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Critique de andman


“Ce que femme veut, Dieu le veut”.
Il n'est pas rare de rencontrer des personnages romanesques à l'opiniâtreté proverbiale ; peu d'entre-eux réussissent toutefois à rivaliser dans ce registre avec Serena, l'héroïne éponyme du roman de Ron Rash publié en 2008.

Cette jeune et belle femme, au passé un peu flou, séduit un soir un colosse trentenaire de passage à Boston qui lui passe la bague au doigt quelques jours plus tard.
Serena est issue d'une famille d'exploitants de bois et de scieries du Colorado et ses connaissances dans le domaine forestier sont peu ou prou équivalentes à celles de son époux George Pemberton.
La société que dirige ce dernier avec deux associés, participe à la déforestation à grande échelle des Monts Great Smoky situés dans la partie méridionale des Appalaches.

Nous voici donc au coeur de l'Etat de la Caroline du Nord, parmi les centaines de bûcherons qui abattent des pans entiers de forêts et construisent dans la vallée une voie de chemin de fer par laquelle partiront de la scierie les planches débitées.
Les conditions de sécurité sommaires et les crotales qui infestent ces étendues montagneuses, entraînent une forte mortalité ouvrière mais en ce début des années trente, où sévit la Grande Dépression, la main-d'oeuvre afflue de toutes parts.
Associés, contremaîtres et ouvriers apprennent rapidement à leurs dépens ce qu'il en coûte de contrarier Serena qui dirige d'une poigne de fer ces hommes habitués à vivre à la dure. Chevauchant un magnifique hongre arabe de couleur blanche, un aigle royal perché sur un bras, elle supervise à longueur de journée l'avancement des travaux et malheur à ceux qui ne filent pas droit...

Serena est obsédée par l'idée d'amasser suffisamment de fonds pour s'installer et acquérir au Brésil d'immenses étendues de forêts, un pays où paraît-il la fortune sourit aux audacieux.
Mais le chemin qui conduit à cet Eldorado est semé d'embûches à commencer par cette décision prise en haut lieu de construire un parc national à proximité des terres des Pemberton, avec les expropriations que cela sous-tend.
Qu'importe l'adversité, le destin de Serena est tracé d'avance et les personnes gênantes sont systématiquement envoyées ad patres par son homme de main.
Le mari de Serena, quelque peu porté sur la bouteille, ferme les yeux sur ces crimes à répétition. Il devrait pourtant lui aussi se méfier : Serena ne supporte pas la contrariété, d'où qu'elle vienne !

Ce roman au rythme époustouflant, avec des personnages à foison, devrait enthousiasmer les lecteurs en recherche de dépaysement.
Les bêtes sauvages (serpents, ours, aigle, puma...) tiennent une place de choix dans ce récit où la cruauté est omniprésente, où l'homme n'a pas toujours le dessus sur l'animal.
Les nombreux dialogues entre bûcherons sont souvent drôles et truffés d'erreurs de syntaxe. Coup de chapeau à la traductrice, Béatrice Vierne, qui a parfaitement restitué les subtilités linguistiques de l'écrivain !

Serena”, par son ambiance western, disposait de tous les ingrédients pour une adaptation cinématographique. La réalisatrice danoise Susanne Bier s'y est récemment attelée et la sortie du film en novembre prochain, avec Jennifer Lawrence dans le rôle principal, devrait bientôt faire parler d'elle.
N'hésitez pas cependant à devancer dès à présent ce futur plaisir automnal, la prose de Ron Rash est un vrai régal !
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