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EAN : 9782812201219
378 pages
Ramsay (17/06/2019)
3.75/5   6 notes
Résumé :
Dans le nord de la France, durant la Première Guerre mondiale, « Alf » est un jeune Allemand d’origine autrichienne. Il est estafette dans la Deutsches Heer. Il est très conservateur, déteste les idées libérales et les Juifs. Sa principale ambition est bien servir ses supérieurs pour grimper dans la hiérarchie et recevoir des médailles. Il a eu une enfance compliquée. Il aime peindre. Il tente de se rapprocher des Vanousten, une famille française, car la fille, Gene... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Avec ce livre sélectionné lors de la dernière opération Masse Critique, je découvre Philippe Pivion. N'ayant trouvé que peu de renseignements sur internet sur cet auteur, j'en déduis juste d'après les titres de ses quelques ouvrages, qu'il est spécialisé dans le roman historique.

Philippe Pivion entraîne son lecteur sur les traces d'un jeune soldat d'origine autrichienne prénommé Alf, appartenant au 16e RI de réserve bavarois. Nous sommes près d'Haubourdin, dans la banlieue de Lille, entre 1915 et 1918. La guerre fait rage, au milieu de la canonnade, sa mission consiste à transmettre à vélo les ordres du commandement aux chefs de bataillon en arrière du front. Il est "estafette" et accomplit son travail avec beaucoup de volonté. Blessé, il obtiendra même la Croix de fer. Son temps libre, il le passe seul, à peindre des tableaux en extérieur, à deux pas des combats. Il se confie peu à ceux qu'il côtoie. On découvre malgré tout petit à petit ses problèmes relationnels avec son père, son amour inconditionnel pour sa mère et ses échecs pour entrer à l'École des Beaux-Arts de Vienne, mais aussi sa haine de l'étranger et cette suspicion de schizophrénie détectée par un médecin militaire.

J'ai été sidérée par ce récit. Comment imaginer au début de cette lecture que cet homme peu sociable, mal à l'aise avec les femmes, servile avec ses supérieurs ait pu devenir le dictateur, harangueur de foule que l'on connait, car vous l'avez deviné, ce soldat n'est autre qu'Adolf Hitler. Ce roman est l'occasion pour Philippe Pivion de peindre le quotidien des civils pendant cette guerre. On découvre ainsi ceux qui collaborent ouvertement avec l'occupant par intérêt financier, ceux qui font avec et ceux qui luttent dans l'ombre. A travers le destin tragique des familles Sémaillé, Brisquepoil et Vanousten, la palette est complète. J'ai été plus sensible à cette partie de l'histoire. L'auteur utilise sa plume pour dépeindre la nature immuable au fil des saisons, puis soudain un détail dans cette terre gorgée de morts ramène le lecteur dans la cruauté du réalisme. L'immersion dans la tragédie ambiante est tout à fait réussie.
Je regrette juste que l'auteur n'est pas plus joué avec l'anonymat de ce soldat en effaçant notamment le sous-titre de la première de couverture "Comment Adolf est devenu Hitler" . C'était pourtant bien parti puisque son nom entier n'est que dévoilé à la toute dernière ligne du livre. Pourquoi alors n'avoir maintenu qu'un demi-suspense ?

Merci à Babelio et aux Editions Ramsay (attention tout de même aux nombreuses coquilles) de m'avoir permis de découvrir à travers ce titre auquel j'accorde un 14/20, un auteur, une période de l'Histoire et le passé d'un homme perturbé psychologiquement qui explique en partie ce qu'il est devenu.
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Ayant lu (et apprécié) il y a quelques mois La Part de l'autre de Eric-Emmanuel Schmitt, j'avais appris le rôle d'estafette d'Hitler durant la guerre de 14-18. Quand j'ai vu le nouveau livre L'estafette de Philippe Pivion, j'ai eu immédiatement envie d'en savoir plus sur cette période, le AVANT, le COMMENT peut-être aussi, parce que ce personnage m'est tellement incompréhensible, oui littéralement au-delà de ma compréhension, de tout ce qui me semble possible, réel, existant. Comment une estafette est devenue chancelier, est devenue dictateur ?

