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Critique de keisha


En période de rentrée scolaire fleurissent souvent des récits sur l'univers impitoyââââble de l'Education Nationale. Pamphlets au vitriol, livres exhalant la douce nostalgie du "c'était mieux avant" , souvent parsemés de y'apluka, parfois aigris, émanant de grosses têtes pensantes n'ayant pas vu l'ombre d'un soupçon d'élèves in situ (c'est à dire, en classe) depuis des années, d'enseignants ayant jeté l'éponge, d'anciens profs heureux de partager leur expérience : avec Princesse Soso, professeur d'anglais trentenaire dans un collège rural, nous avons un agent vraiment dans la place, qui nous dévoile tous les dessous de ce monde inconnu, et ce avec un humour au vingt-deuxième degré (au moins) et dans un langage bien personnel proche du terrain (à savoir, les schtroumpfs confiés à ses mains professorales).



Ô parents des choupinets de 6ème Z, ceux qui disent bonjour, s'il vous plait, ont leur matériel, font le travail demandé, sachez qu'il existe des enfants dont l'éducation a subi quelques ratés ou qui n'ont pas envie de bosser et pour qui l'école est une annexe du goulag. Découvrez avec Princesse Soso le quotidien d'une classe ordinaire, la dure vie du professeur remplaçant ou stagiaire et le langage parfois abscons de la didactique. Découvrez les parents irresponsables, les coupes budgétaires de l'Education nationale, le contenu des petits mots échangés par les élèves...



Et toi, professeur (oui, il y en a qui passent ici), penses-tu que c'est pur masochisme de lire cette littérature qui rappelle trop le boulot?



Que nenni! Princesse Soso, trop forte, trop marrante! Ou plutôt elle utilise l'humour hyperdécapant pour raconter ce qui fait ouvrir parfois grands les yeux (oui, même moi j'ai été sidérée par certaines anecdotes). Mine de rien elle propose quelques pistes concrètes pour améliorer le schmilblic (par exemple exclure un élève de l'établissement ne sert à rien sans suivi éducatif de l'élève - pour ceux qui l'ignorent c'est actuellement le jeu de la patate chaude)(sans parler du collège unique, des classes relais inexistantes et des effectifs, mais là cela devient technique).



Et surtout on sent l'amour de son métier et des élèves, l'envie d'enseigner et de voir briller les yeux des gamins ...



Un livre que j'ai dévoré en riant pas mal (même si parfois jaune) , où pour une fois j'ai reconnu mon quotidien à 95% Depuis je scrute plus les miens, d'élèves, et les écoute plus attentivement. Alors oui, les leggings avec short (troué), j'en ai vu un hier, "Il insulte ma mère" réponse "connard", c'était ce matin. Mais les super mignonnes qui me regardent en disant "Les 3ème, y sont bêêêtes" et "Oh M'dame, c'est les garçons, hein", là aussi c'est du vécu, avec regards complices. "Le devoir il est trop facile, je peux le rendre en avance?" versus"Je l'ai fait mais laissé chez mon père" (c'est faux). Leur crédulité désarmante "Ah bon vous avez une machine à corriger les copies?". le côté fatigant "M'dame, quelle page?" (c'est au tableau). Et oui, cinq élèves veulent devenir mon ami sur Facebook (tu peux attendre longtemps!) . Depuis lecture chez Princesse Soso de la journée à Canterbury , je me demande si j'ai bien fait d'accepter d'accompagner les 3ème completely debilous chtarbés au printemps en Angleterre durant une semaine. J'aime quand par inadvertance ils utilisent pour me parler un mot qu'ils me pensent inconnu (M'dame vous êtes véner) , s'excusent et traduisent gentiment. J'aime quand ils découvrent que je connais un peu leur univers (Ah bon vous connaissez Twilight?) . Je termine avec le p'tit bonhomme qui m'a dit "Madame, ma mère elle est partie de la maison deux jours avant Noël".


Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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