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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Alabama, 1917
Wanted ! les trois frères Jewett.
A leurs trousses, toute la cambrousse ou presque
une flopée de gugusses et de donzelles gratinés du terroir et du tiroir :
banquiers véreux, paysans défraîchis, sodomites, proxénètes, filles de joie, bigotes, chasseurs de primes racistes, culs-terreux, prêtres défroqués, chasseurs de rats...
Donald Ray Pollock, fidèle à son Ohio bancal
livre ce coup-ci une sorte de Western déjanté
à travers des personnages déglingués et désaccordés
que Tarantino ou Peckinpah n'auraient pas reniés.
Comme d'habitude, l'auteur ne fait pas dans la demi-mesure.
Certaines scènes scabreuses peuvent en rebuter certains
mais ce serait dommage de s'arrêter en si mauvais chemin...
Une petite pause entre chaque chapitre pour s'aérer les méninges noircies et c'est reparti pour une ballade infernale
en compagnie d' autochtones azimutés comme Jasper le préposé aux sanitaires et Sugar le black gigolo coiffé d'un fier galurin.
Une lecture palpitante qui en vaut la peine mais point renversante
comme le Diable tout le temps.
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Si les livres étaient genrés, celui-ci serait définitivement masculin, et je l'imagine volontiers revêtu d'un dos vert, comme dans la collection de mon enfance, mais avec la mise en garde "pour lecteurs avertis".
On se retrouve donc dans le Midwest de 1917, alors que les trois frères Jewett s'apprêtent à devenir des hors-la-loi pour échapper à la misère extrême dans laquelle ils ont toujours vécu. Commence pour eux une vie d'aventures, à l'instar de Bloody Bill Bucket, cow-boy et héros du roman à quatre sous qui leur sert de boussole -même si leurs aventures confinent souvent au burlesque.
Car outre ces trois pieds-nickelés, Donald Ray Pollock introduit une galerie de personnages pour le moins singuliers : un adolescent alcoolique, un inspecteur des cabinets doté d'un chibre énorme, un militaire féru de littérature grecque, un vagabond gigolo qui doit son surnom à ... (à vous de lire pour le savoir, la décence m'interdit de l'expliquer), des prostituées affreusement effrontées, et partout des ploucs crédules ou escrocs, et des méchants bien sadiques. Heureusement, l'auteur a suffisamment de tendresse pour la plupart de ces perdants, afin de nous les rendre sympathiques et attachants, même s'ils ont pratiquement tous l'esprit rongé par le sexe, l'alcool, ou Dieu. Et surtout, Pollock ne manque pas d'humour, même si cet humour est souvent salace. (et je comprends mieux pourquoi un certain Babeliote particulièrement lubrique s'est bien amusé à me recommander chaudement cette lecture)
Mais que l'on ne s'y trompe pas : ce roman est d'abord une belle réussite littéraire. Il s'agit d'un western hargneux et bien maîtrisé, qui dépeint de façon poignante la misère terrible des paysans américains, laissés-pour-compte du progrès qui bouleverse leur pays à coups d'automobiles, d'aéroplanes, et de téléphones. le style est plaisant, ça se lit facilement, et l'auteur sait entretenir ses multiples intrigues pour nous tenir en haleine. de quoi passer un bon moment de lecture, à la fois loufoque et grave, et au dépaysement totalement garanti. Par les temps qui courent, ça se prend !
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Dans l'Amérique profonde se préparant à entrer en guerre en 1917, trois frères deviennent hors-la-loi délaissant une vie de galère d'ouvriers agricoles après la mort du père un brin illuminé.

Leur cavale de braqueurs de banque va les entraîner sur les chemins du Vieux Sud, se frottant à une population de petits blancs, d'opportunistes, de militaires, de souteneurs, de prostituées, de miséreux de tous poils. Et avec le lyrisme de Pollock, l'aventure prend des airs de sauvagerie, sentant la merde, la crasse, la sueur, le sexe, l'alcool et le crottin. Ses personnages sont soit bêtes comme chou, soit sauvages, soit méchants, au mieux justes naïfs et ploucs ! Tous cherchent désespérément le bonheur et la réussite…

Je ne sais si j'ai aimé ou pas. C'est une drôle de sensation de reconnaître un sacré talent à un auteur original, au style lyrique et percutant, et, néanmoins, ressentir un vague ennui à suivre l'accablante sarabande de ces hommes et femmes sur le fil du rasoir.
Je me suis accrochée au contexte en filigrane, cette mise en scène d'un pays en marche vers le progrès, qui laisse derrière lui une population agricole de benêts analphabètes, d'ignorants tout juste capable de survivre.

