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Critique de Polomarco


Au récit de la construction du phare de la Jument au sud-ouest de l'île d'Ouessant, l'ouvrage d'Henri Queffélec ajoute une histoire d'amour entre Alain, fils d'un pêcheur de Molène, et Françoise, la fille d'un agriculteur d'Ouessant. Deux histoires en une, donc, mais la seconde est de trop. J'ai en effet trouvé que la première -véridique et passionnante- se suffisait à elle-même, et rendait l'autre fade.
L'histoire relate le legs de 400.000 francs que Charles-Eugène Potron fit à l'Etat en 1904 pour la construction -en sept ans maximum- d'un phare en mer d'Iroise, où des écueils mortels sont responsables de nombreux naufrages. Là-bas, les îliens se souviennent tous du naufrage du paquebot Drummond Castle, sur les Pierres Vertes, à l'ouest de Molène, le 16 juin 1896, seize ans avant le drame du Titanic. Potron lui-même, lors d'une navigation dans cette zone, avait bien cru voir sa dernière heure arriver.
Pour le choix de l'emplacement, le récif des Pierres Vertes n'est finalement pas retenu, ni celui de Men-Tensel. C'est celui de la Jument, Ar-Gazek en breton, à l'entrée sud du courant du Fromveur, qui est choisi. Peu importe, ce qui est impératif, c'est de prévenir les marins des dangers invisibles et de leur donner des points de repère.
Les pages 93-94 (de l'édition France Loisirs), qui nous indiquent les difficultés à construire un phare en pleine mer, montrent à quel point il s'agit d'une prouesse : le repérage du rocher sous-marin qui servira de socle au phare, puis les travaux de construction, exigent une grande marée basse, c'est-à-dire d'un coefficient assez élevé pour permettre au rocher d'émerger, et un beau temps, c'est-à-dire une mer peu agitée et une faible houle, qui permettent d'y accoster. Autant dire que ces conditions sont rarement réunies, voire jamais entre novembre et mars. Lorsqu'elles le sont, on découvre une roche très étroite, constamment balayée par la mer, sur laquelle on ne peut jamais rester plus de quatre heures, le temps qui sépare de la marée suivante...

Une fois le livre refermé, tout un vocabulaire spécifique nous est devenu familier : l'étoc (le récif, l'écueil), le jusant (la marée descendante), l'étale (le temps pendant lequel la mer ne descend plus, ni ne monte). le roman se termine au 28 décembre 1917, date à laquelle le phare est temporairement évacué pour des raisons de sécurité, et donc éteint. On assiste, juste avant, aux premiers essais du phare, fin 1911, où les cinq premiers occupants, dont un monteur-électricien et un cuisinier, furent bloqués deux mois dans des conditions dantesques (coups de boutoir de la mer en furie, oscillations du phare, suintements d'eau de mer, vitres cassées, fuites de mercure, etc.).

Si le fond du récit est d'un grand intérêt, je n'ai pas aimé sa forme. le style un peu hâché rend parfois le récit peu fluide, obligeant à relire certaines phrases pour en comprendre le sens. Parfois, ce sont des phrases incomplètes, des allusions, des mots abstraits, des images. On a parfois du mal à avoir prise sur le récit. Mais le plus important n'est-il pas que les travaux de maçonnerie du phare aient bien prise sur le rocher ?
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