AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de gabb


Mélodies du coeur, c'est ma lecture imprévue du mois d'avril. Celle que je n'avais pas vue venir, qui n'était pas dans mes plans, ma pioche "hors-PAL" à l'aveuglette dans le stock de la médiathèque. Juste un coup d'oeil rapide en 4ème de couverture, quelques mots qui m'accrochent comme toujours ("voyage", "grands espaces", "Amérique profonde", "paysages rugueux", "atmosphère incomparable") et c'est parti !

Et Dieu que le hasard fit bien les choses !
Voilà non pas une, mais onze bonnes suprises !
Onze textes bruts, âpres, sauvages, onze histoires à la fois banales et tragiques de petites gens (ermites, fermiers et chasseurs, couples en rupture, familles marginales, citadins égarés dans leur résidence secondaire) disséminés quelque part en plein coeur de cette Nouvelle-Angleterre rurale si fascinante.
Dans ces campagnes rudes il ne se passe pas grand chose - petites querelles de voisinages, parties de chasses à la grouse ou de pêches à la truite, tempêtes et orages, vieilles rancunes qui refont surface - mais des femmes et des hommes vivent, tout simplement.

Si les époques et les noms des bourgades ne sont jamais spécifiés, si l'auteur semble prendre un malin plaisir à passer sous silence de nombreux éléments utiles à notre parfaite compréhension, les paysages comme les états d'âmes des protagonistes sont quant eux soigneusement détaillés. La plume gracieuse et très évocatrice d'Annie Proulx, que je découvre ici avec grand plaisir, paraît faite pour ça, et une fois passées les premières pages toujours un peu sibyllines de chaque récit, le lecteur se laisse vite gagner par l'ambiance si particulière, tendue et énigmatique qui émane de chacune des nouvelles.

Souvent le tonnerre gronde, des bourrasques agitent les futaies et sèment le désordre aux seuils des mobile-homes et des vieilles bicoques, mais les héros d'Annie Proulx tiennent bon, ressassant à demi-mot leurs souvenirs, leurs rancoeurs et leurs rêves avortés.
Survient alors le dénouement, toujours imprévisible, abrut et sec, à l'image de ces "campagnes rudes et sans attrait aux arbres rigides, avec des blocs de pierre éclatés par le gel et des gorges envahies d'ombre".

Un recueil étonnant, plein de rudesse et de beauté, sur un monde à la marge et en voie d'extinction.
Commenter  J’apprécie          153



Ont apprécié cette critique (14)voir plus




{* *}