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Critique de ladesiderienne


Avec ce livre sélectionné lors de la dernière opération Masse Critique, je découvre Philippe Pivion. N'ayant trouvé que peu de renseignements sur internet sur cet auteur, j'en déduis juste d'après les titres de ses quelques ouvrages, qu'il est spécialisé dans le roman historique.

Philippe Pivion entraîne son lecteur sur les traces d'un jeune soldat d'origine autrichienne prénommé Alf, appartenant au 16e RI de réserve bavarois. Nous sommes près d'Haubourdin, dans la banlieue de Lille, entre 1915 et 1918. La guerre fait rage, au milieu de la canonnade, sa mission consiste à transmettre à vélo les ordres du commandement aux chefs de bataillon en arrière du front. Il est "estafette" et accomplit son travail avec beaucoup de volonté. Blessé, il obtiendra même la Croix de fer. Son temps libre, il le passe seul, à peindre des tableaux en extérieur, à deux pas des combats. Il se confie peu à ceux qu'il côtoie. On découvre malgré tout petit à petit ses problèmes relationnels avec son père, son amour inconditionnel pour sa mère et ses échecs pour entrer à l'École des Beaux-Arts de Vienne, mais aussi sa haine de l'étranger et cette suspicion de schizophrénie détectée par un médecin militaire.

J'ai été sidérée par ce récit. Comment imaginer au début de cette lecture que cet homme peu sociable, mal à l'aise avec les femmes, servile avec ses supérieurs ait pu devenir le dictateur, harangueur de foule que l'on connait, car vous l'avez deviné, ce soldat n'est autre qu'Adolf Hitler. Ce roman est l'occasion pour Philippe Pivion de peindre le quotidien des civils pendant cette guerre. On découvre ainsi ceux qui collaborent ouvertement avec l'occupant par intérêt financier, ceux qui font avec et ceux qui luttent dans l'ombre. A travers le destin tragique des familles Sémaillé, Brisquepoil et Vanousten, la palette est complète. J'ai été plus sensible à cette partie de l'histoire. L'auteur utilise sa plume pour dépeindre la nature immuable au fil des saisons, puis soudain un détail dans cette terre gorgée de morts ramène le lecteur dans la cruauté du réalisme. L'immersion dans la tragédie ambiante est tout à fait réussie.
Je regrette juste que l'auteur n'est pas plus joué avec l'anonymat de ce soldat en effaçant notamment le sous-titre de la première de couverture "Comment Adolf est devenu Hitler" . C'était pourtant bien parti puisque son nom entier n'est que dévoilé à la toute dernière ligne du livre. Pourquoi alors n'avoir maintenu qu'un demi-suspense ?

Merci à Babelio et aux Editions Ramsay (attention tout de même aux nombreuses coquilles) de m'avoir permis de découvrir à travers ce titre auquel j'accorde un 14/20, un auteur, une période de l'Histoire et le passé d'un homme perturbé psychologiquement qui explique en partie ce qu'il est devenu.
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