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Critique de Cancie


Lucien est alité. Il est entouré de murs blancs, trop blancs, et aimerait être capable « d'arracher d'un coup sec tous ces tuyaux pleins de fausse vie ». L'ensemble de ses membres, tous, les 224, vient de lui annoncer une grève surprise. Il décide alors de ralentir son coeur pour être enfin libéré et ainsi « Adieu les fourmis ! Les ombres envahissantes ! Les membres réfractaires ! » Mais voilà qu'une petite voix l'interpelle, lui conseillant qu'au lieu de se plaindre, il ferait mieux d'aller voir derrière ces murs et d'aller à la découverte de son précipice, pour apprendre qui il est. Un seul moyen pour entreprendre ce voyage, embarquer à bord d'une phrase, saisir la première phrase intéressante qui passe et sauter dessus.
Lucien va alors nous embarquer avec lui dans ce périple initiatique extraordinaire et époustouflant.
Imaginez un quai avec des phrases de toutes sortes arrimées au ponton et Lucien devant en choisir une. La vue de ces phrases le conduit à des réflexions existentielles et lui procure d'étranges sensations. Et même de terribles émotions et d'horribles frissons vont l'étreindre à la découverte d'une certaine phrase à la police impressionnante.
J'ai été stupéfaite par l'originalité et l'imagination débridée dont a fait preuve Laurent Quenneville dans ce roman, à l'allure de conte, pour aller à la rencontre de soi-même et comprendre qui l'on est et j'ai été éblouie par cette écriture magnifique, ciselée et unique, au vocabulaire riche. Ma rue à moi est une véritable ode aux lettres, aux mots, aux phrases, à la littérature en général.
L'auteur jongle avec les mots, avec les phrases mais son récit teinté de poésie n'est pas pour autant dénué d'humour, notamment lorsque Lucien va faire connaissance avec cette lettre étrangère, cette lettre grecque Oméga. Ce sera l'occasion pour l'écrivain d'évoquer entre autres les langues mortes, la mondialisation, les migrants. Et lorsque « ce O deux fois plus grand mais non fermé et muni de deux pieds qui dépassaient de sa base et qui lui donnaient l'allure de Charlot », parle à Lucien avec l'accent, je suis restée comme lui bouche bée ! de même lorsqu'il va se retrouver dans la manifestation des lettres, en présence malgré lui du z qu'il n'avait pas reconnu, à sa question : Qui es-tu ? Celle-ci répondra : Za ne ze voit pas ? Ze suis la dernière pardi !
Quant à l'épilogue, il m'a permis d'éclairer ma lecture et de mieux comprendre certains épisodes de cette expédition onirique. Tellement sous le charme, je n'ai pas résisté à une deuxième lecture, ce qui m'est plutôt inhabituel, afin de m'imprégner encore davantage de ce si bel ouvrage !
La force de l'auteur est d'avoir fait de cette aventure fictionnelle, un propos universel qui touche chacun de nous.
Ma rue à moi, ce roman aux nombreuses métaphores devrait combler tous les amateurs de belles lettres et de beaux mots !
Je remercie Julie qui m'a permis cette magnifique découverte !

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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