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Critique de Errant


Comme pour chaque tome de la Recherche jusqu'ici, je ressors avec des sentiments partagés, voire contradictoires. J'ai ri à de nombreux passages où Proust se moque des défauts de langage de différents personnages, le plus savoureux sans doute concerne le directeur de l'hôtel de Balbec. le narrateur devient aussi de plus en plus caustique dans ses observations sur les moeurs des aristocrates, leur pédanterie, leur mauvaise foi; il décortique, à mon plus grand plaisir, ces comportements stéréotypés où les apparences font loi. Les opinions émises ici et là sur les hommes-femmes m'ont semblé nébuleuses quoiqu'intéressantes, mais on sent une certaine retenue, voire un malaise, à aborder le sujet de front, bien que pour l'époque ce soit déjà probablement beaucoup. J'aime bien aussi retrouver les personnages qu'on a appris à connaître au fil des tomes précédents. L'écriture reste musicale à la façon de Mahler; complexe et envoûtante, riche et précise à la fois. Je reste parfois, et finalement assez souvent, bouche bée devant les enchevêtrements de mots, tangentes et digressions qui, comme par magie, finissent par se réaligner pour former non seulement un propos cohérent, mais aussi une oeuvre d'art en soi.

Par contre, l'étalage d'érudition mythologique m'a agacé, moins toutefois que les longs et ennuyeux passages sur la toponymie. le narrateur m'apparaît de plus en plus odieux dans son comportement envers Albertine à qui, notamment, il ment comme un arracheur de dents à propos d'un supposé mariage, juste pour susciter sa jalousie. C'est vrai qu'en cette matière il s'y connaît, lui qui, prêt à laisser Albertine, retarde son projet parce que sa mère a osé lui suggérer de la faire, abandonne carrément l'idée lorsqu'il pense que sa belle aurait peut-être eu des relations lesbiennes et se démène comme un diable dans l'eau bénite pour la priver de toute tentation de récidive. J'ai rarement rencontré des personnages dotés d'une telle confusion de sentiments doublée de comportements aussi discutables. Malgré ces montagnes russes, l'aventure se poursuit et il me tarde déjà d'entamer «La prisonnière».
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