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Critique de bdelhausse


Erin Pizzey nous raconte son expérience de terrain lorsqu'elle a mis en place (au début des années 70) une structure pour accueillir les femmes battues (et leurs enfants). Elle envisage plusieurs étapes et problèmes. D'abord elle montre les origines, la source de la création de la maison d'accueil. Ensuite, elle aligne les expériences, tant du point de vue des femmes battues que des bénévoles (assez peu). Ensuite elle aborde la question des enfants. Puis on passe sur le bilan des services sociaux (minables), puis sur les mécanismes légaux, le constat est consternant. Ne parlons pas des lois ou des juges.

Par exemple une femme battue qui part par mesure de survie va perdre quasi automatiquement le droit à garder ses enfants... Enfin, elle conclut par la dissémination vers d'autres pays, les contacts, les liens et les sponsors (foireux pour pas mal d'entre eux). Beaucoup de services sociaux fonctionnent sur l'idée qu'une femme battue "l'a bien cherché" ou "qu'elle y trouve quand même son compte" (surtout si elle reste). Le système légal (financier, bancaire, etc.) est très dur pour les violences ou les actes illégaux, SAUF quand ils se produisent entre mari et femme.

Erin Pizzey montre le besoin criant pour une structure d'accueil souple, flexible et humaine. Elle montre aussi que tout concourt à transformer ce genre de structure en une sorte de dinosaure, de mammouth rigide. Elle pointe les difficultés de financement, surtout quand on a la volonté de rester pur(e).

J'ai vérifié, 45 ans plus tard, Women's Aid est toujours là. Doit-on s'en réjouir ou pleurer? Les féminicides sont nombreux, en France, en Belgique ou au Royaume-Uni. Partout. Erin Pizzey mérite notre respect, notre reconnaissance, notre admiration. Elle a réussi là où de nombreux psychiatres, politiciens, médecins, policiers ont baissé les bras depuis longtemps.

Le credo d'Erin Pizzey est que ces violences se retrouvent dans toutes les couches de la population. De la classe ouvrière à la (haute) bourgeoisie. Hélas, les exemples qu'elle donne relèvent des classes les moins aisées. L'explication est assez simple. Les milieux aisés cachent et camouflent mieux et davantage les violences conjugales.

Ce récit, factuel le plus souvent, est sincère et émouvant. Peu de pathos chez Erin Pizey, mais les faits parlent d'eux-mêmes et m'ont bouleversé très souvent. Révolté, révulsé, aussi. Et tout cela m'a ramené à ma pauvre condition de citoyen lambda qui ne fait (presque) rien. Se bouger pour les autres. Une belle leçon de vie donnée en toute simplicité par Erin Pizzey. Au-delà de la dénonciation d'une situation qui perdure, elle lance un cri d'amour.
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