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Critique de ahasverus


"Je vais encourir bien des reproches. Mais qu'y puis-je ?", commence Radiguet. Il avait trois fois raison. Paru juste après la grande guerre, le Diable au Corps suscite l'émoi : la littérature est alors jugée trop élevée pour qu'on accepte qu'elle soit lancée comme une lessive ainsi que vient de le faire Grasset. Avant d'être le succès d'un écrivain, le Diable au Corps est celui d'un éditeur.

En 1947, Claude Autant-Lara (l'Auberge rouge, la Traversée de Paris), porte l'oeuvre au cinéma. le phénomène Gérard Philippe tient le rôle principal. Nouveau scandale. La France à peine remise de sa cohabitation avec les Nazis supporte mal qu'on déshonore une nouvelle fois ses soldats.

Enfin en 1986, Maruschka Detmers, dans une scène osée et qu'on dit improvisée, s'emporte sur l'anatomie de son jeune partenaire. Cette sulfureuse adaptation cinématographique de Marco Bellocchio, aujourd'hui totalement oubliée, suscite un petit émoi dans les critiques cinématographiques de l'époque.

Décidément le diable au corps porte bien son nom.

Le narrateur nous raconte sa relation avec Marthe, dont le mari est un poilu (comprenez le soldat de la grande guerre plutôt que le maçon portugais). le narrateur a 16 ans, Marthe 19, Radiguet à peine 20 quand son roman est édité.

L'histoire n'est pas autobiographique, mais elle s'inspire de celle de son auteur. Nous garderons à l'esprit qu'il s'agit du roman d'un tout jeune Napoléon auquel la vie ne laisse que le temps de percer sous Bonaparte avant de tirer le rideau. C'est important pour juger de son intelligence et de son style, que de penser que ce garçon mort à vingt ans a écrit cette oeuvre il y a près de cent ans. Une oeuvre atypique par son cynisme et sa froideur. le narrateur ment, trompe, manigance. Il n'y a pas de naïveté dans son égoïsme.

Le sens de la formule est déjà aiguisé. La chute très efficace. Quel dommage, cette irruption brutale de la mort dans le talent.

J'ai été étonné que certains soient passés à côté. "Celui qui aime agace toujours celui qui n'aime pas", écrit Radiguet.
Et vice-versa, na !
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