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Critique de bibliomanu


Et voilà, pour peu que vous leur lâchiez la bride, les héros de polars se sentent pousser des ailes. Et vas-y que je vais me battre contre moulins et autres machines à broyer du commun des mortels, et que je n'hésite pas à me mettre dans des situations pour le moins inextricables.

Tenez, Antoine, par exemple, Loulou pour les intimes, le dernier personnage en date de Jean-Bernard Pouy – à moins qu'un autre ne voit le jour ces temps-ci, on ne sait jamais avec le monsieur : j'ai ouï dire qu'il allait s'adonner à l'écriture en feuilletons, à l'ancienne... - donc Loulou, pour revenir à lui, je n'aurais vraiment pas donné cher de sa peau, et d'ailleurs, dès le début, il était pas loin de rester sur le carreau, alors que rien ne laissait présager un tel scénario. Loulou, ça fait un bail qu'il s'était rangé, qu'il ne trempait plus dans la magouille. Son métier de serrurier, il l'exécutait en toute légalité. Mais là, l'occase était trop belle. Un petit contrat qui lui permettrait de se doter d'une nouvelle machine bien huilée. de l'investissement sur le long terme. Une serrure à déjouer dans un manoir et pas moins de 10 000 euros dans la poche au bout du compte. Mais voilà, c'était trop facile justement et les russes qui l'avaient embauché reviennent sur leur contrat et laissent Loulou à moitié mort sur le quai d'une gare.

C'est alors que commencent les vrais déboires pour Loulou. Car au lieu de se terrer et de se contenter de sa survie, celui-ci, un brin naïf, chanceux et quelque peu vieillissant va jouer de sa détermination – réjouissante détermination ! - et de sa chance – ça peut toujours servir quand les balles sifflent - pour récupérer son dû.

Y'a pas à dire, Jean-Bernard Pouy n'a pas son pareil pour capter l'attention de son lecteur. Il a la gouaille, le mordant, le mors aux dents, et cette déconcertante facilité, toujours, à jouer avec les mots, à les enrober pour le meilleur et pour le pire. Et derrière tout ça, avec tout ça, aussi, on sent le plaisir que prend le monsieur à l'écriture, le soin tout particulier qu'il prend à façonner son personnage principal, à le mettre en situation, à raconter son histoire.

De même, dans ce roman noir miroir, ce qui m'a le plus charmé, quelque part, c'est cette description d'un quotidien, l'attachement évident aux gens ordinaires, au sens mélioratif du terme, à une frange de la population qui se retrouve au bord des comptoirs, dans les bistrots ou les manifs pour échanger, vivre, vibrer à l'unisson, et cette volonté, presque sensible, de toujours coller à son époque, quoi qu'il advienne, quels que soient ses défauts, ses pauvres mordus du fric adeptes de l'empapaoutage à tous les étages.

Du Pouy en grande forme, comme on l'aime.
Lien : http://bibliomanu.blogspot.com
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