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Critique de LAP2016


Dans Syngué Sabour, Atiq Rahimi nous raconte une histoire a la fois tragique et touchante. Dans un pays indéterminé, en guerre, qui semble être l'Afghanistan, il met en scène une “Femme victime de la guerre” dont le mari est souffrant. Durant tout le roman, elle combat chaque seconde aux côtés de cet homme contre la maladie. L'histoire est écrite dans un style sobre, plutôt plaisant, avec des phrases hâchées au rythme de la respiration de l'homme. Plus on avance dans l'histoire, plus on attend l'issue qui ne peut être que tragique. La femme au fur et a mesure prend confiance en elle et avoue ses secrets (par exemple que ses enfants ne sont pas les siens mais celui de son ami), son ressenti , ses émotions, à son mari lors d'un long monologue qu'elle entreprend a ses côtés. J'ai aimé le personnage de cette femme, qui n'est pas nommée. Beaucoup d'autres femmes peuvent donc se reconnaître à travers ce personnage. Elle transporte le lecteur dans son univers, à la fois douloureux et mystérieux, de savoir si le combat arrivera à bout ou pas. La fin du roman est sans tragique et plutôt terrible et triste pour l'héroïne de l'histoire ; elle se fait assassiner par son mari, qui sort du coma. Le titre “Syngué Sabour” qui en persan est une pierre noire qui accueille la détresse de ceux qui se confient à elle , une Pierre de Patience. Elle prend tout son sens ici avec le comportement du mari, qui a réagi au pouvoir des mots de sa femme qui le met hors de lui. La pierre de patience éclate.
Je trouve ce roman magnifique pour la réflexion qu'elle offre sur l'impact de la guerre à travers l'héroïne du roman, et aussi sur la syngué sabour qui éclate , le mari est à bout de nerf .
Atiq Rahimi a dédié son roman à une poétesse afghane , qui a été assassinée par son mari.
M-M



Syngué sabour est le premier roman écrit en français par Atiq Rahimi, cinéaste et écrivain afghan réfugié en France depuis plus de vingt ans.
C'est un livre sur l'enfermement, sur l'aliénation des femmes, mais aussi des hommes. L'auteur y porte un éclairage très dur sur une société privée de parole, confinée dans la peur, dans l'asservissement de femmes muettes, brisées par la domination masculine, ne sachant s'exprimer que par la violence du sexe ou celle des armes.
Atiq Rahimi révèle la grande solitude de ces femmes et de ces hommes, dépossédés d'eux-mêmes, de leur sensualité, de leur humanité.
Un roman qui se déroule tout entier dans la pénombre close d'une maison cernée par le combat.

Dans la chambre vide aux murs clairs, derrière les rideaux aux motifs d'oiseaux migrateurs, nous sommes témoins d'un étrange dialogue ou plutôt monologue entre un homme mourant et sa femme qui le veille. Il n'a plus sa connaissance ni la parole et seul son souffle ténu mais régulier témoigne de ce qu'il est encore en vie. Cela se passe sans doute en Afghanistan. L'homme a reçu une balle dans la nuque lors d'un combat. En arrière fond, la guerre, le bruit des chars et le claquement des fusils. Parfois cela se rapproche.

Elle prie et croit à une guérison miraculeuse encore possible. Tous les jours elle assure les soins.
Au fil des pages, par la magie de l'écriture, le lecteur crée un lien avec cette femme. Un lien personnel et de confiance. La voix ce cette belle femme aux cheveux noirs dont la vie a été si dure, se fait proche. Et à l'écouter nous devenons nous aussi « pierre de patience ».

Elle pourrait être une soeur. Son histoire touche chacun d'entre nous, au plus profond. Nous l'accompagnons jusqu'à partager avec elle l'intime et le secret, la violence, la révolte.

Livre de prière . Livre de sagesse : La guerre, le sexe, l'amour, la place des femmes, Dieu, la mort. Tout ce qui agite et inquiète nos existences est là. Les questions sont posées. Y-a-t-il des réponses ? Quelle est la fin de l' histoire.

Soyez « pierre de patience » à votre tour et ouvrez ce livre tendre qu'on lit la gorge serrée, les larmes aux yeux et qui plonge
Enfin, ce livre m'a touchée d'une façon très personnelle également. Car, dans ces moments difficiles que je vis depuis janvier, j'aurais tant besoin d' un syngué sabour.
M.N
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