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Critique de bgbg


bgbg
06 septembre 2013
La blessure et la soif, par Laurence Plazenet. Ce livre est un monument, une somme, étrange, qui oscille entre une histoire d'amour, un roman historique, un long poème mystique.
Ce roman est historique en ce qu'il se situe au XVIIe siècle, au début du règne de Louis XIV, quand Mazarin et Anne d'Autriche (mère du roi et régente) font face à la Fronde, menée par des notables et des nobles. C'est des alliances et des renversements d'alliance. C'est la guerre et ses désolations, morts et blessés, pillages, spectre de la famine, chaos. La deuxième partie du roman se passe en Chine où la dynastie des Ming ploie sous les coups de boutoir des Mandchous conquérants, donnant lieu à des atrocités tout orientales, exécutions aveugles, villages brûlés, famines effroyables, villes et populations rayées de la carte (150 millions de mort, lit-on ailleurs). de ce point de vue historique, cet ouvrage est parfaitement documenté et fort intéressant.
L'histoire d'amour lie Madame de Clermont, épouse d'un noble qui s'oppose puis se rallie au pouvoir royal, et Monsieur de la Tour, neveu de Monsieur de Clermont, partisan de la Fronde, acteur et spectateur désabusé de la guerre et de ses horreurs. L'amour entre ces amants est aussi ardent, fulgurant que sans issue et, humilié par le spectacle involontaire d'une scène d'amour (on pourrait parler d'un viol) entre les époux légitimes, Monsieur de la Tour décide de partir au bout du monde. Il se retrouve au centre d'un lac, dans une habitation de fortune où demeure Lu Wei, lui aussi amoureux contrarié par le suicide de son épouse adorée et dont il se sent responsable. Les deux hommes s'enfoncent volontairement dans une sorte de néant absolu, ils se complaisent dans une expérience du vide, du détachement, de l'annulation de soi, du silence. Ils se pétrifient et restent immobiles treize mois jusqu'à devenir des spectres vivants. Cette ascèse et cette sorte d'extase sublimée par la douleur qu'élèvent la perte et l'absence de l'aimée, rapproche l'un de la foi chrétienne, l'autre du Vide, expérience mystique taoïste. Ils vivront ainsi reclus douze ans. Après la mort de Lu Wei, Monsieur de la Tour rentre en France et se retire dans l'abbaye janséniste de Port Royal, menacée par le pouvoir royal. Il y vit isolé, dans le dénuement le plus complet, et, s'il accepte de rencontrer Madame de Clermont sans la voir, il refuse de lui donner son coeur, accaparé par la religion.
Le lecteur, lui, est transporté par le style de l'ouvrage, recherche permanente d'effet littéraire, poésie fastueuse, colorée, flamboyante. On est souvent dans une quête philosophique de sens et de symboles, ou de vérités et de sentences. On est parfois dans la prière, dans l'incantation, dans les Écritures. Mais trop de panache, trop d'ostentation dans l'écriture tuent l'attrait qu'elle suscite et font perdre en saveur. Dans leur déroulement tout en virtuosité, les mots se montrent parfois vains, les comparaisons creuses, et les phrases vides de sens. L'écoeurement guette.
Accro toutefois à ce beau livre, on attend le passage suivant…
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