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EAN : 978B08H8PLQPP
125 pages
Librinova (02/09/2020)
4.85/5   33 notes
Résumé :
Le moindre traumatisme dans l’enfance creuse un sillon que la vie ne pourra jamais reboucher. Les cellules ont une mémoire.

En proie à des invasions massives de fourmis et victime d’une grève générale de ses membres, Lucien n’en mène pas large dans sa chambre blanche, si blanche… jusqu’à ce qu’une voix prenne la parole et l’invite à traverser le mur et embarquer à bord d’une phrase afin de descendre son précipice.

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Critiques, Analyses et Avis (53) Voir plus Ajouter une critique
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L'histoire de Lucien est étonnante, déroutante, angoissante parfois mais, patience, il faut aller jusqu'à la révélation finale pour en apprécier toute la saveur.
Ma rue à moi, de Laurent Quenneville, débute dans une chambre d'hôpital aux murs blancs. Lucien est allongé. Son corps refuse de bouger. On ne sait trop quel âge il a : 8… 9… 10 ans…
Ce qui est sûr, c'est qu'il a froid, n'a plus d'appétit et qu'il a peur de Madame Petiteignes, la Directrice. Heureusement, Joseph, l'interne béninois est à son écoute et lui donne une couverture.
Alors qu'il est en plein désespoir, il entend une voix, dans un coin de sa cervelle, qui l'incite à réagir, à explorer « son précipice », découvrir qui il est exactement. Cette voix intérieure, est-ce sa conscience, son subconscient ? Il ne sait pas mais motivé par elle, Lucien David décide de traverser le mur blanc de sa chambre…
Commence alors un bien étrange voyage marqué par les phrases, les lettres, leur taille, leur corps, leur police, termes techniques qui intriguent. Laurent Quenneville démontre alors une imagination fertile avec de riches trouvailles sur ces phrases qui vous embarquent et ces lettres qui luttent pour ne pas être oubliées, comme cet omega, ce O grec, sorte de travailleur émigré heureux de trouver un poste déclaré sur la devanture d'un restaurant proposant des spécialités grecques, bien sûr !
Enfin, il y a Robert, le rat au pelage multicolore qui a subi les effets secondaires causés par les médicaments. Il lui renifle le ventre, parle de son cousin, le rat des champs victime d'un nouveau produit pour faire pousser plus vite sa récolte. Au fait, il s'appelle comme son voisin de chambre…
Au fil de ma lecture, je suis intrigué par « ARBEIT MACHT FREI » qui revient à plusieurs reprises comme « A 349507 » dont l'épilogue résoudra l'énigme. Avec toutes ces rencontres, cette Chloé si belle dont il tombe aussitôt amoureux avant qu'elle disparaisse et cette rue, cette maison, ce désert, tout ce sable se révélant un amoncellement de lettres… Que de mystères ! Que de questions !
Ma rue à moi est d'une écriture soignée offrant quelques mots rares au passage comme épair, arénacé ou encore haftling, mot allemand signifiant détenu, prisonnier… Les chapitres assez courts ne sont jamais ennuyeux même si, à plusieurs reprises, je me suis demandé où Laurent Quenneville pouvait bien m'emmener.
Inévitablement, j'échafaudais des hypothèses se révélant inexactes au fil des pages et je salue le talent de l'auteur qui a su me conduire au bout de l'histoire de Lucien David avec tact, imagination, un peu de fantastique, beaucoup de poésie et tellement d'humanité.

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Lucien est alité. Il est entouré de murs blancs, trop blancs, et aimerait être capable « d'arracher d'un coup sec tous ces tuyaux pleins de fausse vie ». L'ensemble de ses membres, tous, les 224, vient de lui annoncer une grève surprise. Il décide alors de ralentir son coeur pour être enfin libéré et ainsi « Adieu les fourmis ! Les ombres envahissantes ! Les membres réfractaires ! » Mais voilà qu'une petite voix l'interpelle, lui conseillant qu'au lieu de se plaindre, il ferait mieux d'aller voir derrière ces murs et d'aller à la découverte de son précipice, pour apprendre qui il est. Un seul moyen pour entreprendre ce voyage, embarquer à bord d'une phrase, saisir la première phrase intéressante qui passe et sauter dessus.
Lucien va alors nous embarquer avec lui dans ce périple initiatique extraordinaire et époustouflant.
Imaginez un quai avec des phrases de toutes sortes arrimées au ponton et Lucien devant en choisir une. La vue de ces phrases le conduit à des réflexions existentielles et lui procure d'étranges sensations. Et même de terribles émotions et d'horribles frissons vont l'étreindre à la découverte d'une certaine phrase à la police impressionnante.
J'ai été stupéfaite par l'originalité et l'imagination débridée dont a fait preuve Laurent Quenneville dans ce roman, à l'allure de conte, pour aller à la rencontre de soi-même et comprendre qui l'on est et j'ai été éblouie par cette écriture magnifique, ciselée et unique, au vocabulaire riche. Ma rue à moi est une véritable ode aux lettres, aux mots, aux phrases, à la littérature en général.
L'auteur jongle avec les mots, avec les phrases mais son récit teinté de poésie n'est pas pour autant dénué d'humour, notamment lorsque Lucien va faire connaissance avec cette lettre étrangère, cette lettre grecque Oméga. Ce sera l'occasion pour l'écrivain d'évoquer entre autres les langues mortes, la mondialisation, les migrants. Et lorsque « ce O deux fois plus grand mais non fermé et muni de deux pieds qui dépassaient de sa base et qui lui donnaient l'allure de Charlot », parle à Lucien avec l'accent, je suis restée comme lui bouche bée ! de même lorsqu'il va se retrouver dans la manifestation des lettres, en présence malgré lui du z qu'il n'avait pas reconnu, à sa question : Qui es-tu ? Celle-ci répondra : Za ne ze voit pas ? Ze suis la dernière pardi !
Quant à l'épilogue, il m'a permis d'éclairer ma lecture et de mieux comprendre certains épisodes de cette expédition onirique. Tellement sous le charme, je n'ai pas résisté à une deuxième lecture, ce qui m'est plutôt inhabituel, afin de m'imprégner encore davantage de ce si bel ouvrage !
La force de l'auteur est d'avoir fait de cette aventure fictionnelle, un propos universel qui touche chacun de nous.
Ma rue à moi, ce roman aux nombreuses métaphores devrait combler tous les amateurs de belles lettres et de beaux mots !
Je remercie Julie qui m'a permis cette magnifique découverte !

