Citations sur Les Exigences (11)
Maintenant Gabrielle repart et je respire son parfum sur mes mains. Ma pauvre petite maman. Nous ne savons pas comment nous dire les vraies choses. Nous ne faisons qu'imaginer ce que pense l'autre. (p. 47-48)
Jésus me troublait davantage, sa croix en particulier, ce bois massif, le poids qui fait craquer les vertèbres, l'élévation enfin de cet homme offert aux regards de tous, saignant et pleurant et heureux malgré tout. Cette idée me dégoûtait et me fascinait. Les tableaux , les vitraux représentaient toujours la même chose à mes yeux: un homme mourant, devant lequel d'autres hommes se prosternaient et pleuraient. J'aimais imaginer que ce pauvre Jésus avait eu droit à bien d'autres choses que des larmes : des baisers, des caresses de femmes, des étreintes (...)
Oui j'espérais pour lui qu'il avait connu l'extase avant de mourir. (p. 12)
A mon réveil ce matin, j'ai compris que j'avais réellement jeté mon corps en pâture aux chiens.J'ai compris que le littérature et les mots de Maxence, la peinture, les studios-photos, les appartements luxueux, des dessous de grandes marques n'étaient que des cache-misères. J'avais peut-être cherché un père en Maxence, mais j'avais aussi cherché un bourreau, quelqu'un qui me conduise à l'abattoir, et cela n'avait rien d'une mise en scène.
Mon esprit est fermé aux rêveries, aux chagrins, aux brusques bouffées de bonheur qui n'ont rien à faire en clinique.
J'imagine un enfant dans mon ventre puis sentir la vie se développer en lui. J'imagine l'accouchement, la sidération devant ce que l'on a réussi à faire : un être vivant, un vrai, sorti de soi, apte à voir, crier, entendre, sentir, manger, s'émouvoir. J'imagine ce qu'est donner la vie, et trente années plus tard, être le témoin impuissant de cette vie dont l'enfant devenu adulte ne veut plus.
Mais, ma Léna chérie, ma douce infirmière, vous parlez de protection à quelqu'un qui a tenté de mettre fin à son existence, je ne sais plus comment on fait, si je l'ai su un jour. Nous sommes comme une petite communauté, malades, mélangés, collés les uns aux autres, on se regarde manger, on se regarde pleurer, on se regarde désespérer... (p.47)
J’appelais la mort de toutes mes forces et j’ai fini par aller la chercher lorsque j’ai réalisé que je finissais toujours par ressortir des caves et des souterrains, meurtrie, épuisée mais vivante.
J’avais peut-être cherché un père en Maxence, mais j’avais aussi cherché un bourreau, quelqu’un qui me conduise à l’abattoir, et cela n’avait rien d’une mise en scène.
Et moi, serais-je capable d'aimer e nouveau,normalement, sans le fracas de la passion ni la tortue ou la possession?
...comment faire taire la douleur qui n'a pas de nom. C 'est un nom terrible qui évoque un roman de H.G Wells dans lequel les humains se feraient aspirer le cerveau par d'immenses trompes métalliques. Ca s'appelle la dépersonnalisation. Le corps comme un enveloppe vide et transparente.