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Critique de cecilit


Sous les galets la plage - joli titre qui détourne le fameux slogan de mai 68 - est à la fois une histoire d'amour et un récit social.
Septembre 1963, on n'en est pas encore là mais la révolte sourde déjà dans l'esprit de la jeunesse née après-guerre. C'est la fin de l'été, en Bretagne (d'où les galets...), et bientôt le début des grandes études pour Albert. Ses parents remontent à Paris avec les plus jeunes le laissant profiter des derniers jours de vacances avant le grand bain. "Vous avez 18 ans, pas besoin de vous faire de recommandations", lui dit son père en lui laissant les clefs de leur résidence secondaire, une belle maison au bord de la plage, une de celles réservées exclusivement aux familles bourgeoises du cru et aux Parisiens.
A la fois désoeuvrés et énivrés par cette liberté, Albert et ses deux copains, Francis et Édouard, vont tout d'abord boire et glander avant de croiser sur leur chemin Odette, une belle rebelle membre d'une bande de cambrioleurs magouilleurs. Mais pour ces trois copains, cette rencontre va leur apporter bien des ennuis et, pour Albert, changer la donne et peut-être son destin.
Pascal Rabaté, ici à la fois auteur et dessinateur, n'est jamais aussi bon que lorsqu'il nous raconte le destin de personnages ordinaires. "Ce que j'essaie de faire avec mes personnages, c'est que l'on puisse imaginer leur vie avant, après. J'aimerais que l'on croit qu'ils existent vraiment, qu'ils soient incarnés", dit-il. Pari réussi car on se plaît à imaginer ce que sera le destin d'Albert, Francis, Édouard et Odette. Feront-ils partie de ceux qui participeront activement à la révolte sociale cinq ans plus tard ? Se rangeront-ils en devenant des cadres supérieurs stressés ? Ficheront-ils tout par terre en tournant le dos à la société, à ses codes et ses lois ?
Récit social donc, voire anarchiste - avec à son dos une phrase d'André Breton "En matière de révolte, aucun de nous ne doit avoir besoin d'ancêtres" (en référence au bras d'honneur d'Albert à son père ?) et en intro une maxime libertarianiste de Proud'hon "La propriété, c'est le vol " - et aussi et surtout une histoire d'amour entre deux jeunes que tout oppose - Albert, fils de militaire destiné à le devenir et à être le gardien des valeurs traditionalistes de ses ancêtres et Odette, une gamine sans racine, victime de l'Occupation. - mais que tout réunit : le désir de casser la chaîne et de vivre une vie sans entrave ni loi.
Le dessin épuré, entre ombres et lumières, colle parfaitement à l'époque. Tracé à la plume, au pinceau et au crayon, avec un subtil jeu de gris, il est mis en couleurs avec une palette graphique toujours à propos.
Pascal Rabaté ne me déçoit jamais et j'attends déjà avec impatience sa prochaine production.
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