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Critique de MarcelP


Fifty shades of black...

Papesse du roman gothique, Ann Radcliffe nous entraîne, avec ce roman luxuriant, à Naples. Dans L'Italien (ou le Confessionnal des pénitents noirs), un freluquet (le jeune Vincentio) tombe en pâmoison devant la fraîche Ellena, oiselle claquemurée chez une vieille tante qui la protège du monde. Mais si Vincentio, rejeton de la fameuse famille di Vivaldi, est bien né, l'arbre généalogique de son idole est moins reluisant. Aussi quand la Marchesa di Vivaldi, corrompue et pourrie de vices, apprend les intentions maritales de son fiston, elle en appelle à son confesseur, l'abominable Schedoni afin d'éliminer la roturière pucelle.

Basculant de Charybde en Scylla, nos tourtereaux vont traverser une série d'épreuves terribles avant de pouvoir enfin convoler. Radcliffe a choisi le gothique toutes options : les forêts profondes répondent aux gouffres sans fond, les ruines inquiétantes aux couvents mystérieux, les moines machiavéliques aux tortionnaires sadiques et les pedigrees à rebondissement aux tentations incestueuses... Cette Mary Higgins Clarke des Lumières connaît son métier et son roman est d'une belle facture : le suspense y est soutenu, les atmosphères "so romantisch" et les protagonistes fortement contrastés.

Mais que tout cela est long ! Tirant fâcheusement à la ligne, notre bas-bleu se perd dans des développements exaspérants. Chacun de ses héros, qu'il soit dans une tour en ruine ou dans une geôle de l'Inquisition, pour se rendre d'un point A à un point B se voit contraint de descendre et monter un nombre considérable de marches usées, d'ouvrir une pléthore de portes rouillées, de passer sous une multitude de voûtes antiques et n'omet jamais de ressentir une myriade d'émotions sublimes. On se croirait prisonnier dans l'une des "carceri d'invenzione" de Piranèse. Les sentiments des personnages sont exacerbés au-delà du raisonnable et chaque conversation est entrecoupée d'une ribambelle de larmes, de soupirs voire de malaises. Et si un comparse, providentiel pour l'avancée du récit, vient à témoigner, Radcliffe en fait un bavard impénitent multipliant les détails superfétatoires.

Enfin, j'avoue qu'il m'est arrivé à plusieurs reprises de pouffer face à des dialogues d'une artificialité pompeuse. Comment ne pas rire quand cette petite oie d'Ellena, fuyant l'un de ses cachot et traversant un paysage lacustre s'écrie : "Voyez aussi, (...), combien les berges et les plaines liquides reposent doucement au pied des montagnes, combien leur beauté et leur élégance contrastent avec la sublime grandeur qui les domine et les surveille ! Observez toutes ces riantes vallées qui s'ouvrent à partir du lac, avec leurs champs de riz et de blé qui poussent à l'ombre des amandiers et se perdent dans les collines. Voyez ces vignes et ces oliviers alterner gaiement, à la façon d'un damier et la grâce avec laquelle les palmiers s'inclinent au sommet des falaises les plus hautes." Et l'ensemble est du même tonneau.

Une curiosité littéraire.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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