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EAN : 978B0BRTCLLC3
189 pages
J.-C. Lattès (11/01/2023)
4.35/5   31 notes
Résumé :
« Il existe des hontes qu’il est de bon ton d’avoir. J’ai appris à m’en débarrasser.
Il existe des hontes universelles qui nous confortent dans notre appartenance au genre humain.
Il existe des hontes que l’on traverse, et d’autres qui nous empêchent.
Il existe des hontes plus ou moins puissantes, des hontes furtives et des hontes qui s’ancrent.
Il existe des hontes si terribles. Des hontes qui foudroient.
Et il existe des hontes ... >Voir plus
Que lire après HonteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce tout récent témoignage de Florence Porcel, sorti le 11 janvier dernier, n'est sûrement pas d'une lecture particulièrement agréable pour les hommes (masculin pluriel), mais fait preuve d'une remarquable franchise et d'une lucidité admirable et je dois humblement admettre qu'il est, en plus, fort instructif pour les membres du soi-disant "sexe fort".

En effet, comme tout homme de mon âge, ayant passé les trois quarts de siècle, je ne suis pas sans reconnaître l'existence et la persistance de nombreuses inégalités dans nos sociétés au détriment des femmes et pourtant l'auteure a réussi à en mettre en évidence quelques-unes que j'ignorais royalement.

Par exemple tout ce que l'on attend d'une petite fille en comparaison du relativement peu que l'on attend d'un petit garçon du même âge, une différence que la jeune dame met en exergue au troisième chapitre de son ouvrage.
Ce désavantage de gamine et adolescente devient "une malédiction" dès lors que la fille sort du système scolaire et se pointe sur le marché du travail.

Lorsqu'on aborde les violences sexistes ou sexuelles envers les femmes et l'attitude de la société en général face à ces méfaits l'on se retrouve dans un autre univers, où les progrès humains sont à la fois trop récents (les effets bénéfiques notamment du mouvement #MeToo) et beaucoup trop faibles.

Un document officiel des ministères de l'Intérieur et de la Justice de novembre 2021 indique qu'une femme est violée toutes les huit minutes en France et il est aberrant de constater les difficultés que les victimes éprouvent pour se faire entendre par les autorités responsables pour justement obtenir justice.

Cette analyse pertinente des inégalités entre les sexes permet de mieux situer l'injustice dont Florence Porcel a été victime dans son recours en justice contre Patrick Poivre d'Arvor pour double viol en 2004 (lorsqu'elle avait à peine 21 ans) et 2009.

Vu la célébrité et la popularité de PPDA, je présume que tout le monde en France connaît cette triste histoire qui a fait si souvent la une des journaux et de la presse télévisée. Si l'auteure n'est pas la seule à avoir dénoncé la vedette du petit écran d'agissements inadmissibles et d'harcèlement sexuel en justice, elle en a bien été la toute première, le 15 février 2021.

L'auteure relate en détail, sans les nommer expressément bien sûr, l'incompréhension et la mauvaise volonté des enquêteurs et de la psychologue, mobilisée pour l'occasion, lors de l'enquête préliminaire de 2021. C'est tout bonnement hallucinant !

Il convient de signaler à ce propos également le témoignage saisissant d'Hélène Devynck "impunité" publié en septembre 2022 et qui va dans le même sens.

Une plainte que le parquet de Nanterre a décidée d'ailleurs, le 25 juin 2021, de classer sans suite pour "insuffisance de preuves". La plainte de PPDA contre Florence Porcel pour dénonciation calomnieuse a suivi, le même jour, le même chemin.

Ce n'est pas à moi, pauvre lecteur, de mettre en question la sagesse de la justice française, mais lorsqu'une douzaine de femmes arrivent avec des accusations quasi identiques contre la même personne sans résultat c'est que l'accusé a eu énormément de bol ou des avocats bigrement efficaces.

Actuellement, elles sont 18 à avoir subi la honte par ce que l'auteure appelle le même "prédateur" et à en avoir apporté les circonstances et les faits. Leurs noms figurent à la page 206 du livre.

