AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lydia4


Je viens de refermer le 6ème tome de la Recherche principalement consacré à Albertine qui vient de quitter brusquement le domicile du narrateur où elle vivait depuis le retour de Balbec.

Lorsque Françoise lui annonce qu'Albertine est partie ce matin tôt avec ses malles, le narrateur ressent une forte douleur. Et pourtant, combien de fois a-t-il pensé et dit qu'une séparation était préférable ? Il se rend soudain compte de la force de l'amour qui le lie à la jeune femme.

Le narrateur se convainc que sa compagne reviendra vite mais ce n'est pas le cas. Il envoie, en désespoir de cause, son ami Saint-Loup, chez Mme Bontemps, chez qui Albertine est hébergée, pour qu'elle revienne. Peine perdue. D'ailleurs, Albertine lui écrit qu'elle aurait préféré qu'il s'adresse à elle directement.

Il apprend qu'Albertine est partie car Mme Bontemps voulait la marier à un certain Octave, bon parti car le narrateur n'avait pas fait sa demande et aussi en raison de sa jalousie maladive.

Au comble de la souffrance, le narrateur écrit à Albertine pour la supplier de revenir. le jour de l'envoi de cette lettre, il apprend par un télégramme de Mme Bontemps qu'Albertine est morte ! Un accident de cheval est la cause de ce décès violent. Peu de temps après, il reçoit deux lettres d'Albertine, à titre posthume, dont une par laquelle elle le supplie de pouvoir revenir auprès de lui.

Alors, une période de deuil s'ouvre. Après le départ d'Albertine il avait entamé un deuil de leur relation mais avec le décès, le deuil se transforme. Albertine n'est plus, rien ne pourra la faire revenir.


Le narrateur passe par une phase d'enfermement dans sa chambre et en soi. Il est inconsolable et idéalise sa relation avec Albertine. Ensuite, sa jalousie et sa volonté d'en savoir plus sur les penchants sexuels de son ancienne compagne le poussent à interroger Andrée qui avoue qu'Albertine était bien lesbienne et qu'elle avait des aventures avec des jeunes filles que Morel, ancien amant de Charlus, lui amenaient. Est-ce vrai ou faux ?

Pour percer le mystère, le narrateur envoie Aimé, mener l'enquête jusqu'à Nice. Il confirme qu'Albertine aimait les femmes.

Après cette phase petit à petit, l'oubli s'installe malgré des réminiscences de sa vie avec Albertine.

La mère du narrateur décide d'un voyage à Venise avec son fils. Les pages sur Venise sont très belles. Ils rencontrent d'anciennes connaissances des salons.

Alors qu'ils sont dans le train qui les ramènent chez eux, la mère et le fils ont la surprise d'apprendre, à la lecture de lettres, que deux mariages étonnants vont avoir lieu, celui de Saint-Loup avec Gilberte que le narrateur a aimée dans son enfance et celui du "petit Cambremer" avec Mlle d'Oloron.

Retour en France. Nous croisons à nouveau d'anciens personnages de la Recherche et notamment Gilberte. Elle se marie avec Saint-Loup mais visiblement n'est pas heureuse. Elle sait que son mari la trompe. le narrateur apprendra que Saint-Loup est également un inverti, qu'il a des relations, notamment avec Morel, et qu'il cache son orientation sexuelle en se montrant avec des femmes qui sont considérées comme ses maîtresses. Avec ces mariages, le côté de Guermantes et celui de Méséglise se rejoignent mais il n'ont plus le même charme que dans le passé pour le narrateur.

Ce tome est celui d'une introspection. le narrateur nous livre ses réflexions et ses états psychologiques. Ses deuils (de la relation d'abord et d'Albertine ensuite) sont sombres, douloureux. Sa souffrance est indicible. Mais comme pour tout deuil, la phase de l'oubli, ou plutôt de l'acceptation de la mort, arrive enfin et le narrateur peut à nouveau vivre. Cependant, il se rend compte qu'avec le temps, ce qu'il avait aimé auparavant s'est transformé : de son amour pour Albertine à ses souvenirs de Combray. Au moins, dans ce volume, a-t-il eu la joie de lire dans Le Figaro, un article qu'il avait envoyé au journal. Il est fier.

J'ai beaucoup aimé Albertine disparue. le narrateur m'est apparu plus proche et son deuil d'un amour perdu m'a bouleversée. le temps permet de soigner les blessures mais il fait mûrir aussi.
Commenter  J’apprécie          241



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}