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Henri Queffélec (Autre)
EAN : 9782266308076
448 pages
Pocket (16/07/2020)
3.75/5   16 notes
Résumé :
1904, au large d'Ouessant. Sur ce bras de mer si meurtrier, dans lequel les naufrages s'enchaînent, on commence l'érection du phare de la Jument. Grâce au legs de Charles-Eugène Potron, voyageur et membre de la Société géographique de Paris. Mais le don de 400 000 francs-or comprend une condition non-négociable. Le phare devra être construit dans les sept années qui suivent. Sinon l'argent reviendra à une autre cause. Dès lors, les hommes vont s'atteler à une très d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Au récit de la construction du phare de la Jument au sud-ouest de l'île d'Ouessant, l'ouvrage d'Henri Queffélec ajoute une histoire d'amour entre Alain, fils d'un pêcheur de Molène, et Françoise, la fille d'un agriculteur d'Ouessant. Deux histoires en une, donc, mais la seconde est de trop. J'ai en effet trouvé que la première -véridique et passionnante- se suffisait à elle-même, et rendait l'autre fade.
L'histoire relate le legs de 400.000 francs que Charles-Eugène Potron fit à l'Etat en 1904 pour la construction -en sept ans maximum- d'un phare en mer d'Iroise, où des écueils mortels sont responsables de nombreux naufrages. Là-bas, les îliens se souviennent tous du naufrage du paquebot Drummond Castle, sur les Pierres Vertes, à l'ouest de Molène, le 16 juin 1896, seize ans avant le drame du Titanic. Potron lui-même, lors d'une navigation dans cette zone, avait bien cru voir sa dernière heure arriver.
Pour le choix de l'emplacement, le récif des Pierres Vertes n'est finalement pas retenu, ni celui de Men-Tensel. C'est celui de la Jument, Ar-Gazek en breton, à l'entrée sud du courant du Fromveur, qui est choisi. Peu importe, ce qui est impératif, c'est de prévenir les marins des dangers invisibles et de leur donner des points de repère.
Les pages 93-94 (de l'édition France Loisirs), qui nous indiquent les difficultés à construire un phare en pleine mer, montrent à quel point il s'agit d'une prouesse : le repérage du rocher sous-marin qui servira de socle au phare, puis les travaux de construction, exigent une grande marée basse, c'est-à-dire d'un coefficient assez élevé pour permettre au rocher d'émerger, et un beau temps, c'est-à-dire une mer peu agitée et une faible houle, qui permettent d'y accoster. Autant dire que ces conditions sont rarement réunies, voire jamais entre novembre et mars. Lorsqu'elles le sont, on découvre une roche très étroite, constamment balayée par la mer, sur laquelle on ne peut jamais rester plus de quatre heures, le temps qui sépare de la marée suivante...

Une fois le livre refermé, tout un vocabulaire spécifique nous est devenu familier : l'étoc (le récif, l'écueil), le jusant (la marée descendante), l'étale (le temps pendant lequel la mer ne descend plus, ni ne monte). le roman se termine au 28 décembre 1917, date à laquelle le phare est temporairement évacué pour des raisons de sécurité, et donc éteint. On assiste, juste avant, aux premiers essais du phare, fin 1911, où les cinq premiers occupants, dont un monteur-électricien et un cuisinier, furent bloqués deux mois dans des conditions dantesques (coups de boutoir de la mer en furie, oscillations du phare, suintements d'eau de mer, vitres cassées, fuites de mercure, etc.).

Si le fond du récit est d'un grand intérêt, je n'ai pas aimé sa forme. le style un peu hâché rend parfois le récit peu fluide, obligeant à relire certaines phrases pour en comprendre le sens. Parfois, ce sont des phrases incomplètes, des allusions, des mots abstraits, des images. On a parfois du mal à avoir prise sur le récit. Mais le plus important n'est-il pas que les travaux de maçonnerie du phare aient bien prise sur le rocher ?
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Dès le premier paragraphe, décrivant l'océan s'échouant sur les rochers, j'ai été conquise par cette lecture. Henri Queffelec revient dans ce roman sur la construction du phare de la Jument, rendue possible grâce au legs d'un membre de la Société géographique de Paris et voyageur, Charles-Eugène Potron. Seules conditions dans son testament : que celui-ci soit érigé aux abords de Ouessant et qu'il soit construit en 7 ans.
