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Critique de Prailie


Le recueil s'ouvre sur une nouvelle dans la veine du symbolisme et du "décatentisme", avec de grandes figures aristocratiques joliment poétisées et, en personnage de premier plan, un jeune prince rongé par la maladie, que regarde avec admiration son neveu d'abord dévoré d'angoisse puis gagné par les petis soucis de l'adolescence ...
Vient ensuite une nouvelle aux allures de conte moral qui met en scène une jeune et belle princesse des années 20 ou 30, laquelle va se laisser prendre aux séductions stériles, aux " vanités" de la vie mondaine...
Ça y est: le thème est lancé! Dans une bonne partie du recueil il sera ensuite repris, modulé, amplifié. Variations sur le snobisme, sur la mondanité, sur la passion des arbres généalogiques qui "plongent leurs racines dans la plus antique terre française", avec pour corollaires l'obsession du "chic" ou de la pose "artiste", et la petite comédie des rivalités, des masques, des réputations usurpées... Vient alors une série de courts portraits, féminins d'abord, dont chacun développe un aspect particulier des travers mondains [Avec leurs improbables noms à la grecque, ou inspirés par la Comédie dell'arte, ces charmants monstres sociaux ne sont pas sans rappeler les "Caractères" de la Bruyère!].
Après cela encore, un pastiche de Flaubert: avec l'inépuisable sérieux qui les caractérise Bouvard et Pécuchet y examinent, entre autres, les codes de la conversation de salon: propos sur la littérature, manière de se tenir ou de se présenter, etc. etc.
Puis une série de poèmes, qui sont autant de portraits versifiés de peintres ou de musiciens (pastiche de Baudelaire?) , après quoi des évocations de lieux célèbres qui sont autant de poèmes en proses, pleins de charme et de mélancolie. Aussi,
une tragique confession de jeune fille qui passait pour un ange de pureté, et que sa mère a surprise dans une scène d'ébats amoureux (confession intime transposée au féminin?).
Et de plus en plus souvent, au fil des pages qui s'égrènent, l'impression d'entendre comme le galop d'essai de nombreuses pages de la Recherche . On pense à Swann malade, dans le regard du narrateur enfant... A l'amour du narrateur pour Gilberte... Par exemple lorsque, dans Les Rivages de l'Oubli, le narrateur évoque un amour de jeunesse ("Nous savions seulement qu'elle ne nous rendait pas notre amour, nous comprenons maintenant qu'elle avait pour nous une véritable amitié")....
Ou bien encore dans La Fin de la jalousie (la dernière nouvelle) ) quand il explore les tourments éprouvés par Honoré dans son amour pour la belle et tendre Françoise Seaune, tortures dont il ne sera délivré que sur son lit de mort, après qu'il aura été renversé par un cheval et qu'il confondra dans la même tendresse distanciée, bienveillante, toutes les personnes présentes à son chevet..
On notera, pour la forme, que le recueil qui s'était ouvert sur la maladie et la mort se referme sur l'accident et sur une mort apaisée, réconciliatrice...

NOTA BENE: c'est pour moi-même, pour m'en souvenir , que j'ai pris ces quelques notes, et les ai faites si détaillées...
Ami Lecteur, si tu as pris la peine de me lire jusqu'ici, c'est sans doute que tu es un amateur éclairé de l'oeuvre de Proust. Auquel cas tu n'as sans doute pas besoin de guide pour lire ou pour relire Les Plaisirs et les jours....
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