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Critique de Ahoi242


Pendant la lecture de Et il foula la terre avec légèreté de Mathilde Ramadier et de Laurent Bonneau, le titre est entré en résonance avec le livre de Sergio Atzeni, Nous passions sur la terre, léger. Tandis que celui-ci constitue une épopée sarde, celui-là raconte l'épopée d'Ethan, un ingénieur en forage de gisements pétroliers qui a été envoyé en Norvège pour étudier l'exploitation potentielle de nouveaux gisements. Pour le reste, les deux livres sont quelque peu aux antipodes.

Ce qui devait constituer un premier voyage d'acclimatation en Norvège se transforme en une espèce d'épiphanie pour Ethan. Au cours des discussions avec des Norvégiens - un couple, une militante écolo, un pêcheur, … - qu'ils rencontrent et de la découverte de la nature, Ethan va changer son point de vue sur son métier, sur le pétrole, sur le sens de la vie.

Au temps le dire de suite, le changement d'Ethan est rapide - trop même : il suffit de quelques discussions pour que son point de vue change et qu'il décide au final de rempiler pour trois semaines supplémentaire au grand dam de l'être aimé qui l'attend en France. Pour changer si vite, ses conceptions ne devaient pas être tant chevillés au corps que cela ou l'être aimé pas tant aimé que cela - ou les deux.

À vrai dire cette critique n'est pas dérangeante dans la mesure où l'intérêt de cette bande dessinée est ailleurs. D'abord, il y a une forme de plaisir contemplatatif devant les superbes dessins et aquarelles de Laurent Bonneau : c'est beau comme un camion blanc. Ensuite, Et il foula la terre avec légèreté est une bonne introduction - le cahier documentaire en fin d'ouvrage est plutôt bien fait - à la pensée et philosophie de Arne Naess.

Arne Naess est l'inventeur de l'écologie profonde par opposition à l'école superficielle qu'il introduit en 1973 dans l'article « The Shallow and the Deep Long Range Ecology Movement ». Malheureusement, la pensée complexe de Arne Naess a souvent été caricaturée et raccourcie. Ainsi, pour les lecteurs de langue française, dans le Nouvel Ordre Écologique, Luc Ferry en a proposé une version assez radicale la faisant passer pour une espèce de forme d'intégrisme vert, de peste verre, d'éco-terrorisme. le souci c'est que le livre de Ferry est paru en 1992 tandis que Arne Naess ne sera traduit en Français qu'en 2008. Dans l'introduction de Ecologie, communauté et style de vie, Charles Ruelle écrit ainsi « Lisons enfin, jugeons après » - c'est nettement plus rigoureux que de lire l'homme qui a lu l'homme qui a lu l'homme qui a lu l'homme qui a inventé le concept d'écologie profonde.

Depuis Et il foula la terre avec légèreté, Mathilde Ramadier a écrit l'introduction d'Une écosophie pour la vie, une sélection de textes de Arne Naess publiés entre entre 1973 et 2002, et un essai sur la vie et l'oeuvre de Arne Naess, Arne Naess. Une philosophie joyeuse. A défaut de plonger dans un fjord ou directement dans la pensée de l'inventeur de l'écologie profonde, la lecture de la femme qui a lu l'homme qui a inventé le concept d'écologie profonde est fortement recommandée.

Et il foula la terre avec légèreté est une belle idée de cadeau pour les fêtes de fin d'année et une belle réflexion sur la vie qui se trouve aux antipodes des objets connectés qui pousseront sous les sapins de Noël.
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