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Critique de pencrannais


Il est difficile de faire une critique neutre de ce livre qui possède d'énormes avantages et d'énormes défauts à mon avis.
Il s'agit d'un livre engagé, d'un pamphlet contre la Révolution française. L'auteur, historien confirmé, spécialiste (nostalgique ?) de l'ancien régime (la monarchie absolue) s'inscrit dans une tradition française d'historien contre-révolutionnaire.
C'est aussi un peu un mal français en Histoire, en tout cas avec notre Histoire de France de balancer entre la dénonciation et l'hagiographie. Ici Claude Quétel est clairement dans la dénonciation.
La Révolution française serait, selon lui, une période sombre de notre histoire, gagnée par l'obscurantisme intellectuel, l'intolérance et la violence. Il va même plus loin. Faisant un peu l'apologie de la monarchie pré-révolutionnaire, il affirme que les idées des Lumières, elles-mêmes, préparaient cette intolérance et cette violence.
Il apporte quelques exemples qui étayent ces propos, mais comme tout pamphlet, il ne cherche pas , à aucun moment, à nuancer son étude. Il fait part lui aussi d'une extrême intolérance envers ces idées du XVIIIe siècle.
Ce manque de nuance me gène un peu aux entournures, car même si ce qu'il rapporte est juste c'est tout de même très partial. Claude Quétel a le défaut de ne rapporter dans son livre que les informations et les idées qui vont dans son sens. Ce procès à charge finit par être contre-productif pour qui a tout de même un peu étudié la période.
Pourtant, oui, les philosophes des Lumières en défendant leurs idées le font parfois avec excès et intolérance (Voltaire lui même critique parfois violemment les autres philosophes en pls de la monarchie absolue) mais c'est aussi oublier facilement le contexte dans lequel ils écrivent, celui d'une monarchie absolue qui s'enfonce dans le conservatisme social et religieux, d'une justice vénale qui n'est utilisée que pour maintenir ce système en place, d'un roi qui ne peut pas réformer son propre royaume devant l'opposition des privilégiés, d'un Tiers État qui n'a aucun moyen de participer aux décisions du gourverment, etc. Et j'en passe.
En affirmant que les Lumières sont la seule cause de la Révolution alors que le contexte était mille fois plus complexe, l'auteur montre encore une fois qu'il ne rédige qu'une charge contre révolutionnaire et contre-philosophique.
Pourtant, sur la Révolution, s'il simplifie à outrance son propos, il n'a pas tort. Tout ce qu'il écrit est peu contestable. le problème, c'est que l'on aurait aimé un vrai procès. Les arguments du procureur sont là, mais pas ceux de l'avocat.
Or oui la Révolution est intolérante avec les idées contre-révolutionnaire, oui, elle avait en elle dès 1789, le germe de la Terreur, oui, les députés n'y connaissaient rien en finances, en budget, en diplomatie et n'ont pas gouverné le pays avec expertise. Mais, en lisant Claude Quétel, on a l'impression que ce sont ces mêmes députés qui sont les maîtres de la France dès mai 1789. Il oublie un peu vite qu'ils s'opposent à un système séculaire qui oppresse la population et qui n'arrive pas à se réformer de l'intérieur, à un roi faible qui ne fera que prendre les mauvaises décisions et qui accélérera lui-même la Révolution (le jeu de paume, c'est lui que le provoque, le 14 juillet, c'est lui qui fait peur aux Parisien, la guerre, c'est lui qui la veut pour retrouver son pouvoir, la fuite à Varennes qui échoue, c'est lui…).
Claude Quétel oublie aussi un peu vite que la situation de 1793 est cataclysmique pour la France avec des soulèvements dans tout le pays et des invasions étrangères de toutes les puissances européennes. La France est au bord de l'implosion et de l'explosion. La Terreur, avec tous ses abus, ses excès, sa violence insupportable, sa tyrannie intolérante a toutefois permis de sauver l'unité et l'indépendance du pays. A quel prix ? Ce prix en valait-il la peine ? Il y a débat et les arguments pour et contre doivent s'exprimer mais chez Claude Quétel, on n'a que la moitié, celle à charge.
Il est vrai toutefois que beaucoup d'historiens font l'inverse et encense cette période sans nuancer non plus leurs propos. Pour se faire une idée réelle de la Révolution, il faudrait donc lire Claude Quétel et François Furet par exemple.
Au final, un livre qui se lit facilement car le style de l'auteur est plutôt dynamique. Ses propos ne sont pas critiquables en eux-mêmes et sont même très intéressants mais cette charge exclusive contre la Révolution aurait mérité un débat contradictoire. A ne surtout pas prendre comme unique référence sur la Révolution , mais à mettre en face d'autres lectures.
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