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Critique de daniel_dz


Cette bande dessinée rassemble une quinzaine d'offres d'emplois fictives. Pour chacune d'entre elles, Mathilde Ramadier croque un entretien d'embauche.

L'auteure est diplômée en design graphique (et en philosophie contemporaine, mais cela importe peu ici). Bien que les offres d'emploi du livre ne se limitent pas à emplois de graphistes, elles appartiennent en majorité au secteur de l'édition ou du marketing. Pour ces emplois-là, obtenir un CDD est déjà une aubaine: on doit souvent se contenter d'un stage (de préférence non rémunéré) ou d'un poste de free-lance. On n'a donc ici qu'un tout petit échantillon des entretiens d'embauche, limités dans les secteurs et les niveaux de fonctions.

Certes, quelques caricatures bien tapées m'ont fait sourire (voyez les citations que j'ai notées), de même que l'idée de transformer petit-à-petit des têtes de recruteurs ou de candidats en tête d'animaux représentant leur état d'esprit (du moins les quelques premières fois: à la longue, ça lasse). Mais ce livre ne m'a pas touché plus que ça...

Néanmoins, je remercie les éditions du Seuil de me l'avoir expédié, dans le cadre d'une Masse critique de Babelio. Il me donne en effet l'occasion de rendre ici hommage aux graphistes. Je ne travaille pas dans ce domaine-là, mais j'ai pour eux beaucoup de sympathie et je déplore que, trop souvent encore, on croie qu'on puisse faire l'économie de leurs services. Je suis d'une génération, que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, qui a vu naître et se démocratiser les outils de traitement de texte et d'image. Ces outils ont sans doute permis la diffusion d'oeuvres ou d'informations dont les auteurs n'auraient peut-être pas pu supporter les frais d'un imprimeur. Dans ce sens-là, ils sont un progrès. Mais d'un autre côté, ils sont également à l'origine de la propagation du mauvais goût et de la dégradation de la qualité typographique, à cause de tous ceux qui pensaient que l'art se limitait à la maîtrise technique des outils. Pour prendre une analogie relative à la langue plutôt qu'à la mise en page, c'est comme si on se targuait d'être écrivain aussitôt que l'on est capable d'utiliser Word.

Pour terminer cet hommage, je citerai le dialogue représentatif de l'offre d'emploi « Graphiste freelance »:
- Je t'ai convoquée au sujet du devis que tu m'as envoyé pour ta première commande. 150 euros! Nan mais c'est quoi, ce prix?!
- C'est… un tarif normal… TTC.
- Nan mais sérieux! 150 balles? Pour un truc qui va te prendre une après-midi, et que je pourrais faire moi-même avec Photoshop? Que dis-je, avec Paint!
- Eh bien dans ce cas, fais-le…
- Ah ben non! Si je le fais, ce sera moche. Trouvons un dénominateur commun.
- Je peux descendre à 130.
- What? Je te donne 80 balles max pour faire ce truc! Sinon, je le fais moi-même, tant pis si c'est moche, au moins ça me coûtera rien. Nan mais sérieux! Ça choisit un métier récréatif et en plus ça réclame des sommes injustifiées!

Voilà. Graphistes adorés, ce livre vous touchera sans doute, à raison. Quand aux autres, je vous conseillerai ce livre du bout des lèvres, pour vous faire une idée, par la caricature, des conditions de travail dans ce milieu-là.
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