Toujours est-il que l'auteure a réintroduit en novembre 2021 une plainte avec constitution de partie civile. J'espère pour elle que le verdict de la cour lui permettra enfin de tourner définitivement cette page de "honte".
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En 2021, Florence Porcel porte plainte contre le prédateur qui l'a violée deux fois. « En m'adressant à la justice, ma honte, mon incommensurable honte, deviendrait nationale. » (p. 12) Elle qui ne demande que réparation perd tout : sa carrière, ses revenus, sa vie privée. Dans ce texte, elle dénonce cette honte que la société inculque aux filles, dès le plus jeune âge, d'appartenir à ce sexe dit faible. « Ce qui n'est pas normal, c'est la honte que l'on ressent à cause de celle qui est projetée sur nous, par des individus, des idées reçues, des cultures ou des sociétés. » (p. 34) L'autrice explore les notions de dignité, d'honneur et déshonneur, d'humiliation et de culpabilité pour comprendre pourquoi, elle, victime de violences sexuelles, est celle qui a le rouge aux joues, au ventre et à l'âme. « Ma honte était la conséquence d'actions criminelles, commises par autrui. » (p. 20)

Les extraits de sa déposition et du rapport psychiatrique demandé par la justice sont glaçants de déshumanité, nourris de culture du viol et de slut-shaming. « La présomption de malhonnêteté envers les femmes est un principe qui ne faiblit pas, voire qui s'aggrave. » (p. 71) Florence Porcel n'en revient pas de l'inégalité de traitement entre elle et celui qu'elle a dénoncé, et qui a déposé plainte pour diffamation. « Je n'ai aucun problème à ce que le prédateur soit présumé innocent. Ce qui me pose problème, c'est que l'enquête ait été faite à ce point à charge contre moi. » (p. 118) Toujours, dans les affaires de viol, cette amère rengaine qui fait de la victime la coupable. L'autrice rappelle, avec clarté et arguments, qu'il n'existe pas de bonnes victimes : il n'existe que de vraies victimes, très souvent frappées de sidération – mécanisme de défense/survie indispensable et inconscient – et à qui il ne faut pas reprocher de dénoncer ou de ne pas parler (Paye ton injonction contradictoire !). « La honte pèse lourd dans la non-dénonciation des crimes sexuels. » (p. 183)

Dans son roman, Pandorini, Florence Porcel a déjà raconté son histoire. Avec cet essai, elle tente une nouvelle fois de surmonter la honte et appelle de ses voeux qu'on laisse les victimes tranquilles, qu'on ne les enjoigne plus à se justifier et à se comporter selon des stéréotypes cinématographiques très éloignés de la réalité du viol. « Mon dossier a été é sans suite en partie parce que deux personnes semblent persuadées qu'une victime de viol pleure forcément quand elle raconte. » (p. 109) Comme l'autrice le dit plusieurs fois, le véritable viol est silencieux, il ne fait pas de bruit. Une façon de se réhabiliter, de se libérer du poids injuste d'une faute qu'elle n'a pas commise, c'est l'écriture : utiliser des mots pour briser le silence, pour faire du bruit. « Ma honte s'est muée en porte-voix. Ce livre en est la preuve. » (p. 161) Les dernières pages sont bouleversantes : l'autrice salue ses compagnes d'infortune, ces autres victimes du même prédateur. Elle dit sa joie d'avoir trouvé des soeurs au coeur du malheur.

Chaque mot de son récit sonne juste et résonne dans le crâne comme un uppercut. Elle raconte la machine lente et douloureuse qu'est l'instruction judiciaire, les traumatismes qui subsistent des années après les viols. La dernière phrase, surtout, nous rappelle que le violeur n'est pas un monstre sauvage, dans un parking, un couteau à la main. le plus souvent, il est Monsieur Tout-le-Monde. Parfois, il a même micro ouvert en prime time. « le violeur en série ne se cachait pas : il était tous les soirs dans votre salon. » (p. 207)

Je serai toujours du côté des victimes. J'écoute et je crois leur parole. Les violences que j'ai subies font que je sais, je sais que c'est vrai. On n'invente pas ces choses-là. On n'a rien à y gagner. Pour autant, on ne se taira et on ne se terrera plus : ce n'est plus à nous d'avoir honte.