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J'ai apprécié ce livre, qui montre une originalité de thème et de ton, et une grande inventivité dans l'expression. Toutefois, je n'ai pas réellement accroché et suis restée trop à l'extérieur, comme spectatrice de la narration, qui se déroulait sous mes yeux de lectrice.

Un jeune garçon, Lucien, végète dans sa chambre d'hôpital, aux murs trop blancs, et commence à envisager de ralentir les battements de son coeur pour en finir, mais une mystérieuse voix l'encourage à traverser les murs et à rejoindre son précipice intérieur. Après diverses péripéties dans son évasion, au saut de la barque-phrase qui l'a amené à bon port, Lucien rejoint un fabuleux endroit, une rue aux maisons colorées, au tarmac qui se soulève tel une couverture pour dormir confortablement dessous, une fête foraine derrière un mur végétal, animée d'une grande roue... Une belle jeune fille, Chloé, apparaît et devient son guide, puis disparaît tout aussi mystérieusement.

Dans cette quête intérieure, Lucien rencontre différents personnages, ou êtres : Robert, le rat arc-en-ciel, Olmi la fourmi travailleuse sur les docks (il ne faut pas lui en promettre), Omega le O grec qui cherche un travail fixe, le z minuscule qui atterrit sur son doigt, tout un monde fantaisiste et poétique qui a l'art de lui raconter de belles histoires... qui peut-être viennent de sa propre imagination. Les ennemis ou dangers ne manquent pas non plus, de même que les tempêtes, le désert, et Lucien doit parfois aller jusqu'au bout de ses forces pour continuer son périple, et savoir, peut-être, ce qu'il est venu chercher. Par exemple : qui sont ces deux visages sur la grande roue ? Pourquoi cette expression qui revient dans sa chanson des rues telle un refrain discordant, "Arbeit macht frei", le fait-elle grincer des dents ? de quoi devrait-il se souvenir ? Que préfère-t-il oublier ? C'est à coup sûr transformé que Lucien reviendra de son décor personnel...

Le récit nous entraîne dans une folle sarabande de mots et d'idées, et laisse voir une passion immodérée pour les mots, leur sens, pour les petites chevilles ouvrières de la littérature ; ce roman est un manifeste original, une déclaration d'amour, à la langue et à ses possibilités. J'ai souvent pensé à Boris Vian, voire à Erik Orsenna dans La Grammaire est une chanson douce. Et pourtant, je n'ai pas suivi la fougue de ce roman comme je l'aurais souhaité, je suis restée derrière, poussive et tirant la langue. En partie j'ai regretté de trouver dans le livre des coquilles qui à mon sens étaient évitables, cela m'a ennuyée. Peut-être aussi qu'aujourd'hui j'aime plus les livres qui parlent des autres que de soi. C'est en grande partie une question personnelle qui ne préjuge pas de la qualité du roman, que les lecteurs pourront apprécier pour sa verve.

Je remercie l'auteur pour sa confiance et sa proposition de me faire découvrir ce roman.
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Lucien est allongé, à l'hôpital semble-t-il, son corps fourmille et lui interdit de se lever. Une voix dans sa tête lui dit de traverser le mur face à lui pour aller à la recherche de son précipice. A sa suite on embarque sur une jolie phrase : «Aussi loin que tes rêves te porteront…» !

Le voyage le malmène et nous malmène à notre tour. Il le débarque au pays des lettres et des alphabets, de toutes casses et toutes fontes, de rêves en cauchemars jusqu'aux confins de ses souvenirs !

