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Critique de mh17


mh17
04 novembre 2022
Quel bonheur de lecture ! Pouchkine est un enchanteur espiègle qui se joue des attentes du lecteur avec malice et le piège plusieurs fois. La nouvelle a été publiée en 1834 dans le Cabinet de lecture. le narrateur est détaché, ironique et adresse à son lecteur deux ou trois petits clins d'oeil propres à orienter sa lecture. Ensuite les trois personnages sont surprenants et plus complexes qu'il n'y paraît au départ. Ils ont tous deux faces. L'une sympathique, l'autre maléfique amenant le lecteur à la compassion ou à la détestation. A la fin, les cartes sont redistribuées.


Résumé (d'après wikipedia) : Une nuit d'hiver, chez le lieutenant Naroumov, des jeunes gens passent leur temps à jouer. Ils en viennent à discuter du mystérieux pouvoir de la comtesse Anna Fedotovna, grand-mère de l'un d'entre eux, Paul Tomski. La vieille dame connaîtrait une combinaison secrète de trois cartes permettant de gagner infailliblement au jeu de pharaon. Hermann un jeune officier du génie d'origine allemande les a écoutés. Fasciné par la richesse que pourrait lui procurer la combinaison mystérieuse, il séduit Lisabéta Ivanovna, demoiselle de compagnie de la comtesse…



Le Pharaon est un jeu de pur hasard, très dangereux. Pouchkine était lui-même joueur et jouait au Pharaon. Toute la société aristocratique pétersbourgeoise, oisive et décadente, « ponte ». Après le Pharaon ce sera la roulette, chère à Dostoïevski. Pouchkine était très superstitieux et couvert de dettes. Pour gagner au Pharaon il faut aligner trois cartes. La forme du roman joue sur la fameuse combinaison : trois personnages, sept chapitres, une dame...qui pique. Pouchkine décrit sur un mode fantastique et halluciné l'obsession délirante du joueur prêt à vendre son âme raisonnable pour acquérir la martingale magique .

Hermann, le Russe d'origine allemande prudent et terne, ne joue que s' il est sûr de gagner. Il préfère regarder les autres joueurs qu'agir et aime leur faire la leçon. Sa vanité et sa cupidité vont le pousser à l'action. Il décide de séduire la pupille de la comtesse pour accéder à la chambre de la vieille dame afin de lui extorquer sa martingale. Après que Lisaveta lui a confié le plan de la maison, devant la porte de sa chambre, il hésite mais finalement, il entre dans la chambre de la comtesse (ce qui nous vaut d'assister, pauvres voyeurs, au déshabillage de la vieille dame derrière le paravent). Herman a préféré l'argent à l'amour et il a perdu. Mais ce n'est pas l'excès de passion qui le conduit à sa perte mais plutôt l'excès de calcul.

La comtesse, quatre-vingt-dix-sept ans, appartient à la très vieille noblesse russe et maîtrise l'étiquette versaillaise qui fascine Hermann, le complexé. Mais elle est démodée, d'un autre temps, et physiquement elle ressemble à un spectre mondain, une mort vivante enrubannée. Au début elle fait figure de bourreau plus que de victime. C'est une vieille dame richissime, capricieuse et apparemment égoïste...

Quant à la petite pupille Lisaveta victime de la vieille comtesse et de l'officier, elle se révèle moins naïve qu'il n'y paraît. C'est l'héroïne romantique parfaite, la jeune fille idéale et pure. Elle évoque La Pauvre Lise de Karamzine. Mais elle a beaucoup d'intuition et pressent le destin des deux autres. A la fin c'est elle la grande gagnante. Parfaite, pure, hum et si c'était elle la Dame de pique ?
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