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Critique de Gruizzli


Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre en m'attelant à ce récit et j'ai été franchement surpris de la nature du récit, du ton, de la forme et du fond. C'est pas souvent que j'ouvre une BD qui me surprend et me transporte, avec une histoire qui semble receler surtout un fond acerbe et critique. Non, vraiment, je dois bien dire qu'on est là dans une totale réussite !

Le récit reprend la figure du vampire, mythe qui sert de métaphore à tant de choses qu'il serait difficile aujourd'hui de les lister. du séducteur d'Anne Rice au vampire dangereux de Bram Stocker, le vampire est le pouvoir de séduction, l'animalité humaine, l'altérité merveilleuse, la peur d'un ancien ou d'un nouveau monde, le combat de la foi, la sexualité hors-norme … Il est ce qu'on veut bien en faire, et tout le monde le reprend à sa sauce. Et c'est exactement ce que fait ce récit, qui reprend le mythe du vampire de façon assez classique mais l'intègre au récit pour parler d'autre chose.

Car si le récit parle de combat de créature mythologique dans l'Inde du XVIIIè siècle, il est avant tout un récit politique nullement déguisé. Entre clans rivaux, guerre de rois et de seigneurs locaux, débarquement de l'Inde et sa fameuse compagnie orientale, plus prompte à sortir le fusil que tendre la main, c'est un pan de l'histoire du continent indien qui sert de décor aux personnages supportant la narration. Ces personnages sont intéressant par ce qu'ils sont, mais surtout par ce qu'ils incarnent. Je ne me lancerais pas dans le détail, qui prendrait trop de place pour une simple critique, mais entre l'animalité humaine, le conflit et la violence, la transmission de générations et bien sur l'arrivée de l'européen dans un jeu politique déjà compliqué. Je dois dire d'ailleurs que l'européen en prend pour son grade ! Les vampires me semblent symboliser ces puissants européens qui se pensent immortels et intouchables, certain de leur bien fondé et prêt à piller le monde sans scrupules. J'ai bien aimé le fait de montrer ces personnages souffrir et mourir, presque étonné de pouvoir être tués de façon si simple.

Le récit est épistolaire en partie, chacune des lettres donnant une voix à un personnage. C'est une très bonne manière de différencier chacun par un ton, une façon de parler et une façon de comprendre les autres. J'aime le procédé, qui permets de réellement donner corps aux personnages, à leurs dilemmes et interrogations.
J'ajouterai juste que j'adore le personnage de Bishan, monstre ou humain, créature immortelle qui subit ce qu'il se passe et peine à trouver une place dans ce monde qui change. J'ai adoré son développement et ses interventions, il est juste parfait !
Le récit trouve d'ailleurs une fin qui arrive à être à la fois heureuse et triste, puisque la victoire est éphémère et que la finalité sera celle que l'on connait. La marchandisation de tout est en route, et elle ne s'arrêtera pas comme ça. Une très bonne fin qui laisse un gout amer après avoir tout vu, mais qui se conclut sur une promesse de renouveau et d'avenir. Un joli message pour des temps comme les nôtres !

Je digresse beaucoup mais je décerne le coup de coeur à cette BD. Elle est excellente, bien menée, aux thématiques claires et fortes, servi par un dessin tout en beauté et une écriture aux petits oignons ! Recommandé, franchement recommandé !
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