L'histoire se déroule durant les 3 dernières années de la Première Guerre Mondiale. Nous suivons Alf, l'estafette, dans son quotidien, ses missions, ses missives, ses "oeuvres", car il a toujours un cahier et un crayon à la main, il veut devenir artiste peintre. Nous rencontrons également plusieurs familles du Nord de la France, qui survivent à cette occupation, à la proximité du front, la privation des biens les plus élémentaires : chaleur et nourriture, la présence de l'occupant, jusque dans les chambres de leur propre maison, la déportation soudaine des femmes au bon vouloir de la Kommandantur.
Ces personnages sont aussi développés que l'estafette et leurs histoires s'entremêlent à plusieurs reprises.

Petit plus qui m'a immergée encore mieux dans le récit, j'ai été surprise et touchée de retrouver les noms de nombreuses villes que je connais, notamment celle de ma naissance. Ces communes ont connu l'horreur et résisté jusqu'à aujourd'hui.

La vie sur le front durant les longues périodes d'attente et les courtes batailles est bien décrite. Mais mes parties préférées concernaient les civils, les gens du Nord.

Une lecture enrichissante à plusieurs niveaux pour laquelle je remercie Babelio et les éditions Ramsay. LE point négatif qui m'a vraiment ennuyée est la présence de coquilles, j'en conserve la liste à votre disposition.
Merci

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Après avoir été fortement déçue par La Part de l'autre d'Eric-Emmanuel Schmitt, je mettais beaucoup d'espoir dans ce roman historique, l'Estafette de Philippe Pivion. Ces deux ouvrages ont en effet comme point commun le passé d'Hitler, et plus précisément comment Adolf est devenu Hitler.

S'ouvrant en 1915 et se terminant en 1918, ce roman couvre la fin de la Première Guerre mondiale. Outre les pérégrinations d'Adolf Hitler, plusieurs autres personnages d'origine et de classe différentes sont mis en avant. J'ai particulièrement apprécié ces destins liés, même si ces récits de guerre restent assez durs à lire (j'ai d'ailleurs dû arrêter ma lecture après certains passages, le temps de digérer tout ça). le fait de passer de l'histoire de civils à celle de l'estafette Hitler permet de porter un regard global sur la guerre, mais aussi plus humain. Plutôt que de rester concentré sur Hitler, Philippe Pivion brasse plusieurs classes de la société, et nous en apprend plus sur la vie durant ces temps de guerre.

Je reste toutefois quelque peu sur ma faim concernant le passage d'Adolf à Hitler. le récit s'arrête en effet à un moment crucial, et j'aurais aimé connaître la suite, car même si les idées commencent à germer dans le cerveau d'Hitler, je pense que c'est vraiment à ce moment charnière que tout se met en place. du coup, le récit axé sur lui ne m'a pas toujours convaincue, trouvant les ficelles un peu grosses, notamment
Gros bémol pour les (trop) nombreuses coquilles (est-ce si difficile de différencier "tache" de "tâche" ?!).

