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Critique de Presence


Il s'agit d'une histoire de Batman indépendante en 1 tome initialement parue en 2000.

Batman est dans une église, le bras en sang qui tombe goutte à goutte loin sur le sol en bas. Cette situation évoque une série de meurtres datant de 6 ans auparavant pour lesquels Lucie Boudreaux, la meurtrière (une enfant vietnamienne adoptée par un GI) avait été envoyée derrière les barreaux. Les nuits de Bruce Wayne sont habitées par des cauchemars dans lesquels Batman est une brute qui tue sauvagement les criminels. Dans la réalité, une confrontation ordinaire de Batman tourne mal et l'un des criminels fini pendu en sang. James Gordon rappelle son camarade à l'ordre en lui indiquant qu'il dépasse les limites. Batman se débat également avec des indices qui s'assemblent pour former une croix tordue sur un plan de Gotham, avec un indic Huongong qui pratique une forme de vaudou, avec une énigme mathématique à base de triangle équilatéral et les révélations du journal intime d'un médecin militaire ayant servi au Vietnam.

J'avais beaucoup apprécié ce que George Pratt avait fait avec Hans von Hammer dans Par-delà les lignes et j'étais très curieux de voir ce qu'il ferait de Batman. À la fin du tome, il dédicace cette histoire à Archie Goodwin et il y a fort à parier qu'il a été influencé par Batman - Night cries (en anglais) dans sa démarche pour bâtir ce récit. Malheureusement, le résultat n'est pas à la hauteur des efforts déployés et des ingrédients.

Le début constitue une entrée en matière intrigante qui permet au lecteur de comprendre que Batman va lutter pour sa vie dans un contexte à connotation religieuse du fait du lieu (l'église). Effectivement, l'idée de démons lâchés sur Gotham et influençant les actions de ses habitants jusqu'à Bruce Wayne se glisse de ci de là dans le récit, mais sans jamais vraiment aboutir, en restant à l'état d'ingrédient destiné à épicer la recette. Et puis le lecteur s'y perd un peu quant à la religion visée : le christianisme, une forme d'animisme, des croyances vaudou ou shamanique ? On n'en saura pas plus à l'issue du récit.

George Pratt dépeint un Batman proche en apparence et en actions des esprits démoniaques dont il combat l'influence. Là encore, il s'agit d'une approche qui a déjà été essayée. Ici elle prend une force peu commune grâce aux illustrations très personnelles de Pratt. Il utilise différents styles de peinture en choisissant celui qui porte le mieux l'ambiance du moment. Il a également régulièrement recours à des dessins à l'encre de Chine qui intègrent les oreilles démesurées et effilées du masque, la cape d'une longueur surnaturelle et les positions dignes des gargouilles les plus monstrueuses. Cet aspect graphique de Batman accentue son irréalité, sa présence surnaturelle et inquiétante. Il s'agit d'une composante graphique très réussie, mais qui là encore ne débouche pas sur quelque chose de concret.

Je préfère passer rapidement sur le mystère géométrique de niveau 5ème qui semble insurmontable pour l'esprit aiguisé de Batman. Pathétique.

Et puis il y a les 14 pages consacrées au journal intime du médecin militaire en pleine guerre du Vietnam. George Pratt change de mode d'illustration pour se limiter à des dessins à l'encre, avec des fonds dans une tonalité unique déclinée en camaïeux. Tout d'un coup pendant plusieurs pages d'affilées, histoire et illustrations s'agrègent pour former un tout fascinant et envoutant mêlant surnaturel et champ de bataille de manière habile, avec une imagerie sèche qui flirte avec les esquisses et les gravures à l'acide sur du métal.

Du début à la fin, la vision graphique de George Pratt enchante par ses prises de risques et son non-conformisme. Malheureusement, la structure heurtée du scénario ne m'a pas convaincu. Prise une à une, les ambiances sont intéressantes, intrigantes, voire prenantes, mais l'intégration dans une structure cohérente ne se fait pas. La trame principale développe une vengeance accomplie au travers de meurtres rituels qui débouche sur un grand n'importe quoi peu original. Dommage. Au final, cette histoire constitue surtout une curiosité graphique très riche, avec des ambiances très fortes au sein d'une histoire en patchwork qui aligne beaucoup de moments ridicules pour quelques passages exceptionnels. George Pratt a également réalisé une aventure de Wolverine qui n'a pas été rééditée en anglais, mais qui existe en 2 tomes en français (Netsuke tome 1 et Netsuke tome 2).
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