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Critique de Lamifranz


Rocambole, pour moi (et sans doute pour beaucoup de garçons et de filles de ma génération) c'est ce feuilleton mythique des années 60 avec Pierre Vernier dans le rôle-titre et Jean Topart (immense comédien lui aussi) dans le rôle de l'inquiétant Sir Williams. Aventures en noir et blanc, dans les sous-sols de Paris, en prise avec les terribles étrangleurs hindous (les Thugs) sans oublier la délicieuse et énigmatique Baccarat… Ah rendez-moi mes dix ans !
Ce n'est que bien plus tard que j'ai appris que ce feuilleton était tiré d'une oeuvre littéraire monumentale (une dizaine de volumes, eux-mêmes composés de livres divers) et signés Pierre Ponson du Terrail.
Voilà un écrivain qui mériterait qu'on s'intéresse un peu à lui. Pierre Ponson du Terrail (1829-1970) fut un immense écrivain… de roman feuilleton. Outre le cycle de Rocambole, déjà conséquent, il a à son actif plusieurs dizaines de romans (souvent policiers, historiques, de cape et d'épée, fantastiques…) Aussi généreux dans la vie que dans son écriture (comme un certain Alexandre Dumas, à un niveau plus élevé), il a souffert de la vindicte de confrères jaloux qui n'ont eu de cesse de le rabaisser en colportant sur lui les pires médisances. C'est à eux qu'on doit la réputation faite à Ponson de collectionner les « cuirs » : du genre « D'une main il leva son poignard, et de l'autre il lui dit… », « Quand il se releva, il était mort » ou « Sa main était aussi froide que celle d'un serpent ». Vu son énorme productivité, il est inévitable que de temps en temps il en laisse échapper quelques-uns. Mais ce reproche pouvait être fait à tous les auteurs de romans-feuilletons, obligés d'écrire dans l'urgence (Alexandre Dumas et Paul Féval n'y ont pas échappé, du reste). Ponson du Terrail était un romancier populaire, qui compensait par une intrigue complètement déjantée « rocambolesque » c'est le cas de le dire, une écriture un peu limitée. Mais les lecteurs de l'époque en raffolaient.
« L'héritage mystérieux » est la première des aventures de Rocambole. Lui-même n'y apparait que dans un petit rôle (il a une douzaine d'années), mais comme on dit, il promet déjà ! Par contre, on y fait connaissance des deux personnages qui vont dans un premier temps charpenter les histoires de Rocambole : Armand de Kergaz et Sir Williams.
En 1812, lors de la campagne de Russie, un noble breton, le comte de Kergaz est assassiné par Félipone, son aide de camp. Il laisse au pays une veuve et un fils, Armand. Quatre ans plus tard, la veuve a épousé sans le savoir le meurtrier de son mari et en a eu un autre fils Andrea. Parvenus adulte les deux demi-frères se vouent une haine mortelle. Armand, honnête et chevaleresque doit défendre l'héritage de son père contre Andréa, véritable génie du mal, qui cherche par tous les moyens de s'en emparer. Sous le nom de Sir Williams, ce dernier multiplie les méfaits, aidé par Baccarat, une aventurière et du jeune Rocambole dont il veut faire son élève… Ce n'est que bien plus tard, après bien des aventures (et bien des volumes), que Rocambole quittera le côté obscur pour le côté lumineux.
C'est du roman-feuilleton, d'accord, et pas du meilleur comme Dumas, Sue ou Féval, on est un ton en-dessous, mais si on n'est pas trop regardant sur le style et qu'on se laisse entraîner par un récit bien enlevé, plein de péripéties et de rebondissements, avec des personnages, stéréotypés certes, mais bien campés et attachants (pour les gentils) et bien antipathiques (pour les méchants), on passe un bon moment, et on a envie de connaître la suite (mais ça c'est le but recherché, dans le roman-feuilleton).
Pour mémoire : « Rocambole », feuilleton de Jean-Pierre Decourt (1964-1965) en trois épisodes : « L'héritage mystérieux », « Les Etrangleurs », « La Belle Jardinière » disponible sur le site de l'INA et en DVD.
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