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Critique de Etherckhos


Le genre du young adult pullule ces derniers temps. Quel que soit le média, livre, série, ou film, on ne peut y échapper ; et c'est bien sûr avec plus ou moins de succès que certains se prêtent à cet exercice, nous sortant parfois des produits préfabriqués, prémâchés, pour des publics ciblés.
De fait, j'ai régulièrement de l'appréhension lorsque j'aborde une nouvelle oeuvre répondant à cette classification, ces temps-ci. Toutefois, Starters m'a été recommandé suite à mon engouement pour Divergente (le film... je le confesse, je n'ai pas encore pris le temps de lire les livres...) en me le vendant comme un clone en mieux.
Où est-ce qu'elle a vu que Starters est un clone ? Je me le demande encore... Mais ce qui est certain, c'est que je n'ai pas regretté d'avoir ouvert ce livre !

Une atmosphère post-apocalyptique nous accueille dès les premières pages, avec la majorité de la jeune génération reléguée au rang de parias obligés de squatter dans des immeubles condamnés à moitié détruits par la guerre ou contaminés par des armes biologiques. Les USA ont perdu une guerre et le prix qu'ils ont dû payer a été très lourd avec des bombardements biologiques qu'ils ont dû subir, et contre lesquels ils ne pouvaient faire que vacciner la population, mais pas toute, faute de stock suffisant. Seule la jeune génération et les personnes âgées ont pu recevoir le vaccin, et pour ce qui est des autres, la génération des parents, mis à part une élite politique et intellectuelle, ils ont presque tous été sacrifiés. le résultat évident est que ça a créé des hordes d'orphelins cherchant à survivre dans ce pays dévasté.

Le repère temporel de cette histoire est en avance de quelques dizaines d'années sur notre temps et la médecine a continué à progresser de sorte à ramener la barre haute de l'espérance de vie à 200 ans, et de fait, des lois ont été promulguées pour protéger l'emploi de la génération vieillissante, les "enders" ; des lois drastiques empêchant toute personne en-dessous de 19 ans, les "starters", de prétendre à l'embauche.

On y est. Les conséquences atroces d'une guerre mêlées à des lois ignorant la souffrance de toute une génération ; le cocktail idéal pour que certains profitent de la situation et exploitent les jeunes pousses de l'humanité réduites au rang de SDF, et, en l'occurrence, une société qui a trouvé le moyen de transférer une conscience dans un autre corps ; un rêve inespéré pour tous les enders fortunés coincés dans leurs corps vieillissants éprouvés par des plus d'un siècle d'excès.

On envoie donc là-dedans la jeune héroïne qui vient de se faire chasser de son squat avec son petit frère malade et cède à la proposition de cette société malhonnête de se faire payer une somme inespérée pour un mois et demi de "location" de son corps à l'esprit d'une quelconque ender. Mais, bien sûr, rien ne va se passer tranquillement et la "locataire" est tout sauf quelconque, et va l'entraîner dans une folle et dangereuse aventure qui va amener notre héroïne à braver des dangers mortels et s'engager sur le chemin de la lutte contre la société responsable de ce trafic de corps.

Contrairement à beaucoup de young adult, nous prenons, au final, notre héroïne une fois qu'elle a déjà vécu les événements qui l'ont faît mûrir plus vite qu'elle n'aurait dû et nous l'accompagnons dans des chemins inverses de passages d'insouciance, où elle va découvrir ce que la vie peut avoir de doux à offrir à une jeune fille de son âge, qui viennent s'intercaler entre des moments de désespoirs ou de suspense ; ces passages "frais" contrastent énormément avec la noirceur ambiante de la situation et l'oeuvre.
Et c'est là un des principaux intérêts de ce roman : les contrastes. L'innocence contre le vice. La misère contre le luxe. le besoin contre l'envie. La jeunesse contre la vieillesse. Tous ces contrastes sont exagérés, poussés à l'excès par le truchement de la technologie ou tout simplement de savoureux, mais discrets, parallèles entre ces futurs USA fictifs et la réalité actuelle.

L'auteure, au-delà de la fiction, nous invite à réfléchir sur les choix que nous faisons actuellement, sur la course à l'allongement de la vie qui prend le pas sur les intérêts des nouvelles générations, sur la raison d'accumuler des richesses quand on n'a plus la forme pour en profiter, sur le devenir de notre société et le danger à long-terme que pourraient représenter certains choix.

J'ai réellement été enthousiasmé par les aventures de Callie Woodland, et n'ai pas tardé à attaquer le tome suivant, le seul reproche, si c'en est un car cela participe quelque part à ce jeu des contrastes auquel s'exerce avec brio l'auteure, c'est que cette jeune Callie est presque trop parfaite, trop honnête, trop gentille, et on a parfois du mal à se dire qu'elle a survécu dans la rue, au jour le jour, en s'occupant de son petit frère malade qui plus est, tout en gardant ce caractère.
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