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Critique de mh17


Le Maître de poste fait partie des Récits de Feu Ivan Petrovitch Belkine. Pouchkine les a écrits à l'automne 1830 alors qu'il est bloqué à Boldino par l'épidémie de choléra qui va ravager l'Europe entière.
C'est peut-être le récit le plus subtile du recueil. La construction est complexe et on peut interpréter le texte de différentes façons.

Il commence par l'exergue suivant :
Fonctionnaire de quatorzième classe :
Dans un relais de poste, dictateur.
Prince Viaziemski

Se poursuit par un prologue :

Le narrateur fictif est le conseiller titulaire A.G.N. Comme tous ces Messieurs, il a souvent pesté contre les maîtres de poste. (Ceux-ci sont responsables des relais. Ils vérifient les permis de voyager, s'occupent des attelages et tiennent auberge). Ils ont donc mauvaise réputation. Mais notre narrateur veut que nous nous mettions à leur place. Ce sont les derniers des fonctionnaires dans la hiérarchie, ils travaillent jour et nuit, par n'importe quel temps, ils sont souvent insultés voire menacés par des clients impatients et doivent céder aux caprices des hauts fonctionnaires. le narrateur les trouve paisibles, serviables et il a plaisir à converser avec eux. Il a des amis dans la corporation et le souvenir de l'un d'eux lui est particulièrement précieux.

Résumé du début du récit du conseiller titulaire A.G.N:
Au mois d'aout 1816, il doit s'arrêter à un relais. Vu son grade insignifiant, il s'attend à être mal servi. Au contraire ! le maître de poste appelle sa fille, Doumia. Apparaît une fillette de quatorze ans, une beauté. le père en est très fier. Pendant que celui-ci remplit sa feuille de route, le narrateur examine très attentivement les images qui ornent les murs de l'humble demeure : elles illustrent la parabole de l'enfant prodigue. Doumia réapparaît avec le samovar. La "petite coquette" est consciente de l'effet qu'elle produit sur lui, elle baisse les yeux mais cause avec lui. C'est à regret que le narrateur doit repartir. Avant de s'en aller, ils échangent beaucoup de baisers.
Plusieurs années s'écoulent. le narrateur revient au relais."Tout respire la ruine et l'abandon". Il retrouve Siméon Virine, vieilli, ridé, négligé, déprimé. Et Doumia n'est plus là. le narrateur lui fait boire du rhum et le maître de poste se met à parler...

J'ai beaucoup aimé cette nouvelle qui nous oblige à des relectures. A la fin vous verrez mes amis, l'émotion passée, vous n'aurez aucune certitude et vous vous poserez beaucoup de questions. En effet le lecteur voit tout à travers les yeux du narrateur qui n'est pas objectif du tout. Il a un faible pour la jolie petite, il aime bien ce maître de poste, il est en pétard après les passe-droits des gars plus gradés que lui, il boit beaucoup trop de rhum lui aussi pendant le récit du vieux, il insiste sur les images de la parabole de l'enfant prodigue qui restent sur les murs de l'auberge. Bref le lecteur est manipulé par A.D.B lui-même manipulé par Feu Ivan Petrovitch Belkine alias le virtuose et facétieux Pouchkine qui a pour grand ami le Prince Viaziemski.

Lu sur la beq ( 30 pages environ).




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