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Marina Heide (Traducteur)
EAN : 9782283037454
288 pages
Buchet-Chastel (18/01/2024)
3.93/5   14 notes
Résumé :
Suis-je aujourd’hui ce que j’ai mangé hier ? De quoi ai-je hérité au moment de passer à table ?

Dans De pain et de lait, Karolina Ramqvist explore ses madeleines proustiennes et nous invite à découvrir l’histoire culinaire et affective d’une famille sur trois générations. Elle se souvient de l’ivresse d’une orgie de clémentines, de la recette du riz au lait cuisiné par sa grand-mère et de l’amertume des crêpes laissées par sa mère pour le goûter qui l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Dans cette fiction autobiographique, Karolina Ramqvist revient sur son enfance et les saveurs qui l'ont façonnée. Des souvenirs culinaires comme une madeleine proustienne nous dit la quatrième de couverture. Pourtant, ce récit écrit à la première personne va bien au-delà de la nostalgie d'u passé fait de brioches à la cannelle et de riz au lait de sa grand-mère. On découvre le désarroi et la solitude d'une enfant qui vit avec sa mère et que celle-ci laisse souvent seule le soir quand elle va retrouver son amant.
La fillette mange pour remplir ce vide en elle.
« de temps en temps elle me préparait des crêpes au sucre. Parce que c'était tout ce que j'étais capable d'avaler en son absence, ce plat est devenu le signe qu'elle allait s'en aller »

Sa vie sociale est difficile, c'est une solitaire. Heureusement, il y a les visites des grands parents et les plats préparés avec amour par la grand-mère. La fillette puis la femme découvre le plaisir de cuisiner pour faire plaisir. Cuisiner, c'est une expérience sensorielle qu'elle tente de nous restituer à travers les odeurs, les saveurs les consistances.
« A force de lire des recettes, j'ai appris à faire à manger, mais j'avais du mal à me mettre aux fourneaux pour moi toute seule. »

Mais la nourriture est aussi un moyen de se protéger contre l'abandon parental, cette mère souvent absente et ce père que la narratrice ne voit que très rarement et qui l'intimide.
Très vite, elle devient boulimique, et vomit le trop d'aliments qu'elle ingurgite.
« Je voulais me remplir jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de place pour rien d'autre, j'avais l'impression que la nourriture me rattachait au monde, c'était le signe que j'y appartenais. »
Le chemin sera long pour réapprendre à manger normalement.

« Je me suis rendue compte que la cuisine, outre tout le reste, était une forme de bouclier. »
L'auteure ne porte pas de jugement, elle décrit simplement ses sentiments d'enfant délaissée, et ses expériences nourricières. J'ai trouvé que les pages sur sa grand-mère et les plats qu'elle lui préparait sont tendres et pleines de nostalgie.
Par contre, l'histoire traine en longueur et il y a beaucoup de redondances. le récit est très centré sur la fillette puis sur l'adulte qu'elle est devenue, mais les autres personnages sont assez transparents.
Un récit qui m'a laissée sur ma faim !

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Je suis déçue d'avoir été déçue par ce livre ! Pourquoi ?

Je l'ai découvert grâce à sa couverture magnifique, créée d'après une oeuvre de David Harrison, à la librairie le Grain des mots à Montpellier.

J'ai tout de suite été attirée par les couleurs, par cette nature morte et l'impression de texture des brocs qui ressortaient de la couverture. En fait, ce livre m'a appelée ! 😉

Karolina Ramqvist, autrice suédoise que je ne connaissais pas du tout, une des voix féministes les plus importantes de Suède, nous raconte sa vie à travers le prisme de la nourriture, et des rapports avec sa famille.
Noté "roman" sur la couverture, il s'agit pourtant clairement d'un récit.

J'adore les livres qui parlent d'odeurs et de goûts, et j'ai d'abord eu l'impression avec les 1ères pages, d'être dans la lignée d'une Marie Rouanet ou d'un Dominique Maes, ces auteurs qui rendent hommage aux gourmandises et aux saveurs.

Mais c'est une histoire qui m'a plu... decrescendo !

L'entrée...

L'autrice nous raconte par le menu, si je puis dire, tout ce que sa grand-mère gourmande et gironde lui préparait, petite. J'avais beau me dire que ça se passait en Suède, j'avais l'impression qu'elle nous parlait d'une mama italienne, évidemment avec beaucoup d'amour. Et ça démarrait bien.

Histoires familiales autour de la table (au sens propre comme au figuré, avec cette longue table blanche qui se transmet de génération en génération), liste de mets appréciés, petits trucs de cuisine, descriptions magnifiques comme pour les clémentines, le thé, le pain grillé, etc.

J'ai aimé la recette de riz au lait, qui se mange salé, en Suède, en accompagnement, j'ai aimé le rapport avec ses grands-parents, mais un peu moins avec sa mère qui avait l'air de la délaisser souvent.
Sauf quand celle-ci concoctait des plats et passait des après-midis entiers à regarder les livres de recettes avec son nouveau mec.

Mention spéciale quand Karolina raconte comment elle a réussi à faire, toute petite, sans l'aide de personne, un ragoût pour son grand-père !

