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Critique de Arimbo


Arimbo
15 décembre 2021
Décidément, Ramuz, dont je suis au neuvième roman, n'a pas fini de me surprendre et m'émerveiller.

Quel magnifique roman, d'un registre différent d'autres du même auteur, et si émouvant et si profond. Une vraie leçon de vie.

Samuel Belet, un homme simple, d'un homme du peuple, avec ses défauts et ses qualités, nous raconte sa vie.

Une vie qui débute dans la seconde moitié du 19 ème siècle, en Suisse près du lac Leman, d'un enfant qui n'a pas connu son père, mort quand il était tout petit, et dont la mère meurt alors qu'il entre dans l'adolescence.
Un garçon à la fois rude et timide, impétueux et gauche, colérique et tendre.
Un garçon doué pour les études, mais qui les abandonnera suite à une déception amoureuse, cette belle Mélanie qui l'oublie pour un autre.

Et dès lors, il va parcourir la Suisse puis la France, faire différents métiers, avoir une liaison avec Adèle, une servante, devenir charpentier, partir pour Paris avec Duborgel, un compagnon anarchiste, qui le repoussera quand Samuel refusera d'adhérer à ses aspirations de « révolution sociale ».

La guerre de 1870 ramènera Samuel en Suisse, à Vevey, où il s'éprend de Louise, une jeune veuve avec un enfant, le petit Henri. Ils se marient, sont heureux bien que les relations entre Samuel et Henri soient difficiles. Mais après quelques années de vie commune, Louise est malade de la tuberculose et meurt. Puis c'est au tour d'Henri de mourir de cette maladie.

Samuel retourne dans son village natal, apprend le métier avec le vieux pêcheur du village, Pinget, puis lui succède quand ce dernier meurt.
Et Samuel vieillissant fait enfin la paix avec son passé, trouve le bonheur dans la bienveillance et l'attention aux autres, dans l'amitié aussi. Les quelques pages qui terminent ce roman en forme d'autobiographie sont émouvantes et sublimes.

Et tout cela est raconté sans sentimentalisme ni misérabilisme.
C'est l'itinéraire d'une vie d'homme qui se raconte sans concession, qui cherche à tâtons sa voie et qui, comme beaucoup de nous, réalise à la fin de sa vie ce qu'il n'a pas fait et aurait dû faire, pour finalement assumer ce passé et trouver la paix de l'âme.
Cela m'a fait penser à ces phrases de Kundera:
« L'homme ne peut jamais savoir ce qu'il faut vouloir car il n'a qu'une vie et il ne peut ni la comparer à des vies antérieures ni la rectifier dans des vies ultérieures. Il n'existe aucun moyen de vérifier quelle décision est la bonne, car il n'existe aucune comparaison. »

Et je voudrais mentionner encore une fois cette écriture formidable de Ramuz, incroyable dans sa capacité à décrire les événements et dans son rythme quasi musical.
Oui, je le redis, Ramuz, que j'ai redécouvert avec bonheur, ce n'est pas le régionaliste qui fait exprès d'écrire mal, c'est un « grand », un poète et un humaniste.
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