Etrange et troublante lecture, imaginative et poétique ! Il faut se laisser porter par les mots, les flots, les réminiscences de Lucien sans chercher à comprendre. Petit à petit la compréhension nous envahit et la tristesse en bagage ! le pouvoir des mots !

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Comment commenter un livre d'une telle intensité, d'une poésie aussi raffinée ? Alors, je demande tout d'abord à l'auteur de m'excuser pour cet avis si fade face à la beauté de ses pages.

Je ne pleure jamais en lisant un livre. C'est la première fois que mon émotion ne peut s'exprimer qu'à travers les larmes. Comment un auteur a-t-il pu à ce point me chambouler ? Parce qu'il m'a embarquée dans un voyage intérieur et m'a fait toucher les profondeurs de mon âme. Parce que s'il « raconte » l'histoire de Lucien, il raconte aussi la notre et nous emmène à sonder nos peurs, nos angoisses, nos bonheurs et nos joies.
La véritable question de ce roman pourrait-être : Que se cache-t-il sous l'apparence des choses ? D'ailleurs, « Ma rue à moi » sous sa presque simplicité de surface, est un boite que l'on ouvre et qui dévoile des trésors de poésie, d'imagination, d' émotions et d'humour. Comme Alice au pays des merveilles, nous pénétrons dans une contrée étrange, dans laquelle, les formes, les mots ont une toute autre matière que dans notre réalité. Mais, ceux-ci, justement ne sont pas si irréels que cela puisqu'ils décrivent notre moi le plus profond. Il faut aller découvrir son propre précipice, aussi déroutant soit-il, pour réapprendre à vivre, à se connaître, pour trouver un sens à notre existence, à nos souffrances, à nos rêves. « il faut que tu ailles à la découverte de ton précipice… Celui que nous avons tous et qui fait très peur. Apprendre qui tu es avant d'apprendre qui sont les autres es la première démarche que tout homme devrait entreprendre avant de faire le premier pas »
Ce roman est un conte initiatique lumineux, triste, plein de promesses et de fous-rires, plein de renoncements et d'espoir. Entrer dans ses pages, c'est se découvrir soi en se laissant emporter sur les vagues, basculer par les tempêtes et se reposer sur les plages du rivage. Nous voguons de métaphores en métaphores, les mots et les phrases deviennent notre bateau, les personnages nos guides.
« A l'horizontalité des mots se dresse toujours une pensée et on ne voyage jamais aussi bien qu'avec les mots »
« Je marchais sur les pages de mon livre comme dans une forêt, les yeux sur les mots, évitant les mauvais, admirant les beaux. En remontant une longue, très longue phrase je tombai sur un tapis de doux adjectifs, je m'y prélassai un bon moment, respirai à plein poumons, caressai quelques belles majuscules quand je vis passer un convoi d'autres phrases encore plus savoureuses. Je courus aussi vite que je pus pour le rattraper, ce que je réussis malgré les embûches de certains adverbes et autres interjections. Je m'accrochai in extremis à la queue d'un Q pour me hisser sur le convoi. »
L'épilogue est époustouflant, car il éclaire tout ce qui précède et nous invite à lire une seconde fois le roman, d'une toute autre manière.
Merci monsieur Quenneville, je relirai votre écrit, l'offrirai à mes enfants, à mes amis.
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
En effet, il semblait bien qu’une révolution était en marche dans une belle union collective réunie au nom de la liberté d’expression. Certaines lettres criaient qu’elles ne voulaient plus des institutions mises en place depuis des millénaires. D’autres, plus virulentes, hurlaient que les langues, mortes ou vivantes devaient reprendre la main et avoir le dernier mot. (page 149)
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- Tu sais, le passé laisse parfois de lourdes traces. C’est la raison pour laquelle, nous ne leur parlons jamais de ce pourquoi ni à cause de qui elles ont été enfermées. Il faut tout faire pour qu’une langue ne meure pas et qu’ainsi se perpétuent les cultures du monde entier. Quand tu enlèves les mots aux hommes, il ne leur reste le plus souvent que les mains pour communiquer et ils n’en font pas toujours bon usage. (pages 86-87)
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Pardonne-moi si je te parais pressée mais si je laisse trop longtemps un mot ou une phrase dans la base, les gens finissent par oublier leur sens et ainsi ils s’éteignent sans transmettre ne serait-ce qu’une infime partie de leur expression aux générations futures.
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- Et bien sache que même le sens premier d’une phrase peut parfois en cacher un autre qu’il faut que tu repères le plus vite possible. Même parmi les plus sympathiques. Cela s’appelle les sophismes. Il n’y a pas pire sur cette bonne vieille terre que le sophisme. Tel le serpent, il t’encercle dans ses anneaux et te gobe sans que tu t’en rendes compte. (page 47)
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Quand on a un cœur, on n’a pas le droit de le ralentir. On a l’obligation de le laisser battre comme bon lui semble, c’est une politesse à rendre à la vie qui est une merveille et qu’il faut savoir savourer chaque instant. Car chacun de ceux-ci sont de véritables pépites et la mine n’en regorgera pas toujours. (page 22)
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