Assez marché Estelle danse maintenant

Comment dire, je l'ai lu en 2 jours, ce livre te ressemble tellement, une vie semée d'embûches qui t'a rendu championne au saut d'obstacles, sans entamé ta soif et joie de vivre, une belle leçon de vie !!! 💋

La vie s'écoule comme elle peut au fin fond de la ville, sans bus et sans aucun commerce. Le studio est très reculé du centre et sans voiture tout est si loin. Dans cette petite résidence vivent des personnes assez discrètes et aucun enfant, personne pour jouer avec moi le week-end. Je m'ennuie terriblement le week-end... enfin pas longtemps, ma mère est enceinte. Une petite sœur va arriver et « il va falloir que je l'aide ».

Rares sont ceux qui se demandent ce qu’une gamine fait dans ces lieux enfumés qui sentent la bière et le désespoir. Certains me saluent poliment, d’autres m’ignorent. Qu’importe, Alain m’embarque dans toutes ses tournées des cafés. Parfois, je joue sur le trottoir pour passer le temps et parfois, il me donne de l’argent pour m’acheter des bonbons... histoire de passer le temps autrement.

La précarité ce n’est pas juste de ne pas avoir de vêtements à la mode, de la viande dans l’assiette ou partir au bord de la mer quand arrive les congés payés. Non la précarité,  c’est se sentir anormale, ne pas être entrée dans le moule de cette société dans laquelle je vis.

Quand le corps change, les rapports hommes-femmes ne sont plus jamais les mêmes, pour le moment je ne vois rien venir. Rien et surtout pas ce qui m'attend et qui, encore une fois, laissera une trace indélébile. Une trace inaltérable aussi bien dans ma vie personnelle, que dans mes relations avec les hommes... ainsi qu’avec ma mère.

L’air de rien, je mène tout ce petit monde par le bout du nez malgré mon jeune âge. Je suis la plus jeune et personne ne se méfie de la petite dernière. Olivier et moi sortons ensemble pendant deux ans... enfin tous les mercredis pendant deux ans. L’année prochaine, il ne sera plus là, il part en pension. J'ai cru comprendre que la vie était difficile chez lui aussi et je ne le reverrai pas. Je vis mon premier chagrin d'amour.

Quand j’aurai  mes premières règles, elle se contentera juste de me dire « maintenant terminé les copains ! » sans un mot de plus. Heureusement que les copines m'avaient tout expliqué en amont sur cette période menstruelle. Merci les filles, j'aurais été paniqué à la vue de ce sang dans ma culotte. C’est elles qui m’apprendront ce qu’est « d'avoir ses règles » et ce qui se passe dans le slip des garçons quand une fille lui plaît. Je grandis certes, mais je suis mal à l’aise avec ce corps qui change. Ces rondeurs naissantes m’incommodent. Elles provoquent des regards gênants, des regards que je ne comprends pas, des regards inappropriés pour mon jeune âge.
 
Pour la fin de l’année scolaire, je participe à la pièce de théâtre... enfin c’est plutôt un opéra rock. Un spectacle avec des musiques modernes sur un fond d’histoire d’amour.

Ce genre de mièvreries, c’est dans les livres pas dans la vraie vie ! J’aime lire... beaucoup. Lire me permet de m’échapper de cette vie. Ça me permet de rêver un peu ces histoires de princesses qui se marièrent et eurent beaucoup d’enfants.
J’aime écrire aussi. J’écris des lettres enflammées à Laurent, enfin enflammées pour mon âge. Toutes les pages du mercredi de mon cahier de texte en sont pleines. Je les écrits pour moi, personne ne les lira. Écrire est une activité silencieuse qui me permet de crier sans faire le moindre bruit... ou de pleurer sans renifler. J’aime écrire des belles histoires, mais écrire n’est pas un vrai métier : « Écrire ? Écrire quoi ? C’est pas un vrai métier ça ! Trouve-toi un vrai métier, un métier qui paye les factures, on verra la suite après ! ».

J’apprends à « être amoureuse » et à ressentir des papillons dans le ventre. J’apprends aussi à embrasser avec la langue. Bon ok ce n’est pas avec le même garçon, mais je m’en accommode parfaitement.
Tous ces sentiments naissants resteront secrets. Jamais cette vie sentimentale débutante et embrouillée ne sera partagée avec ma mère. L’amour n’a pas sa place chez nous. Les sentiments ? C’est pour les autres. Je suis une petite fille qui doit se montrer forte... pas une princesse avec des sentiments.

Au cours de cette première année dans ce monde de l’adolescence, j’ai mon premier amoureux : Olivier. Mon premier flirt, celui qui vous fait battre le cœur. J'échange mes premiers vrais baisers avec lui. Il me fait découvrir également mes premiers frissons corporels avec une main glissée sous mon tee-shirt.