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Critique de ileautresor


Un très bel album de Rascal et Louis Joos: magnifique.

En ouvrant ses pages, une vraie émotion artistique m'a saisie: sa découverte m'a rappellé le voyage d'Orégon : un récit qui parlait de la traversée des Etats-Unis par un clown et un ours amis: le clown ramenait l'ours Orégon dans sa contrée natale, dans un album empreint de beauté et de douce mélancolie -.

Cet album, Buffalo Kid, prend pour objet les buffalos, ces bisons américains que l'illustrateur, Louis Joos, dessine avec talent.
L'auteur, Rascal, raconte l'histoire d'un homme travaillant dans un musée: Jack Bonham. A la fin du 19e siècle, il est demandé à ce jeune homme idéaliste de recueillir les dernières traces des bisons: cornes, sabots et peaux de bisons, avant la disparition totale de ces grands animaux.
Il restait encore quelques-uns d'entre eux au Kansas...
Jack Bonham prit donc le train: le cheval de fer qui l'a emporté dans les plaines.

Louis Joos, l'illustrateur, dessine une superbe locomotive qui emporte le voyageur dans les plaines des Etats-Unis: dans un nuage noir de fumée, d'abord de face, puis de profil sur fonds de soleil couchant.
Toute la fumée n'est pas sans rappeler la gare Saint-Lazare, la série de tableaux de Monet, avec la venue du train à la même époque (vers la fin du XIXe siècle) - liée à la venue de la révolution industrielle-. Modernité et pollution sont liées ... Ce n'est certes pas encore la ville d'aujourd'hui ...
Mais, avec un grand pont qui surplombe un fleuve immense, l 'album évoque les mêmes paysages américains que dans l'album du Voyage d'Orégon: des illustrations qui inaugurent la venue du monde moderne.

Des paysages urbains qui ne sont pas sans beauté d'ailleurs...
Cependant, la nature offre une plus grande beauté au regard du lecfeur.

Le voyage prend des jours et des jours... le voyageur s'arrête dans un môtel: le Tatanka Hotel, du nom amérindien des bisons.

La traversée de paysages changeants m'évoque aussi d'autres lectures :
Je pense bien sûr au champ de blé du Voyage d'Orégon - et aussi au road trip d'un autre album des mêmes auteur et illustrateur (Marilyn rouge).

La quasi-disparition des bisons est retracée aussi dans plusieurs ouvrages, notamment lorsque des hommes blancs s'amusaient à tirer sur ces animaux pour le simple plaisir de les tuer - comme dans le roman Mille femmes blanches.
Le tas d'ossements montre ces morts inutiles et choquantes - ce massacre des buffalos était alors encouragé par le gouvernement qui souhaitait éradiquer tous les indiens d'Amérique ... comme nous l'apprend par exemple la bande dessinée classique Red Road (créé par Derib).

Le voyageur décide ainsi qu'il doit en être autrement...
Il continue son voyage à cheval. Cheval à qui il donne le nom de Tatanka - ce qui sonne bien, je trouve ... -
Il croise un amérindien, Anoki, avec qui il échange:
"Si tu vois ce qu'il faut faire, fais-le !" lui dit Anoki.

Ensuite, le récit raconte la rencontre avec les bisons, leur force et leur puissance ... qui sont bien représentées dans les images de Louis Joos.

Le voyageur à cheval traverse les plaines en compagnie des buffalos.
Les mois passent, les saisons aussi. Lors de l'été indien, le héros croise des animaux sauvages : oiseaux et chiens de prairie. Les paysages défilent : plaines, montagnes lointaines... Les buffalos traversent un fleuve, des montagnes s'élèvent au loin.
Le nuage de poussière est désormais celui levé par les sabots du troupeau.
Les plaines défilent encore. Puis surviennent les montagnes et les forêts du Canada.
Car le héros conduit les buffalos de l'autre côté de la frontière, cela par tous les temps, : vers la liberté.

J'aime beaucoup ce moment où le voyageur se trouve à mi-chemin, à la lueur d'un feu de camps. Il prend son café, tout comme les héros de l'album de Rascal et de Louis Joos précédemment cité: l'une de mes pages préférées de cet auteur et cet illustrateur talentueux.: Là où il est écrit:
"Dans le matin blanc,
je partirai, le coeur léger et la tête libre".

Avec, encore, cet idéal de liberté qui traverse tout l'album.
Un album magnifique et d'une grande beauté. Un album qui saisit d'un choc esthétique. Superbe, unique ...


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