Quand on travaille à la télévision, Sophie, tout le monde a trente ans. Moi aussi, j'ai trente ans. Ça fait longtemps, maintenant , que j'ai trente ans, mais je te demande néanmoins de m'appeler Joyce et de me tutoyer.
Après hypokhâgne, khâgne, une licence, un master et bientôt un doctorat, je me sentais à l'aise dans ma mission de résumer cinq épisodes de "La vie la Vraie" pour Télé 7 Jours.
Un rêve vaut bien quelques mensonges !
Le danger, surtout, avec les mails, c'est que ça implique d'aller sur Internet. Une fois le navigateur ouvert, il y a la tentation d'aller voir un site d'information. Puis un blog. Puis un second. J'atterrissais sur Facebook, et là c'était foutu.
Et si les choses s'étaient passées autrement? Et si j'avais été différente ? Tout ça, on s'en fout. C'est vrai, à quoi ça sert de se poser des questions si les réponses n'existent pas ? La seule question qui compte, c'est : voilà qui je suis, maintenant j'en fais quoi ?
« Je me suis installée dans mon lit, le dos contre un gros coussin. Il y avait quelque chose d’étrange à être payée pour mémoriser la vie de personnes fictives. A forte dose, les héros de La vie la vraie avaient quelque-chose d’hypnotisant. Ils menaient des vies absurdes de rebondissements, de révélations et de volte-face. Ils souffraient beaucoup, ils vivaient intensément, ça les rendait fascinants et, bizarrement, presque enviables. Après une journée entière consacrée à la lecture de leurs vies, tout se mélangeait. Je me suis surprise plusieurs fois à croire qu’ils existaient vraiment, comme si je ne lisais pas de la fiction mais des biographies étranges. »
Raconter une histoire, c'est parler à l'âme humaine. L'âme humaine il n'y en a qu'une, et elle ne change jamais.
Quand on raconte une histoire, ça n'intéresse personne de savoir quel traumatisme a provoqué telle faille, tel besoin. Au fond de nous, on sait très bien que ça ne marche pas comme ça. Ce qui nous intéresse, c'est ce qu'on arrive à faire, à construire, à partir de nos failles et de nos besoins. Ce qui nous intéresse, c'est comment on gère qui on est. Comment on arrive à construire la meilleure vie possible à partir de ce qu'on a.
Elle a tourné son regard vers moi.
- Et si les choses s'étaient passées autrement ? Et si j'avais été différente ? Tout ça, on s'en fout. C'est vrai, à quoi ça sert de se poser des questions si les réponses n'existent pas ? La seule question qui compte, c'est : voilà qui je suis, maintenant j'en fais quoi ?
Comment être heureuse quand chaque semaine ressemble à la précédente, chaque année à celle d'avant, que le temps se met à passer sans vous laisser la place de construire plus grand ?
Et je ne parle pas du cœur même de votre émission, faite d'histoires formatées pour plaire à tout le monde, de solutions simplistes à des problèmes de société édulcorés, et de romances empruntées sans vergogne (mais affadies) à notre patrimoine littéraire.