Évidemment, Honte prend place aux côtés de Pandorini dans ma bibliothèque féministe.
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"Bonjour les Babélionautes! Aujourd'hui, on va parler de Honte, un récit autobiographique de Florence Porcel.

Or donc Florence Porcel dénonce les viols commis sur sa personne par une célébrité télévisuelle dont je tairai le nom, puisqu'elle-même ne l'écrit jamais. Sa première plainte est classée sans suite. Elle en lance une seconde, dont l'instruction est toujours en cours. Honte retrace son parcours judiciaire, intellectuel et psychologique.

-Je sens qu'on sortir de là plus déprimées que... que...

-Que quoi, Méchante?

-J'en sais rien, je trouve même pas de comparaison tellement on va descendre loin dans le pessimisme! Et pourquoi je suis là, d'ailleurs? D'habitude, c'est Michel Lerelou qui fait ces critiques! MIIIIIICHEEEEEEL, viens, y a du sexisme à dire!

-Aââllons, Méchante, un peu de courage! Tu parlais de déprime profonde?
Hé bien non.

Florence Porcel ne se roule point dans le pathos ni ne t'expose à des lamentations sans fin. Elle reste factuelle, analytique: qu'il s'agisse de ses humiliations scolaires, de ses difficultés médicales, elle ne récrimine pas et aligne causes, contexte et conséquences avec une précision mathématique.

Bien sûr, cela n'empêche pas l'émotion d'affleurer ici ou là, mais jamais de façon envahissante ni insurmontable, du moins pour ma sensibilité.

-Ouais, mais bon, des récits de viols et d'agression, tu en as lu quarante-six mille! Qu'est-ce que celui-là va t'apporter?

-La réflexion sur les faits d'après le prisme de la honte.

Tu peux mener une réflexion féministe sous plusieurs angles. Tu peux explorer des recherches en psychologie ou en psychiatrie, tu peux aller voir du côté de la sociologie, tu peux compiler des récits et chercher leurs points communs, tu peux chercher dans le ciné, la peinture, la littérature comment les violences sexuelles sont représentées: bref, le champ de connaissances et de recherches est vaste comme le monde.

Florence Porcel a choisi d'analyser son expérience en dissertant sur la honte. C'est quoi, la honte? Pourquoi et comment les femmes l'éprouvent, et quelles sont les conséquences?

La force de ce texte réside dans sa position: il ne représente pas qu'un témoignage, pas qu'une livraison des faits, il se range aussi dans la catégorie Essais. Honte démontre la toxicité des clichés, des préjugés sur le viol, stats à l'appui.

-Moi, j'ai une réserve, Déidamie.

-Ah oui? laquelle?

-Ce que dit Marie-Laure "On voulait vraiment que cette histoire se sache", mais tout le texte autour démontre que non! il y a quelque chose qui ne va pas!

-Ah oui, probable, en effet.

-Et puis, tu parles de savoir, de connaissances, mais je trouve que le bouquin te laisse avec plus de questions que de réponses! Pourquoi l'enquête ne semble pas contacter les premières victimes? Pourquoi les flics qui ont reçu les premières victimes ne sont pas interrogés et ne semblent pas avoir de comptes à rendre? Comment l'autrice parvient-elle à survivre matériellement?

-Je n'ai pas de réponses à ces questions, Méchante. Juste une conviction.
La violence existe parce qu'il y a des gens pour la commettre, d'autres pour la nier, d'autres pour la laisser faire.

Ces policiers, ces magistrats qui ont refusé d'écouter les victimes occupent la place d'alliés de la violence, par ignorance, incompétence ou complaisance.