On retrouve le Pollock du premier livre Le Diable, tout le temps, à l'humour noir et grinçant, aux situations burlesques, cocasses et outrancières, au ton délibérément violent. Il semble affectionner les personnages estropiés, les laissés-pour-compte d'un pays qui ne regarde jamais en arrière.

Un auteur qui se démarque par son style et son univers. Ne pas s'attendre à une promenade littéraire dans le monde des Bisounours.
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Entre thriller, western et road movie très noir, voici un livre qui mérite le détour. À travers les trois frères Jewett qui ayant vécu dans une misère noire, vont se transformer en frères Dalton à la mort de leur père, afin de vivre la grande vie, et se retrouvent pourchassés dans toute l'Amérique, Donald Ray Pollock nous présente toute une série de personnages hauts en couleurs, du lieutenant qui rêve de d'engager dans la guerre contre l'Allemagne et se retrouve victime d'un sadique au brave couple de paysans dont le fils les abandonne pour partir à la dérive, en passant par le contrôleur de fosses sceptiques à la quéquette surdimensionée et les filles de la grange à putes. Et, en dépit de la violence et du cynisme quelque peu naïf de ces antihéros la morale y trouvera son compte, ce qui est peut-être le plus drôle de l'histoire. C'est noir, c'est glauque et quelquefois sordide, mais c'est remarquablement construit et on ne s'ennuie pas une minute. On rit jaune, mais on rit de cette parodie à l'humour au second degré d'une vision très américaine et o combien décapante de l'être humain.
Un grand merci à Babelio et aux éditions Albin Michel pour ce très bon moment de lecture, réalisé dans le cadre de la Masse Critique.

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Des trois frères Jewett , seul Cane, l'ainé , sait lire mais ses frangins, Cob et Chimney connaissent par coeur le livre des aventures de Bloody Bill Rocket tellement Cane leur a lu l'histoire .

Alors quand leur père meurt pendant qu'il trimait avec ses fils à défricher pour quelque poules le terrain du riche propriétaire de ce coin de l'Alabama en 1917, les garçons ne se posent pas longtemps la question entre continuer une vie misérable faite de petits boulots toujours mal payés ou suivre la voie de leur héros , un bandit au grand coeur et qui se sort de toutes les pires situations, tel Zorro , et d'aller dévaliser les banques après avoir volé des chevaux chez le patron.

A eux la belle vie, l'argent, la nourriture et l'alcool et aussi les femmes ...
Bien sûr , cela ne se passe pas tout à fait comme dans les romans et leurs têtes sont bientôt mises à prix  avec une belle prime à la clé  , les Jewett fuient et se réfugient dans l'Ohio en espérant rejoindre le Canada  .

Mais le nouveau roman de Donald Ray Pollock ne se résume pas à une banale histoire de pauvres gars devenus des gangsters , il est beaucoup plus touffu avec une narration pluri chorale dont les personnages se rajoutent peu à peu jusqu'à ce que l'histoire ,bien entendu, les fasse se croiser : très habile construction car chaque histoire est au départ indépendante et suffisamment marquante avec des personnages hauts en couleur dans cette Amérique profonde qui va s'engager dans la première guerre mondiale .

Belle galerie de portraits où les plus humbles et les coeurs (presque) purs trouvent une certaine résilience .

