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Critique de Blindsorrow


"Ah Manon, perfide Manon"...
Cette lecture n'est pas ma première de cette oeuvre de Prévost et malgré les années, j'aime toujours autant.
Tout d'abord, qu'un abbé écrive une histoire d'amour, où la passion domine et où le protagoniste se marginalise, est particulièrement intrigant.
Prévost sait manier les mots pour dépeindre la passion et la déraison d'un jeune homme de qualité. Des Grieux contrarie les plans de son père, trahit sa parole donnée aux autres, tue, s'évade, vole par amour pour la belle et insaisissable Manon.
La focalisation interne n'est du fait que du chevalier. A aucun moment nous n'avons les sentiments et pensées de Manon. Tout nous est rapporté par le regard oh combien passionné de cet amant transi d'amour. de ce fait, Manon paraît la belle mystérieuse, la traîtresse, la manipulatrice et la perfide de l'histoire. Ses faits le prouvent : elle est en perpétuelle recherche du luxe, de superficialité et d'argent. Elle est prête à trahir Des Grieux à chaque fois.
Mais que ressent-elle réellement pour lui ? Mystère... la focalisation interne de Des Grieux nous empêche d'établir des certitudes. Néanmoins, Manon retourne toujours aux sources... et revient chaque fois auprès de son sensible amant... jusqu'à ce que ses ressources financières s'épuisent de nouveau.
Ce court roman relate cette passion maudite et la vie rocambolesque d'un duo mal assorti : un homme honnête et fidèle qui s'amourache d'une jeune fille légère, avide et libre.
L'intrigue est une suite d'actions malheureuses : pauvre Des Grieux ! La malchance le poursuit de ses assiduités ! Il en perd pied et sombre à tous les niveaux.
En outre, ce roman est à la croisée des sources littéraires : des accents de tragédie, des références à Dom Juan de Molière (dans les scènes de reproches paternels), de roman picaresque en passant par des scènes plus comiques. La sensibilité ou pré-romantisme, courant dont fait partie l'auteur, annonce Rousseau et Chateaubriand ou encore la plume de Bernardin de Saint Pierre.
Attention à ne pas classer ce roman dans le libertinage, vous n'y trouverez aucune scène scabreuse ou de libertin débridé. Non, vous y trouverez les affres de la passion qui mènent au pire.

Une belle histoire à la plume poétique où tout se cristallise sur Manon, voilà pourquoi le titre raccourci la met en avant, elle; en plus de mettre en avant un personnage qui n'a aucune noblesse et qui est une femme ! Belle modernité.
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