L'Estafette est un roman historique que je conseille pour en apprendre plus sur la vie quotidienne des civils pendant la guerre et le personnage d'Adolf avant qu'il ne devienne Hitler. Un ouvrage très riche et bien documenté, avec des personnages tantôt touchants tantôt exécrables.
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Nous accompagnons une famille du nord de la France dans la tourmente de la première guerre mondiale , prise dans les filets de l'occupation et parallèlement nous suivons Alf qui se construit dans l'art de la guerre , la solitude et dans un patriotisme exacerbé passant pour un être quelque peu dérangé auprès de ses compagnons ... en conclusion un roman fort intéressant, bien écrit et documenté. Une belle découverte , merci aux Editions Ramsay
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
De quelle saison s'agissait-il ? Tout était détraqué, l'hiver commençait en automne et se substituait au printemps.
Ce n'était pas l'été, car autant les hivers paraissaient interminables, glacials, gorgés d'humidité à faire pourrir le grain, autant l'été, lui, n'était que chaleur torride et suffocante, favorisant l'explosion d'odeurs atroces, brûlant la peau, recroquevillant les tissus boueux, noircissant les faces hallucinées des hommes. Même les milliards de mouches devaient faire effort pour déployer leur trompe et sucer avec délice les viandes putréfiées qui boucanaient sous les assauts de rayons faisant se tordre l'air.
Ce devait être l'automne, l'automne 1915.
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Finalement, soulagé de ne plus voir ces horreurs abjectes, il quitta Berlin et grimpa dans le train qui le conduisit en cette fin septembre au saillant d'Ypres. Alf y vit un signe, revenir ainsi où tout avait commencé pour lui voici exactement quatre ans. 1914, l'apprentissage de la tuerie, les assauts terribles, les cadavres derrière lesquels on se protégeait, ceux sur lesquels on dormait à défaut d'autre lieu, ceux sur lesquels on appuyait du pied avec force afin de bondir à l'assaut. Ypres, objet de quatre longues années de combats au milieu de marais, d'éboulis, de bombardements incessants qui déterraient les milliers de morts, les transformaient en hachis, en viande pulvérisée qui tapissait les mottes de terre boueuse. Ypres un des lieux de prédilection de Satan.
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Il avait pu examiner la différence entre les deux armées. L'une fagotée d'un bleu horizon pour la veste et d'un pantalon garance, cela manquait sérieusement de discrétion, même d'allure. Les Allemands formidablement disciplinés étaient vêtus de gris verdâtre, plus discret. Tout le monde savait que le képi et le casque en cuir bouilli des Prussiens, le picklhaube, ne protégeaient pas la tête des militaires enfoncés dans les tranchées. Or c'était la seule partie du corps dépassant parfois des parapets.
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Quand il était six heures du matin, il était maintenant cinq heures. Tandis qu'à l'église, le bon Dieu affirmait qu'il était sept heures, bien que le clocher indiquât l'heure officielle, comme c'en était l'obligation, mais le curé changeait celle des messes pour rester calé sur la pratique ancienne, vérifiée grâce à un antique cadran solaire. Bref, plus personne n'y comprenait rien.
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Videos de Philippe Pivion (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Pivion

La chronique de Gérard Collard - Dès lors ce fut le feu
Il ya quelques temps, Gérard Collard vous avez proposé un roman historique passionnant, celui de Philippe Pivion "Le complot de l'Ordre Noir". Ce même auteur vient de publier récemment, toujours aux éditions du Cherche Midi un nouveau roman tout aussi génial "Dès lors ce fut le feu"... Regardez ce que notre libraire cathodique en pense... Regardez... La présentation du livre "Dès lors ce fut le feu" par l'éditeur : Espagne, 1936. Après un périple semé d'embûches, les Brigades internationales entrent dans Madrid à feu et à sang. En leur sein, des cagoulards infiltrés, dont Victor, sèment désorganisation et mort. Au front, Dolorès, communiste et ouvrière propulsée infirmière, en tombe amoureuse. Madrid qui, à la suite du coup d'Etat de Franco, a vu la plupart de ses ambassades abandonnées, est assiégé. Etienne Frottier y est nommé parle Quai d'Orsay. Là, il découvre une ambassade envahie par les "asilés", ces 700 franquistes qui y ont trouvé refuge. Tandis que les destins s'entrecroisent, les personnages, broyés par les événements, sont contraints d'agir contre leurs convictions. Dans Madrid bombardé, le consul du Chili, Pablo Neruda, est congédié pour ses poèmes engagés en faveur des républicains. le lecteur est happé dans l'engrenage. Comme les héros, il frémira aux récits terribles des combats de la Cité universitaire, du pont des Français ou de la Jamara. Dans cet univers de haine, de traîtrises et d'embuscades, amours et luttes se confondent. Ce roman, servi par un ...
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