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Critique de Valentia


Des dieux égyptiens, des poètes anglais et des voyages dans le temps : sur le papier, le roman de Tim Powers Les Voies d'Anubis avait tout pour me plaire. Lorsque j'ai décidé de me lancer à la découverte du steampunk, c'est celui-ci, considéré comme l'un des premiers ouvrages du genre, que l'on m'a conseillé. Et je n'ai pas été déçue.
Tout d'abord, il s'agit d'un livre-objet, du genre que l'on ne va pas planquer dans sa plus basse étagère pour le cacher aux regards, au contraire (je parle ici de la réédition par Bragelonne et non de la première version parue en France chez J'ai Lu). Je trouve la couverture magnifique, dans les teintes bleu-gris et or, une superbe statue d'Anubis occupant le premier plan, entourée de hiéroglyphes et surmontant une peinture nocturne du Londres XIXème… le tout accompagné d'une graphie suffisamment travaillée pour qu'on le remarque, ce qui se poursuit sur la quatrième, où le résumé est écrit sur une feuille de papier parcheminée et jaunie par le temps. Les pages, enfin, sont dorées sur tranche, ce qui ajoute une richesse supplémentaire. On notera qu'à l'intérieur, la page de titre ainsi que les en-têtes de chapitres présentent des dessins en style égyptien qui sont tout à fait remarquables…
Mais passons maintenant à ce qui vous intéresse : le contenu du livre. On y fait la connaissance du professeur Brendan Doyle, spécialiste des poètes anglais du début XIXème, qui se rend à Londres afin de rencontrer le mystérieux Darrow…qui lui proposera, en échange de quelques mots sur le poète Coleridge, d'assister à une conférence de ce dernier, donnée en 1810 ! Bien évidemment, rien ne tournera comme prévu pour Doyle, qui se retrouve embarqué dans un Londres méconnaissable dont il ne va pas tarder à connaître les bas-fonds à cause de mages qui tentent de ressusciter les anciens dieux pour rétablir la splendeur de l'Egypte… Ça vous paraît confus et alambiqué ? Ce n'est pas étonnant, mais c'est le mieux que je puisse faire en quelques lignes sans vous donner la clef de l'histoire.
Ce que je peux dire par contre, c'est que j'ai énormément apprécié ma lecture, même si au début je craignais de m'y perdre. En effet, on rencontre une multitude de personnages, d'endroits, d'époques, de situations, et au bout d'un moment je me demandais où Powers voulait nous mener, et surtout s'il parviendrait à nous mener à bon port sans perdre la moitié du lectorat en cours de route… Mais en fin de compte, tout se recoupe, les pièces du puzzle se mettent en place les unes après les autres, et les questions trouvent leurs réponses…mais pas forcément celles que l'on attendait ! On va de surprise en surprise, de révélation en révélation, les coups de théâtre s'enchaînent, et ne vous attendez pas à ce que les morts restent sagement dans leur tombe !
le style pourra paraître un peu lourd à certains, d'autant plus que le traducteur a cherché à retranscrire le parler d'époque (ce qui pour moi est une bonne chose, mais pourrait en rebuter certains), mais l'univers est complexe et, surtout, particulièrement bien documenté. Je pense notamment aux détails sur Coleridge, par exemple sa dépendance à l'opium, ou encore les dates de naissance et de mort de Lord Byron ainsi que son voyage en Grèce… Les personnages sortis de l'imagination de Powers sont également très travaillés ; ainsi le poète fictif William Ashbless a-t-il une vie bien mouvementée. On notera qu'un certain William Ashbless apparaît également dans l'oeuvre de James Blaylock The Digging Leviathan (non publiée en France), parue un an après Les Voies d'Anubis. L'éditeur commun de Powers et Blaylock, remarquant la similitude, leur conseilla de se consulter afin de construire un personnage commun, sur les mêmes références…
Pour résumer tout cela, nous avons donc une histoire complexe mais haletante dans laquelle l'action ne manque pas, le tout dans un Londres début XIXème particulièrement bien travaillé et documenté, et porté par un style en cohérence avec l'ensemble. Une superbe découverte qui me donne envie d'en lire plus dans le style steampunk, et pourquoi pas de cet auteur.
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