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Critique de Adelphilege


Au début du livre, je pensais que l'autrice souhaitait nous partager sa propre représentation, son amour pour l'alimentation et la cuisine. Au fil des pages et à travers la nourriture, on découvre une histoire familiale. Mais les bons plats ne sont pas qu'un prétexte, ils sont les fibres du tissu des relations qui unit chaque membre.

Tout d'abord, je garde en tête la description des moments dans l'enfance, avec la découverte de nouvelles saveurs, par exemple les clémentines qui, aussitôt épluchées, aussitôt mangées et toute disparues. À titre personnel, je me poste encore souvent devant mon assiette, en me disant « à la fin du repas, ça sera vide », ou devant une corbeille de fruits « après les avoir mangé, il y aura de la place ». Ça me surprend moi-même, cette fascination pour l'alternance des flux de denrées alimentaires, entre vide et plein.

Au-delà de l'enfance, ce livre aborde toutes les sphères de nos vies, qui sont touchées par l'alimentation : entre intime et public, entre souvenirs et fabulation, entre découvertes et répétition, entre plaisir et dégoût, entre sain et malsain. Elle décrit l'aliment jusque dans sa digestion, et les dimensions sensorielles, auditives et olfactive, générées par les pets.

Pour l'autrice, le pain et le lait est un rituel quotidien, ancré dans un lieu sécurisé, à l'intérieur, dans la cuisine. le paquet de lait représente même une première expérience de lecture. Alors, quand il y a une rupture dans le rituel, l'absence se ressent et amène des découvertes ou des déceptions lorsque le goût projeté n'est pas retrouvé. Nous posons aussi des attentes sur les aliments que nous n'avons pas consommé depuis plusieurs années, nous avons évolué, notre goût s'est transformé et il est parfois difficile de renouveler l'expérience sensorielle et gustative.

Les situations de consommation sont aussi décrites de manière unique, en particulier : les gourmandises associées à de mauvais moments, des aliments dégustés avec certaines personnes, l'absence à ce que l'on mange ou encore la simple odeur perçue ou le goût ressenti ravivant des émotions.

Ce qui est troublant, c'est qu'il se dégage une sensation de familiarité avec ce qui nous est conté, on a seulement à remplacer les plats et on se retrouve avec nos propres souvenirs. On attend donc un événement qui sort du commun, du connu. Tout fait sens sur la fin du livre, on comprend alors la singularité du rapport de l'autrice à l'alimentation, à la cuisine. Ainsi, cette sensation de familiarité s'envole, mais nous a permis de pleinement entendre son histoire intime et personnelle.

J'ai été profondément touchée par ce livre et par cette histoire, dont je ne souhaite pas tout dévoiler, mais aussi par le style de l'autrice, car c'est remarquablement bien construit et écrit.
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