n'a pas dérapé sur une flaque, un fêtard ne l'a pas percutée de plein fouet. Non, elle est là dans notre lit, elle dort déjà, tranquille.
- Remue-toi, fais quelque chose ! Tu passes ton temps à contempler le ciel et tu t'étonnes de déprimer ?
- Je ne déprime pas. Ca commence à faire long, c'est tout.
- Ca s'arrêtera bien un jour. Toutes les pluies ont une fin.