Queffelec partage alors son récit entre les échanges au sein des grandes instances du Service des Phares et Balises, la mise en oeuvre du chantier et la vie du jeune Alain, dont l'avenir sera déterminé par la construction du phare.
L'écriture est très évocatrice, le récit prenant et passionnant. Un agréable moment de lecture.
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Bel hommage aux pionniers du Service des Phares et Balises.
L'histoire particulière du phare de la Jument, au large d'Ouessant, vient d'une clause du testament de Mr Charles-Eugène Potron. En effet, en 1904, il léguait 400 000 francs-or pour l'édification d'un phare à condition que celui-ci soit construit dans un délai de 7 ans. Un vrai cadeau empoisonné !
Dans un récit bien documenté sans être rébarbatif, Henri Queffelec nous fait revivre l'édification de ce phare aux côtés des hommes qui en ont eu la charge, entre les bureaux feutrés de la rue du Trocadéro et la pointe bretonne. Certaines visites de chantier sont vraiment épiques.
Les aventures, entièrement fictives, d'Alain Creignou fils de marin de Molène et de Françoise Mescam fille de paysan d'Ouessant m'ont moins convaincue. Leur destin est lié de façon trop artificielle au phare pour être crédible. Cependant, il n'y a rien de rédhibitoire et cela permet de découvrir un peu de la vie sur ces îles.
Le gros problème, c'est qu'à la fin de ce roman, le phare de la Jument n'est pas opérationnel. Il y a une suite : « La Lumière enchaînée ». Pourquoi avoir scindé ce récit en deux parties ? Mystère, mais c'est frustrant !
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Je suis tombé par hasard sur ce roman dans une boîte à livres et j'en suis très content. C'est un peu un électrochoc. On se rend compte, dès les premières lignes, que les auteurs d'aujourd'hui nous habituent à des lectures faciles, le style, le vocabulaire sont devenus simpliste. du coup la lecture n'est pas toujours simple, c'est parfois un peu long, mais l'histoire est très intéressante. Un auteur feel good pourrait s'en emparer et le mettre au goût du jour pour toucher un large public…ce serait dommage…
Il y a visiblement une suite mais rien n'oblige à la lire…
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
L'odeur de la mer roulait sans bruit vers eux, sur eux, autour d'eux, refoulant les senteurs de la terre, et l'on entendait avec le bruit régulier, appliqué des vagues sur la côte voisine, venir comme un écho assourdi et massif le fracas d'une lame contre un étoc du large... Un feu brillait, aussi, là-bas. C'était Lui. Ou c'était Elle... Selon qu'on pensait la roche ou le phare... C'était la Jument. Le nouveau-né.
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Année après année, mètre cube de maçonnerie par mètre cube de maçonnerie, il avait fallu arracher l'exécution d'Armen à l'exigüité d'une roche, à la sauvagerie tyrannique de l'Océan. Et puis ! Une fois qu'on avait réussi à édifier l'ouvrage, il s'était révélé château branlant. Il avait fallu -encore une lutte menée dans l'angoisse- le reprendre par la base. Et aujourd'hui, chaque soir, le phare d'Ar-Men s'allumait, quel que fût l'état de la mer et du ciel, à la minute réglementaire, imperturbable. Et des
centaines de navigateurs déchiffrant leur route le guetteraient dans la nuit (Première partie - chapitre III).
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Les grands calvaires qui se dressent dans quelques-uns des cimetières de Bretagne et passent pour des monuments originaux de la province, se déploient toujours au-dessus d'un vaste et robuste soubassement, qui a reçu le nom technique de « mace ». Chaque phare de mer, aussi, monte au-dessus d'une plate-forme, d'un bloc de béton qui fournit à la tour une meilleure assise et la délivre du plus grand nombre des chocs de vagues. L'ingénieur de Joly s'attend que la plate-forme de la Jument soit achevée en 1906... Méfiance, travailleurs. Veillez que le beau fût que vous commencerez peut-être d'édifier en ouvrant la campagne de 1907 ne mérite jamais de s'appeler un calvaire...
