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Critique de Cosaque


Je me suis plongé dans la lecture de ce premier tome des pièces de Plaute principalement par curiosité. Je voulais d'abord connaître l'une des principales sources d'inspiration, dit-on, de Molière. Ensuite la récente lecture de « La vie quotidienne à Rome à l'apogée de l'empire » de Jérôme Carcopino m'a donné l'envie de mieux saisir la mentalité d'un peuple qui a profondément imprimé sa marque sur toute notre Europe. Eh bien, je n'ai pas été déçu, cela a été un véritable voyage dans le temps, étonnant et assez exotique. Plaute est le premier des auteurs comiques romains, et il se situe dans le contexte politique de la république bien avant la naissance de l'empire, c'est donc un vieux romain.

Ce qu'il y a de plus frappant (c'est le cas d'le dire) c'est la brutalité des rapports entre les individus : pour un oui pour un non on cogne à coup de poings, de bâtons, de verges, ou de fouets. Ceux qui la plupart du temps font les frais de ces raclées sont les esclaves. La servitude et le mode relation qu'elle implique sont des éléments constants qui courent dans l'ensemble des onze pièces de ce recueil. L'esclave est un personnage incontournable : que ce soit comme moteur de l'action comme dans : «  Les prisonniers » ou «  La comédie de la corbeille » ou bien comme simple adjuvant. Il y a fort à parier que notre Jean-Baptiste Poquelin (Molière) s'est fortement inspiré de l'esclave de Plaute pour créer ses valets, laquais et autres femmes de chambres, qui certes sont assujettis à une autorité mais ont malgré tout des marges de manoeuvres suffisantes pour se jouer de leur maître. Plusieurs fois on retrouve une situation où une importante somme d'argent est confiée à l'esclave favori, celui-ci la détourne, non pas à son profit (j'ai comme dans l'idée que si cela avait été le cas, ça n'aurait pas fait rire nos antiques amis romains), mais pour aider le fils de famille : toujours le fils, jamais la fille. Les rôles féminins sont d'ailleurs cantonnés aux matrones acariâtres, aux ingénues silencieuses et aux courtisanes avides. Si parfois il arrive que les répliques des femmes contiennent des éléments revendicatifs, ces répliques servent surtout à amplifier le burlesque. Qu'une femme accède à une autre condition ou fonction que matrimoniale apparaissait comme quelque chose de totalement absurde, c'était un bon gag. Pour ce qui est de la condition féminine l'argument de «  La comédie de la corbeille » est assez éclairant. Ainsi un soir de beuverie un jeune homme viole une jeune femme qui s'attardait dans les rues : le fait est présenté comme une péripétie qui arrive régulièrement à l'occasion de soirée bien arrosée, rien de plus. Bien sûr la chose n'a pas été sans conséquence, puisque la pauvre fille met au monde un bébé qu'elle devra abandonner dans un dépotoir.

D'une manière générale je n'ai pas été séduit par l'oeuvre de Plaute, il y a toutefois deux comédies que je trouve intéressantes : Amphitryon et Les Prisonniers. La première a une espèce de grâce on pourrait presque dire d'élégance et ce n'est pas pour rien que Molière et Giraudoux en ont fait une adaptation. La seconde m'a surpris, car c'est une sorte de plaidoyer pacifiste qui passe par le respect de la parole donnée : parole des individus comme celle des états. L'esclavage n'y est pas traité cette fois sur le mode comique, mais comme une conséquence néfaste de la guerre. Cette pièce tranche par son ton, Plaute ne cherche pas à mettre en avant le côté risible des situations et des personnages.

Est-ce que les pièces de Plaute peuvent s'adresser à des spectateurs contemporains ? Les deux dernières pièces que j'ai évoquées sont sans doute susceptibles de faire l'objet d'une transposition ou d'une adaptation. Pour ce qui est des autres, les mettre en scène reviendrait à faire un travail de reconstitution historique. En conclusion, l'essentiel de l'oeuvre de Plaute ne vaut que pour son aspect documentaire, il n'a guère de résonance pour nous contrairement à Aristophane qui conserve une vitalité. Je lirai tout de même le second tome du recueil de Plaute ... mais après une bonne pause.




PS: J'ajouterai les résumés de chacune des pièces dans la fenêtre résumé.
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