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Critique de michfred


Je crois que Joan Miró aurait adoré ce catalogue, poétique, coloré et d'une originalité libre et sans artifice, comme sa peinture. Comme lui.

Une reliure faite de deux feuilles de carton épais , trois tranches teintées chacune de couleur pure , jaune, vert, bleu, et un dos rouge vif ( tel a été mon choix, mais chacun peut choisir son dos et ses tranches, selon ses goûts propres.. liberté ! liberté! )- et, sur la première de couv' , une tache bleue, comme déposée sur la palette vierge d'une page blanche, le nom calligraphié du peintre et cette phrase programmatique: "ceci est la couleur de mes rêves "...

Miró, c'est encore les poètes qui en parlent le mieux, les poètes, ses amis, ses frères: Tristan Tzara, Paul Eluard, René Char..
Leurs citations émaillent le catalogue avec plus de justesse et d'éloquence que les commentaires qui se font tout petits, tout serrés, laissant toute la place aux tableaux!

Et quels tableaux! Un festival de couleurs, une totale liberté de trait, un fol envol de l'imagination !

Miró , ce petit homme, terrien, réservé et modeste, secret et plutôt mélancolique, exilé de sa Catalogne devenue franquiste, a laissé sa peinture et sa sculpture parler pour lui, rêver pour lui, espérer pour lui.

Passionnante rétrospective qui fait découvrir un Miró obstinément en marge de tous les mouvements constitués ("Je vais casser leur guitare!' disait-il des cubistes..), mais toujours à l'écoute des grondements du monde, et inquiet devant les menaces du fascisme jusqu' à se donner un nouvel alphabet de formes et de couleurs pour mieux dire son inquiétude.

On aime tous le Miró dansant des toiles étoilées, le Miró facétieux des objets détournés, ripolinés de couleurs pures, mais on connaît moins le Miró angoissé qui trace sur trois immenses toiles blanches, à peine éclaboussées de coulures blêmes , la courbe timide de l'Espoir du Condamné à Mort, Puig Antich, le jeune catalan, garrotté sans pitié, en février 1974, par cette vieille momie agonisante , cette canaille toujours toxique de Franco ...

Très belle expo, catalogue parfait..

Mais surtout peintre d'une "innocence victorieuse" qui sut toujours, avec un sens effronté du risque, dire sur un mode qui n'appartient qu'à lui, le "gazouillis des choses".
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