Malgré l'amertume de ce constat, malgré les difficultés massives, l'autrice conclut avec un chapitre plein d'espoir. Et encore une fois, cela empêche le texte de sombrer dans une tristesse infinie.

Je vais conclure sur une note plus personnelle.

Mme Porcel, merci d'avoir écrit ce livre. Merci d'avoir médité, rédigé et fait imprimer. Vos réflexions m'ont permis de mieux me connaître et me comprendre."
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Le livre débute comme une lettre d'insulte au dit "sexe fort" où l'auteure s'épanche sur les drames enfantins, adolescents qu'elle a pu connaître et qui l'ont rabaissé en tant que femme. L'homme a plus de chance de s'en sortir dans la vie car il est un homme. Elle n'est qu'une femme, donc elle ne peut pas rivaliser. Il y a de quoi parfois lever parfois les yeux en l'air, le constat est là. Evoquant ses problèmes relationnels & sexuels de manière fugace, Florence Porcel rentre dans le vif du sujet (PPDA) par une porte dérobée mais qui a le mérite de laisser pantois. Comment la police, la justice, les professionnels de la santé ont traité son/ses viol(s) a de quoi faire bondir de son siège. Evidemment, on a qu'une version de l'histoire, juste la vision d'une femme (celle qui a été meurtrie, donc). Beaucoup d'efforts, de remise en question surtout sont à prévoir pour comprendre & écouter la parole des victimes. F.Porcel s'en prend à la justice, aux médias qui alimentent cette vision dépassée de la victimisation du héros déchu, et de faire du buzz pour chaque parole stupide de personnalités. Remettre à sa place certains intervenants ne serait que bénéfique pour faire avancer la société. Manipulée, sortie du contexte, assaillie, l'auteure rétablit sa vérité, revient sur les raisons de son silence (se persuade qu'elle est amoureuse de cet homme) et dit Fuck aux conventions. Un cri d'alerte sur la honte qu'elle vit au quotidien et qui devrait assaillir son violeur.
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Florence Porcel est la première femme à avoir dénoncé les agissements de PPDA et à avoir porté plainte pour viol. Elle a osé dire tout haut ce qui lui est arrivé et elle a tout perdu. Dans ce livre, elle nous livre la honte qui l'a suit plus fidèle que son ombre. L'impact que cela a eu dans toutes les facettes de sa vie, sa mise au banc dans la sphère professionnelle.

J'ai lu Pandorini à sa sortie, il était donc logique que je me plonge dans ce nouveau livre. L'autrice nous livre un parcourt du combattant avant, pendant et après sa dépôt de plainte. Ce livre est le témoignage de ce que Florence a vécu.
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critiques presse (2)
Bibliobs
16 janvier 2023
Elle est la première à avoir porté plainte pour viol contre Patrick Poivre d’Arvor. La seule pour qui les faits ne sont pas prescrits. Elle revient sur son histoire dans « Honte ».
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Telerama
09 janvier 2023
Dans Honte, un livre douloureux et bouleversant, l'autrice revient sur les deux viols dont elle accuse Patrick Poivre d'Arvor, et sur la prise en charge des victimes de violences sexuelles, qu'elle estime défaillante.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
« Ce qui n’est pas normal, c’est la honte que l’on ressent à cause de celle qui est projetée sur nous, par des individus, des idées reçues, des cultures ou des sociétés. » (p. 34)
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« Je n’ai aucun problème à ce que le prédateur soit présumé innocent. Ce qui me pose problème, c’est que l’enquête ait été faite à ce point à charge contre moi. » (p. 118)
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« Mon dossier a été classé sans suite en partie parce que deux personnes semblent persuadées qu’une victime de viol pleure forcément quand elle raconte. » (p. 109)
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« La présomption de malhonnêteté envers les femmes est un principe qui ne faiblit pas, voire qui s’aggrave. » (p. 71)
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« En m’adressant à la justice, ma honte, mon incommensurable honte, deviendrait nationale. » (p. 12)
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