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Critique de lalahat


Dans la collection Policier de Folio, la couverture est magnifique. On y voit le Pont du Gard, dans des coloris orangés sur fond de ciel bleu nuit. le monument est bien le personnage central du roman, autour duquel s'articule l'enquête. Et des couleurs, le récit en est riche. Ce sont les teintes ocres chaudes du sud, ou bien des nuances pâles et blanchâtres au petit matin, lorsque l'angoisse étreint le protagoniste. L'écriture est aussi très attachée à décrire la végétation, les platanes, emblématiques du midi, surtout. Jean-Bernard Pouy ancre son texte dans l'atmosphère de fin d'été encore chaude. Il convoque les paysages, garrigue, vigne, oliviers, maquis, et use de répétitions dans l'évocation de platanes omniprésents. L'effet est assuré, le lecteur est transporté, on voyage, immobile.

L'enquête est menée par Léonard Laigneau, enseignant la plomberie en école professionnelle – mais qui manie aussi le latin-, la quarantaine, et non par les brigadiers portant «képi à la con». Sa femme, Lucie, est morte. Accident, suicide ? Elle avait effectué, juste avant, un stage d'une semaine, en tant qu'animatrice, à Nîmes, qui s'était prolongé d'une absence inexpliquée de trois semaines. le mariage heureux du couple n'avait jamais connu de turbulence. Léonard veut comprendre.

Jean-Bernard Pouy crée un effet de contraste entre le Pont du Gard, qui figure la permanence, la solidité et la fluidité, et le héros, Léonard, fragilisé, alors que sa vie bascule dans l'impermanence. Il recours à la dramatisation, faisant à cet effet référence à Hitchcock et aux oiseaux. A partir du moment où l'enquête se concrétise, Léonard devient le narrateur de sa propre histoire. le récit gagne en intensité.

Jean-Bernard Pouy excelle, comme toujours. Il met en oeuvre tous les moyens pour captiver son lecteur. C'est l'écriture, évidemment, mais aussi son personnage, Léonard, sympathique, bien à gauche, et qui ne s'en laisse pas conter par la société et son organisation sociale et économique. On s'en ferait un bon copain, avec qui partager des sentiments bien tranchés sur le monde.

Le rythme imprimé au récit est plutôt lent. Léonard se déplace à vélo et même à pied à un moment. Certains chapitres marquent une pause, une parenthèse où le héros semble faire le vide, se laisser aller à un bien être sensuel, en dépit de sa peine. L'attention est toujours portée sur le paysage, les arbres, l'eau, le pont. L'écriture évoque presque une peinture aux couleurs chatoyantes.

Léonard est partagé entre ses suspicions et la tendresse qu'il éprouve encore pour son épouse mystérieusement disparue. le portrait de Lucie se dessine par petites touches. Faute de piste, on a plutôt l'impression que Léonard soigne son chagrin et tente de faire son deuil.

Jean-Bernard Pouy a vraiment mis l'accent sur les couleurs, à saturation parfois, comme dans le passage de la piscine où il évoque la peinture d'Hockney et le cinéma de Jacques Deray.

Il semble que dans tout bon polar l'enquête piétine pendant un bon tiers voire une moitié du livre. C'est le cas ici. La piste se dessine à la moitié, alors que Léonard n'y croit plus et se prépare à prendre le train, retour Paris. Jean-Bernard Pouy aime les gares et les trains, c'est là qu'il choisit de relancer l'action.

La fin connait une montée de tension inattendue. J'ai été assez déçue du dénouement, toutefois.
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