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Critique de PatriceG


Les traductions et les annotations de Bernard Kraise m'ont toujours gêné, sujettes à caution en raison de la fausse dévotion qu'il attribue à des oeuvres russes qu'il charcute à sa guise, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, et ce travail exercé ici fort opportunément sur Voyage de Pétersbourg à Moscou n'est pas pour me faire changer d'avis.

L'oeuvre littéraire de Radichtchev est fort discutable. Ame bien née, il complète sa formation universitaire en Occident au siècle des lumières et va tenter de plaquer son savoir comme un exercice intellectuel sur la Russie avant son âge d'or qui se perpétue au fil du temps avec un retard considérable malgré l'ambition des tsars.

Pas De pot pour l'impétrant auteur, il est porté à l'attention de Catherine II, ses écrits révolutionnaires d'un style plus que douteux et incohérent. On sait que la Tsarine ne supporte pas les raseurs qui osent défier le régime qu'elle se charge de réformer à sa guise et n'hésite pas à les traiter de fous et de les mettre en prison (qu'on lui doit) dans des conditions qui ont de quoi les refroidir quand ils en sortent.

Il faudra attendre les années 1840 en Russie impériale , pour voir véritablement fleurir la dimension 'intelligentia" signes avant-coureurs de la révolution, grâce à des hommes de qualité, à la fois littéraires, éditeurs, hommes de foi, fonctionnaires.. L'écho que l'oeuvre de Radichtchev suscita dans la société russe fut quasiment nul.

Les écrits de Radichtchev ne valent donc que comme témoignage surfait, anecdotique, confidentiel d'une époque qui avait vécu mais profondément ancrée dans la tradition russe éternelle d' une inertie incroyable ; je ne le placerai assurément pas comme premier étendard de la révolte russe.

Le paradoxe néanmoins et je terminerai par ça, est que l'oeuvre d'Alexandre Radichtchev fut d'abord interdite de publication, puis publiée sous le règne de Paul 1er, soumise à la censure, amputée des longs passages indélicats envers le régime, publiée bien plus tard in extenso sauf erreur en 1905 et subit un siècle plus tard en traduction française les affres d'un traducteur indélicat.

(Cela n'est pas une critique, juste un haut- le-coeur devant tant d'aberrations qui circulent hors contrôle, bénéficiant d'angles morts entre les mains de fumistes et de charlatans qui écument les siècles.. Il ne manquerait plus que ça qu'il faille les remercier ! )
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