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Critique de kevinn


Il s'agit d'un livre intéressant, difficile à lire dans une première lecture, mais qui ne laisse pas indifférent.
Je suis très surpris de lire les critiques précédentes, car visiblement les parents sont passés complètement à côté du propos.
Ce livre aborde évidemment la question des migrants/des sans-papiers, une simple visite sur le site de l'école des loisirs le confirme (en-dessous du livre il est précisé #sanspapiers).
Voici pour moi l'essentiel du propos :
Dès la première page, Alfred est plongé malgré lui dans une situation où il est chassé de son pays, on pense évidemment aux conflits ethniques et peut-être plus précisément aux crises syrienne ou rohingya en Birmanie : Alfred est chassé parce que différent (chrétien ? sunnite ? kurde ? musulman ? etc). Il n'a le temps que de prendre une chaise, un des derniers objets qui lui reste, encombrant au demeurant.

Il se trouve ensuite confronté lors de sa migration aux différentes attitudes des autres pays : "c'est trop petit ici", on peut penser aux balkans ou à la Hongrie qui refusent l'accueil du moindre migrant, ou "nous on voudrait bien mais Maman ne serait pas d'accord": les associations d'accueil qui aimeraient aider, mais maman (l'Etat) ne serait pas d'accord (d'ailleurs pas d'explication, simple position de principe, l'autorité parle) ou enfin "tu es trop lourd, avec ta chaise ce n'est pas pratique" = nous ne pouvons pas t'accueillir, ton poids sur notre économie serait trop élevé (on pense à la Grèce).

Puis la maison de Sonia, en hauteur, allégorie du mur, de la frontière, de la protection, elle cherche à rester seule, d'ailleurs la première réaction de Sonia est la peur et le rejet. Puis lorsque la nuit passe (la situation s'installe dans la durée, jungle de calais, camps de réfugiés) Sonia prudemment s'approche et lui propose le strict minimum, un café. D'ailleurs dans l'illustration on voit bien qu'elle ne fait pas entrer Alfred chez lui, elle le garde à distance, on peut penser au Liban avec ses camps de réfugiés palestiniens et syriens où les réfugiés ne font pas vraiment partie de la société, ils restent des citoyens de seconde zone.

La fin reste ouverte, c'est à nous d'imaginer ce qu'il faudrait faire d'Alfred, c'est aux parents d'expliquer l'attitude de Sonia, l'accueil raisonné des migrants, le fait que leur rejet est une honte (pauvre Alfred, ça crève le coeur !) mais "qu'accueillir toute la misère du monde" à bras ouverts n'est pas non plus la solution.

L'attitude de Sonia est un bon point de départ, c'est à l'enfant d'imaginer ce qu'il doit se passer ensuite.

Ce livre pose les bonnes questions, pour autant qu'on veuille s'y intéresser convenablement.
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