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Année après année, mètre cube de maçonnerie par mètre cube de maçonnerie, il avait fallu arracher l'exécution d'Ar-Men à l'exiguïté d'une roche, à la sauvagerie tyrannique de l'Océan. Et puis ! Une fois qu'on avait réussi à édifier l'ouvrage, il s'était révélé château branlant. Il avait fallu - encore une lutte menée dans l'angoisse - le reprendre par la base. Et aujourd'hui, chaque soir, le phare d'Ar-Men s'allumait, quel que fût l'état de la mer et du ciel, à la minute réglementaire, imperturbable. Et des centaines de navigateurs déchiffrant leur route le guetteraient dans la nuit. Il gardait quant à ses drames la même discrétion que le solide guerrier du désert dont on ne voit que le yeux dans son burnous et qui a pu être nouveau-né souffreteux, disputé à la mort... Ar-Men. Une défaite, refusée, qui se transforme en victoire. La technique, dont les méthodes s'amélioraient chaque jour, y tenait un encouragement merveilleux pour ses audaces. Jamais peut-être l'ingénieur Eiffel n'eût dressé en plein Paris, sur le Champs-de-Mars, face à la colline du Trocadéro, la girafe de métal, harmonieuse et démesurée, dont le monde entier, après Paris, était en train de s'enticher, s'il n'avait eu l'exemple de la stabilité d'Ar-Men.
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L'ancien séminariste a invité Alain à se rappeler le nom de Saint-Brieuc. Passé cette gare, où l'on change de locomotive, tu te mettras dans le couloir. Quatre ou cinq minutes il y aura des champs, le talus de la voie, et crac, attention ! Tu verras la mer. Pas un petit bout, mais un très grand, même si c'est le fond d'une baie. Regarde bien, petit, regarde, puisque tu pars pour quelque temps : car c'est la dernière fois que tu verras la mer, le train après roule toujours trop loin d'elle et, à Paris, tu seras vissé. Saint Brieuc, tu entends, Saint-Brieuc. Dans le couloir. La mer. La mer bretonne.
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Video de Henri Queffélec (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Henri Queffélec
Émission complète : http://www.web-tv-culture.com/naissance-d-un-goncourt-de-yann-queffelec-1317.html
Il est né à Paris mais ses racines sont belles et bien bretonnes. Yann Queffelec a toujours revendiqué cet attachement, il l?a prouvé dans plusieurs de ses ouvrages comme son « Dictionnaire amoureux de la Bretagne ». Plus jeune, il se rêvait aventurier sur les mers, prenant la plume au gré de ses escales. Car si la voile était sa passion, l?envie d?écriture était déjà présente, encouragée par une mère aimante et affectueuse. En revanche, côté paternel, ces velléités n?étaient pas bien vues. Pas facile pour le grand romancier de la mer que fut Henri Queffelec, grand prix de l?académie française en 1958 avec son « Royaume sous la mer » d?imaginer son fils marcher dans son sillon. Ce conflit père-fils qui perdura jusqu?à la mort d?Henri Queffelec a profondément marqué son fils Yann qui en a fait un livre « L?homme de ma vie ». Au-delà de ces souvenirs personnels, Yann Queffelec a aussi bien sûr écrit de nombreuses fictions mais toujours les relations familiales et le mal-amour se répondent en écho. Avec près d?une quarantaine d?ouvrages alternant romans, récits, essais ou poésie, le parcours d?auteur de Yann Queffelec est bien sûr marqué par le prix Goncourt, en 1985, avec « Les noces barbares ». Ce titre reste associé à la rencontre entre Yann Queffelec et l?éditrice parisienne Françoise Verny, une rencontre improbable, un soir d?hiver sur le quai d?un port de Bretagne, quand Françoise Verny eut cette phrase à destination du futur romancier « Toi, chéri, t?as une gueule d?écrivain ». On imagine la scène? Avec humour, tendresse et émotion, Yann Queffelec nous raconte les mois qui vont de cette rencontre portuaire inattendue à l?obtention du Goncourt, cette relation quasi filiale entre ce jeune auteur en devenir et cette éditrice, faiseuse de talents, à la personnalité bien trempée. Dans ce livre où le lecteur est pris à témoin par l?auteur, Yann Queffelec se dévoile, avec ses bons et ses mauvais côtés, il nous parle d?une époque peut-être révolue ou auteur et éditeur ne faisaient qu?un et il lève le voile sur le monde secret de l?édition parisienne. Tout cela avec une écriture pleine d?originalité, de sonorité et de poésie. « Naissance d?un Goncourt » de Yann Queffelec est publié chez Calmann-Lévy.
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