AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de deidamie


"Bonjour les Babélionautes! Aujourd'hui, on va parler de Honte, un récit autobiographique de Florence Porcel.

Or donc Florence Porcel dénonce les viols commis sur sa personne par une célébrité télévisuelle dont je tairai le nom, puisqu'elle-même ne l'écrit jamais. Sa première plainte est classée sans suite. Elle en lance une seconde, dont l'instruction est toujours en cours. Honte retrace son parcours judiciaire, intellectuel et psychologique.

-Je sens qu'on sortir de là plus déprimées que... que...

-Que quoi, Méchante?

-J'en sais rien, je trouve même pas de comparaison tellement on va descendre loin dans le pessimisme! Et pourquoi je suis là, d'ailleurs? D'habitude, c'est Michel Lerelou qui fait ces critiques! MIIIIIICHEEEEEEL, viens, y a du sexisme à dire!

-Aââllons, Méchante, un peu de courage! Tu parlais de déprime profonde?
Hé bien non.

Florence Porcel ne se roule point dans le pathos ni ne t'expose à des lamentations sans fin. Elle reste factuelle, analytique: qu'il s'agisse de ses humiliations scolaires, de ses difficultés médicales, elle ne récrimine pas et aligne causes, contexte et conséquences avec une précision mathématique.

Bien sûr, cela n'empêche pas l'émotion d'affleurer ici ou là, mais jamais de façon envahissante ni insurmontable, du moins pour ma sensibilité.

-Ouais, mais bon, des récits de viols et d'agression, tu en as lu quarante-six mille! Qu'est-ce que celui-là va t'apporter?

-La réflexion sur les faits d'après le prisme de la honte.

Tu peux mener une réflexion féministe sous plusieurs angles. Tu peux explorer des recherches en psychologie ou en psychiatrie, tu peux aller voir du côté de la sociologie, tu peux compiler des récits et chercher leurs points communs, tu peux chercher dans le ciné, la peinture, la littérature comment les violences sexuelles sont représentées: bref, le champ de connaissances et de recherches est vaste comme le monde.

Florence Porcel a choisi d'analyser son expérience en dissertant sur la honte. C'est quoi, la honte? Pourquoi et comment les femmes l'éprouvent, et quelles sont les conséquences?

La force de ce texte réside dans sa position: il ne représente pas qu'un témoignage, pas qu'une livraison des faits, il se range aussi dans la catégorie Essais. Honte démontre la toxicité des clichés, des préjugés sur le viol, stats à l'appui.

-Moi, j'ai une réserve, Déidamie.

-Ah oui? laquelle?

-Ce que dit Marie-Laure "On voulait vraiment que cette histoire se sache", mais tout le texte autour démontre que non! il y a quelque chose qui ne va pas!

-Ah oui, probable, en effet.

-Et puis, tu parles de savoir, de connaissances, mais je trouve que le bouquin te laisse avec plus de questions que de réponses! Pourquoi l'enquête ne semble pas contacter les premières victimes? Pourquoi les flics qui ont reçu les premières victimes ne sont pas interrogés et ne semblent pas avoir de comptes à rendre? Comment l'autrice parvient-elle à survivre matériellement?

-Je n'ai pas de réponses à ces questions, Méchante. Juste une conviction.
La violence existe parce qu'il y a des gens pour la commettre, d'autres pour la nier, d'autres pour la laisser faire.

Ces policiers, ces magistrats qui ont refusé d'écouter les victimes occupent la place d'alliés de la violence, par ignorance, incompétence ou complaisance.

Malgré l'amertume de ce constat, malgré les difficultés massives, l'autrice conclut avec un chapitre plein d'espoir. Et encore une fois, cela empêche le texte de sombrer dans une tristesse infinie.

Je vais conclure sur une note plus personnelle.

Mme Porcel, merci d'avoir écrit ce livre. Merci d'avoir médité, rédigé et fait imprimer. Vos réflexions m'ont permis de mieux me connaître et me comprendre."
Commenter  J’apprécie          93



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}