" Mon enfance a largement empiété sur ma vie adulte."

Le plat...

Et puis il y a toute cette période où elle nous parle encore (et peut-être un peu trop...) de riz au lait, comme pour cette crise de nerfs face à sa fille qui n'a pas voulu goûter ce plat emblématique de sa propre enfance !
C'est devenu un peu trop récurrent dans le livre, et même si elle continuait à nous donner des recettes, on quittait l'espace purement gourmand, pour rentrer dans sa tête et ses soucis.

Le dessert !

J'ai aimé quand elle a rencontré son père assez tard, car ses parents étaient divorcés depuis longtemps, et qu'elle a découvert qu'il savait très bien cuisiner.

Mais le récit général me paraissait de plus en plus décousu, et je me demandais même comment elle allait réussir à clore ce livre, qu'elle semblait ne pas être décidée à lâcher !

Et puis il y a toutes les pages où elle nous explique ses crises de boulimie puis de vomissements, dont je me serais bien passée. Non pas que je ne comprenne pas, mais je crois que j'étais déçue de la teneur que prenait le livre, par-rapport à ce que j'en attendais.

" La nourriture rendait ma vie réelle, j'adorais ça et, en même temps, j'en avais toujours aussi peur."

Nul doute que plein de gens verront une certaine finesse, dans cette autobiographie, mais pas moi.

Cela demeure un récit familial, d'amour, et de partage.

Mais grâce à la couverture, à ce beau papier et à cette couleur bleu, cela restera pour moi un bel objet que j'aurais plaisir à voir dans ma bibliothèque !
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Au début du livre, je pensais que l'autrice souhaitait nous partager sa propre représentation, son amour pour l'alimentation et la cuisine. Au fil des pages et à travers la nourriture, on découvre une histoire familiale. Mais les bons plats ne sont pas qu'un prétexte, ils sont les fibres du tissu des relations qui unit chaque membre.

Tout d'abord, je garde en tête la description des moments dans l'enfance, avec la découverte de nouvelles saveurs, par exemple les clémentines qui, aussitôt épluchées, aussitôt mangées et toute disparues. À titre personnel, je me poste encore souvent devant mon assiette, en me disant « à la fin du repas, ça sera vide », ou devant une corbeille de fruits « après les avoir mangé, il y aura de la place ». Ça me surprend moi-même, cette fascination pour l'alternance des flux de denrées alimentaires, entre vide et plein.

Au-delà de l'enfance, ce livre aborde toutes les sphères de nos vies, qui sont touchées par l'alimentation : entre intime et public, entre souvenirs et fabulation, entre découvertes et répétition, entre plaisir et dégoût, entre sain et malsain. Elle décrit l'aliment jusque dans sa digestion, et les dimensions sensorielles, auditives et olfactive, générées par les pets.

Pour l'autrice, le pain et le lait est un rituel quotidien, ancré dans un lieu sécurisé, à l'intérieur, dans la cuisine. le paquet de lait représente même une première expérience de lecture. Alors, quand il y a une rupture dans le rituel, l'absence se ressent et amène des découvertes ou des déceptions lorsque le goût projeté n'est pas retrouvé. Nous posons aussi des attentes sur les aliments que nous n'avons pas consommé depuis plusieurs années, nous avons évolué, notre goût s'est transformé et il est parfois difficile de renouveler l'expérience sensorielle et gustative.

Les situations de consommation sont aussi décrites de manière unique, en particulier : les gourmandises associées à de mauvais moments, des aliments dégustés avec certaines personnes, l'absence à ce que l'on mange ou encore la simple odeur perçue ou le goût ressenti ravivant des émotions.

Ce qui est troublant, c'est qu'il se dégage une sensation de familiarité avec ce qui nous est conté, on a seulement à remplacer les plats et on se retrouve avec nos propres souvenirs. On attend donc un événement qui sort du commun, du connu. Tout fait sens sur la fin du livre, on comprend alors la singularité du rapport de l'autrice à l'alimentation, à la cuisine. Ainsi, cette sensation de familiarité s'envole, mais nous a permis de pleinement entendre son histoire intime et personnelle.

J'ai été profondément touchée par ce livre et par cette histoire, dont je ne souhaite pas tout dévoiler, mais aussi par le style de l'autrice, car c'est remarquablement bien construit et écrit.
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Manger. On ne pense jamais à ce que représente cette habitude évidente, ce geste millénaire, ce réflexe primitif. On a des plats, des jolis couverts, des maniques trouées, des recettes de grands-mères, des assiettes dépareillées dans lesquelles on mange tous les jours, l'air de rien. Karolina Ramqvist y pense, elle. À la nourriture, à outrance, depuis toujours.

Elle explore trois générations de gourmandise. Sa grand-mère, végétarienne avant l'heure, qui a connu la guerre et la privation, et sa recette espiègle de riz au lait. Sa mère, plus frugale, qui s'étonne à peine lorsque la petite engloutit treize clémentines. Et puis ses propres souvenirs de douceur, d'amertume, d'acidité. D'inquiétude aussi. “Un matin, lorsque je suis entrée dans la cuisine, ma mère m'a dit qu'il n'y avait ni lait ni pain. Plus rien.”

