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Critique de Diabolau


"La fabrique d'un tueur", ainsi Arnauld Pontier aurait-il peut-être pu appeler son roman, même si ce titre-là va très bien aussi : on ne comprendra pourquoi que dans les toutes dernières pages.
Dans une langue toute d'élégance comme à son habitude, et dont on savoure chaque phrase coupée au cordeau, l'auteur met en place, tel un horloger, le destin inexorable de ce jeune narrateur né d'une colère sourde et d'un manque absolu d'empathie façonné par la violence physique qu'il subit de son père, mais peut-être plus encore de la violence psychologique – et derrière l'élégance des mots, ne nous y trompons pas : celle-ci est inouïe – née de sa perversité et de celle de ses "amis" masculins, alors que les femmes de son entourage ne parviennent pas à le soustraire à cette éducation insidieusement dépravée, et finissent, par leur passivité ou par leur maladresse, par faire encore pire que mieux.
Il sera bien difficile de trouver plus brillant plaidoyer contre la violence domestique à l'égard des enfants.
Les références coloniales d'Indochine, puis d'Algérie, encore une fois d'une précision d'orfèvre (c'est une autre marque de fabrique de cet auteur, on ne va pas s'en plaindre) trahissent le passé d'Arnauld Pontier qui a vécu son enfance dans ces pays, a priori plutôt quelques années plus tard. Elles donnent à l'ensemble de ce récit un charme exotique et suranné, et parfois une impression de paradis perdu, même si par moments le nombre et la densité de ces précisions m'ont un peu perdu, ayant moi-même bien moins de référents et de représentations mentales que l'auteur sur ces sujets.
Arnauld Pontier est décidément trop peu connu. Chacun de ses romans est un petit bijou ciselé de littérature, et une nouvelle preuve de l'élasticité de son talent de touche-à-tout, et si je conçois que ses romans chez Actes Sud ne soient pas très "grand public", je suis sidéré qu'ils n'aient pas une meilleure audience dans le petit public d'amoureux des mots.
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