Un nouveau roman moins terrible que le diable tout le temps dont j'avais trouvé la lecture difficilement soutenable .
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GloOoups ! Overdose de rednecks ! Jésus Marie Joseph, si vous saviez comme je suis contente d'avoir refermé ce livre ! Et pourtant, lorsque je l'ai vu à la bibliothèque, j'ai sauté dessus : j'ai tellement aimé Le diable, tout le temps que j'avais hâte de renouveler l'expérience… Hélas, ce fut un flop. I repeat, it was a flop. Je ne lis jamais de critiques avant de me faire ma propre idée mais je suis prête à parier un pack de Pabst Blue Ribbon que je vais être à contre-courant de l'avis général concernant cette mort qui n'en vaut pas la peine mais tant pis, c'est comme ça, j'assume.
Pour moi, c'est comme si Donald Ray Pollock était devenu boulimique, il a voulu trop en mettre, trop en faire - et moi, ce type de grosse mélasse maronnasse, c'est pas mon truc (c'est peut-être son premier prénom qui ne lui réussit pas, allez savoir, ça pourrait se comprendre remarquez). Il y a du ‘too much' un peu partout dans ces pages : personnages trop caricaturaux, trop de détours vers les histoires secondaires des personnages du même nom (dont on se fiche, enfin moi oui), trop de misérabilisme, trop de ‘pittoresque' à la mords-moi-le-noeud, trop d'invraisemblance et trop de claques qui se perdent aussi (ouais, Jewett père, des claques ! Ellsworth Fiddler, pareil, des claques ! et j'en passe…) Bref, c'est pas possible d'être aussi caricatural, franchement c'était au-dessus de mes forces. du coup, après avoir tenté avec application de rentrer dans cette foutue histoire pendant 190 pages, je suis passé en mode super diagonale du fou afin d'en finir une bonne fois pour toutes. Ouf ça va, je respire mieux !
Je suis vraiment déçue, c'est dommage. Au début j'ai pensé un peu au sillage de l'oubli de Bruce Machart (que j'ai beaucoup aimé) où on voit aussi un père et ses fils trimer comme des bêtes en grattant une terre stérile pour trois cacahuètes et demi mais la comparaison s'arrête là. Autant l'un était noir, sobre et percutant, autant le second ressemble à une symphonie baroque en bouse mineure. Mais soyons clair, ce ne sont pas les bouseux, loqueteux, loosers ou tordus en tout genre qui me dérangent, non, au contraire, par contre j'aime trouver davantage de nuances, davantage de subtilité et j'aime aussi quand c'est moins foisonnant et quand il y a moins de monde (ça c'est vrai dans la vraie vie aussi d'ailleurs, comme quoi on ne se refait pas...). Je trouve qu'à vouloir en faire trop, on passe à côté de l'essentiel. Je trouve le noir meilleur quand il est profond. J’espère que monsieur Pollock suivra le conseil avisé de ma grand-mère et qu'il tournera sa plume sept fois dans son encre avant d'écrire la prochaine fois pour accoucher au final d’un roman plus concentré...
Ce n'est que mon humble avis, inutile de sortir vos Colt, Remington et autres Smith & Wesson, je ne suis pas prête à me battre pour ça non plus ;)
Lien : http://tracesdelire.blogspot..
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Voilà, j'ai (enfin !) découvert Donald Ray Pollock. Pas avec « le diable, tout le temps », mais avec son opus suivant, « une mort qui en vaut la peine ». Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ça décoiffe !

L'histoire se déroule en 1917. Entre Géorgie et Alabama, trois frangins travaillent comme des damnés avec leur paternel en tant qu'ouvriers agricoles. Quand le père décède subitement, Cane, Cob et Chimney deviennent braqueurs de banque, afin d'essayer de fuir leur vie d'extrême misère. Mais nos trois frères braqueurs, vont vite, par un concours de circonstances, accéder au statut d'ennemis publics numéro un, et se retrouver avec du monde à leurs trousses...