“Affamée non seulement de nourriture mais du reste”, Karolina prend conscience de la puissance et de la richesse de la cuisine. le réconfort d'un bol de bonbons. le pouvoir de consolation des brioches préparées par une grand-mère - “si j'avais un coup de blues, il me suffisait d'en manger quelques-unes.” L'odeur du pain grillé, capable à elle seule d'effacer les querelles et les chagrins. “La cannelle et la pomme râpée. le crissement des noisettes que je coupais en morceaux et frottais les unes contre les autres, leur forme et leur couleur. La manière dont tout fusionnait.” L'importance de l'alimentation, celle qui est bonne pour la santé, l'autre qui est bonne tout court. Les bavardages à table comme nulle part ailleurs. L'espoir qu'on place dans une petite assiette pleine d'amour. La déception face à une main d'enfant qui la repousse, dédaigneuse. La joie lorsqu'un convive se ressert. Comme nos goûts changent lorsqu'on grandit ou lorsqu'on rencontre quelqu'un. L'apprentissage des saisons, celle des huîtres et celle des asperges. La désolation de dîner seul. le corps qui réclame ou qui rejette. Toutes ces choses qu'on n'arrive pas à exprimer et qui terminent dans nos ventres.

Il faut des années à Karolina pour comprendre que la nourriture est pour elle une prison. “À la moindre difficulté, j'en venais à penser à quelque chose à manger, n'importe quoi.” Dépendance, trouble alimentaire, addiction, difficile de mettre des mots sur cette faim insatiable qu'elle tente en vain d'apprivoiser. Sur cette sensation de vide malgré l'abondance.

Reste l'autre sensation. Celle de la délectation. Celle qu'on a reçue en héritage ou apprise. Celle qui nous envahit après un bon repas, ou après un bon livre, les mains croisées sur le ventre, les yeux mi-clos, un soupir de ravissement aux lèvres.
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Tout commence avec l'amertume des clémentines, puis vient l'odeur des brioches après cuisson, celles des épices prêtes à êtres saupoudrées, l'artichaut frit, les crêpes au sucre, le cabillaud à la béchamel, le dégoût des hamburgers, la découverte du cheesecake, la première forêt noire...

Karolina Ramqvist choisit donc la nourriture pour se raconter, ses madeleines de Proust et tous les souvenirs qui gravitent autour.

Le plaisir en grandissant, après avoir observé sa grand-mère puis sa mère cuisiner, de prendre le tablier à son tour et s'y essayer.
Mais bien sûr, lorsque l'on souhaite recréer les plats préférés de notre enfance, même en suivant la recette à la lettre, bien, c'est la frustration qui souvent s'impose : le goût n'y est pas !

Il est pourtant si bon de retrouver la sensation de plénitude fournie par ce goût surgit du passé, avec l'explosion de souvenirs qui l'entoure et se trouvent ravivés le temps d'une bouchée. Manger c'est un peu parfois comme feuilleter un album photo.

Manger à toute vitesse, prendre son temps, avec ou sans couteau, dans un lieu particulier, il y a mille et une façons de manger un même aliment, chacun s'en édifiant son propre rituel.

L'autrice retrace ainsi toute une culture culinaire, une enfance au sein d'une sororité indéfectible qui la lie à sa mère et sa grand-mère, terrorisée par peur de l'abandon de la première et la mort de la seconde.
Elle évoque également une relation lointaine avec son père avec qui elle tente de renouer des liens, et donc le voir cuisiner change ainsi la perception dictée par les aprioris.

Les plats et la manière de les percevoir évoluent donc au fil du récit, contenant le bon comme le mauvais ; ils sont un héritage comme ils sont révélateurs de troubles intérieurs.

Un récit délicieux, qui oscille entre l'autobiographie, le roman et l'essai, qui donne autant envie de cuisiner que de manger, tout en étant aussi intéressant que touchant dans le lien familial lié à un besoin vital qui tisse.
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critiques presse (1)
LeMonde
04 mars 2024
L’autrice revisite ainsi son histoire, mais aussi celle de sa famille proche, sa mère et sa grand-mère [...] Le tout accompagné d’une sauce tantôt nostalgique, tantôt véhémente, relevant un plat parfaitement mijoté.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Manger suscitait des sensations susceptibles de retenir toute mon attention, la nourriture me comblait non seulement physiquement, mais à tous les points de vue, il était presque choquant qu'une action si banale puisse avoir une telle force. Elle stimulait au fond de moi quelque chose qui m'aidait à me sentir vivante, en sécurité, comme n'importe qui sur cette planète.
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Je me taisais, le silence régnait toujours dans la cuisine, mais il suffisait que je mange quelque chose de bon pour que ce qui m'entoure prenne vie, et une fois que j'avais tout engloutit, j'en voulais plus.
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Chaque fois qu'elle me donnait une sucrerie, une chaude sérénité se répandait au fond de moi, et aussitôt je ne pensais plus qu'à ce bol
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La nourriture formait un refuge au fond de moi, dans lequel je pouvais me glisser sans risque d'être dérangée
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