Quel récit délirant, peuplé de personnages hauts en couleurs, porté par une écriture débridée et incisive (et souvent plutôt crue) ! le côté plutôt jubilatoire dans cette histoire m'a un peu fait penser à « O'brother », le film des frères Coen. Il y a un étonnant, et paradoxal, mélange de noirceur et de fantaisie. C'est totalement atypique... et c'est ce qui fait la puissance de ce roman !
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Grand respect pour Donald Ray Pollock : après avoir lu le diable tout le temps, j'avais hâte de voir si l'auteur saurait se renouveler et Une mort qui en vaut la peine le confirme. Une sorte de western sociologique mettant en scène une faune bigarrée constituée de paysans tirant le diable par la queue, des alcoolos à la cervelle bousillée, des hors-la-loi désespérés, des quêteux, des putes, des soldats et des habitants d'une communauté préoccupés par les rejets de leurs latrines. Une lecture jouissive, soutenue par une écriture crue et drôle, une traduction à la hauteur, et une inventivité à toute épreuve. Un portrait caustique du monde rural en Ohio au début du XXe siècle avec son lot de misère et d'ignorance. À ma grande surprise, j'ai ri aux éclats à de nombreuses reprises même si, sur le fond, les scènes décrites dans ce roman sont assez pitoyables et consternantes pour la race humaine.
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Avant de commencer ma critique, je dois avouer que cela faisait très longtemps que j'attendais le nouveau livre de Donald Ray Pollock. Quasiment trois ans , depuis que ce dernier m'avait révélé, sur un salon, écrire un nouveau roman qui se passerait à l'époque de la Première Guerre mondiale dans le sud des Etats-unis. Et malgré une attente, qui m'a semblé parfois insoutenable, je n'ai pas été déçu par Une mort qui en vaut la peine !

1917, quelque part entre la Géorgie et l'Alabama. Les trois frères Jewett rêvent d'enfin vivre leur vie mais au lieu de ça, ils passent leur temps à écouter leur vieux cinglé de père dégoiser sur ses potes noirs du monde des esprits et sur le banquet céleste. Sans compter qu'ils triment aux champs, avec rien qu'un petit pain dans le ventre, pour le compte de ce salaud de Major Tardweller et cela chaque jour que le Bon Dieu fait ! Ils s'évadent de leur vie de misère grâce au seul livre qu'ils possèdent : La vie et les aventures de Bloody Bill Bucket, un roman de gare en lambeaux, qu'ils connaissent par coeur. Après la mort du vieux, leur vie bascule, et en moins de vingt quatre heures, le trio marche dans les pas de Bloody Bill et se transforme en meurtriers, voleurs de cheveux et braqueurs de banques.

La violence engendre la violence et l'escalade de celle-ci ne semble plus avoir de limites. Si bien que la presse ne se gêne pas pour inventer et contribuer ainsi à la légende du gang Jewett. Les trois frères se retrouvent accusés de trois fois plus de meurtres et deux fois plus de braquages qu'ils n'en ont commis. Sans compter les pures inventions ajoutées à la liste de leurs crimes : l'incendie d'un hospice, la défloration brutale de deux soeurs à l'aide d'un crucifix, la nécrophilie et un tas d'autres saloperies du même genre. La prime ne cesse d'augmenter, tout comme le nombre de chasseurs de primes à leur trousse...

Malgré leurs méfaits on se prend d'affection pour ces trois garçons qui n'aspirent qu'à une vie meilleure. Cane, l'aîné, sait lire et est un homme réfléchi, Cob, le cadet, n'est qu'un simplet qui ne ferait pas de mal à une mouche et enfin Chimney, le benjamin, est l'impulsif de la fratrie, le teigneux qui veut profiter de la vie sans réfléchir aux conséquences. Ici encore, le monde dépeint par Pollock est très sombre, les gens y sont d'une bêtise crasse, violents, vulgaires et avides. Mais tout n'est pas que violence et désolation, il apparaît certains passages dans le livre qui sonnent comme un rayon de lumière dans toute cette noirceur : la rencontre entre les frères Jewett et le couple de fermiers, Eula et Ellsworth, qui leur rappellent leurs parents et se prennent de tendresse pour eux ou encore l'amitié naissante entre Cob et Jasper. Un très bon roman noir, aux personnages multiples, mais dont toutes les pièces finissent par s'emboîter d'elle même à la fin du récit, ce qui donne un livre cohérent et bien mené.

J'ai reçu ce livre en tant que service de presse, je remercie donc chaleureusement les éditions Albin Michel et Babelio.
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J'ai lu et adoré le diable tout le temps et du coup j'ai emprunté ce 2eme titre de l'auteur avec un peu d'appréhension ayant peur d'être déçue ! Au final, même si je reproche quelques moments un peu "rosés" dans ce roman noir, j'ai beaucoup aimé ce western américain plein de pauvreté, de violence, de crasse et de crasseux ! J'aime la plume de Mr Pollock et je vous la recommande si vous ne la connaissez pas encore !
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